20 Zenbakia 1999-02-05 / 1999-02-12

Gaiak

L'Evolution des carnavals dans les trois provinces du Pays-Basque Nord

TRUFFAUT, Thierry

L'Evolution des carnavals dans les trois provinces du Pays Basque Nord L'Evolution des carnavals dans les trois provinces du Pays Basque Nord Thierry TRUFFAUT En premier, il faut signaler que traditionnellement lecarnaval de cette zone du Pays Basque est à rattacher au monde rural et revêtait trois aspects majeurs: a)Des tournées de mascarades déguisées de façon souvent hideuse, avec de vieux vêtements déchirés. Leurs noms étaient Piltzar, Zirzil en Labourd et Basse Navarre et Maskak en Soule. Cette coutume trés pratiquée dans l'Europe de l'Est a disparu de nos contrées... b)Des cortèges de mariage carnavalesque plus ou moins élaborés comprenant des danses et des saynètes avec généralment des costumes très décorés. Cette pratique s'est maintenue dans les trois provinces: Mascarade Souletine, Calvalcade Bas Navarraise, Carnaval Labourdin. c) La promenade et la condamnation du mannequin Sant Pansart sont encore pratiquées, mais pas forcément de façon traditionnelle. En deuxième, nous aborderons succintement l'état actuel des cortèges de mariage carnavalesque en Soule, Basse Navarre et Labourd. a) La Soule a conservé les mascarades. Depuis la fin des années mille neuf cent soixante dix, la tradition s'est maintenue régulièrement avec un village organisateur tous les un ou deux ans. Cela est du à différents facteurs dont un important sursaut des défenseurs de la tradition aidés par la nouvelle génération porteuse d'une réflexion plus identitaire, peut être aussi plus "abertzale" (Nationaliste Basque). Cela a permis aussi le renouvellement des mascarades, entre autre des textes des saynètes qui sont à notre avis devenus plus ancrés à l'actualité locale et à la critique sociale, même si cela a toujours été présent. Les cortèges comprennent toujours: La troupe des rouges toujours de qualité au niveau de la danse avec spécialement le txerrero, le gathuzain, le zamalzain, la kantiniersa et l'enseignari. La troupe des noirs avec les bohémiens, les chaudronniers (kauterak),le docteur... Par contre beaucoup de personnages ont disparu semble t il à jamais: l'ours, la maquerelle, le vieux couple de mendiants, le berger et les agneaux...Certaines disparitions sont dus aux coups répétés des "gens bien pensant" choqués par certaines scènes et aussi à la perte de sens de certains personnages. La danse essaie de se maintenir à un niveau de qualité. L'une desévolutions majeures est l'introduction des femmes, d'abord dans des rôles féminins jadis joués par les hommes, puis petit à petit dans les aintzindariak. Il y a même eu une mascarade uniquement féminine organisée par Eskiule. Cela modifie profondément le sens de cette tradition, mais c'est aussi la réalité démographique de cette province. Cette année, le flambeau est porté par la mascarade de la jeunesse du village d'Idaux Mendy. Jusqu'à mi avril, chaque dimanche sera une ocassion de vivre au rythme du spectacle regroupant de village en village ces jeunes Souletins. b)La Basse Navarre a eu beacoup de mal à conserver sa tradition de cavalcade qui nécessite beaucoup de danseurs. Seules les zones de Garazi, Baigorry ont maintenu de façon épisodique cette tradition en période carnavalesque. Par contre dans la région de Mixe le groupe Burgaintzi, chaque année, monte une cavalcade dans cette période calendaire. Du même type de tradition, bien qu'en Navarre, la cavalcade de Valcarlos se maintient mais dècalée dans le temps à Pâques. c)Le Labourd est certainement le lieu où la tradition a failli totalement disparaître. Dans les années soixante quinze, à part Ustaritz et Hasparren et parfois Espelette, tout était perdu et personne ne faisait, plus la tournée des Kaskarrot. Le travail d'ethnographie effectué par Pierre Betelu, Pierre Gil, les associations Begiraleak de Saint Jean de Luz puis Lapurtarak avec entre autre Claude Iruretagoyena et moi même ont permis d'inverser le processus, de remettre en place les cortèges carnavalesques avec l'ensamble des personnages dont les Mariés. l'ours, le kotilungorri et le Ponpiera, de relancer la tradition de Sant Pansart. Un travail imortant sur le costume labourdin des Kaskarrot et la création d'un habit pour les filles qui entraient désormais dans les danses ont permis l'émergence de troupes de qualité. Aujourd'hui le carnaval traditionnel est produit à Bassussarry , Ustaritz, Espelette, Bidart, Briscous, Sain Pé sur Nivelle Bardos, Hasparren, Ainhoa... Enfin, pour terminer, signalons que parallèlement à tout cela, s'est également développée en Pays Basque Nord la mise en place de carnavals plus modernes de type urbain à Ustaritz, Saint Jean de Luz, Tardets, Garazi, Bayonne, Biarritz, où se mêlent aspects traditionnels et réalités modernes souvent sans rapport avec la culture basque. Thierry Truffaut, Ancient Président d'Euskal Dantzarien Biltzarra, Ass. Lauburu.