Point de vue sur les relations transfrontalieres Point de vue sur les relations transfrontalieres * Traduction au français de l'original en basque Jean Michel Larrasquet Des points de vue divers... Le développement transfrontalier du Pays basque fait s'exprimer de nombreux points de vue allant de la construction nationale au simple développement territorial.Dans cette situation, comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs, deux voies, non exclusives, sont possibles pour agir. L'une consiste à situer le problème directement dans la rhétorique politique pure. L'autre, organiser et développer des relations transfrontalières concrètes en mettant en relation la société civile des deux côtés de la frontière. Les liens entre la société civile et le monde politique sont très complexes. Souvent on considère les événements du monde politique comme des mouvements de société, ce qui supposerait que, d'une certaine façon, des décisions politiques suffiraient pour faire changer la société ! Eh bien non ! Cet aspect de "marquage du terrain" au niveau politique est important bien sûr, mais n'est pas suffisant. Et encore moins quand la problématique n'est pas socialement assumée et que seule une tendance minoritaire le proclame. Agir Sur le plan pratique, il est socialement très important de faire progresser les expériences transfrontalières, d'avancer avec des actions concrètes. Non seulement dans le monde de la culture et de la langue basque, mais aussi dans le domaine de l'économie, dans les relations entre les entreprises, les syndicats, la santé, l'école, la formation, les universités, les entreprises et les universités, le jumelage entre villes et communes... En résumé, et globalement, dans tous les domaines où des relations transfrontalières font sens. Car du point de vue historique, la frontière a laissé des traces. Du point de vue culturel, la frontière a créé et approfondi les différences dans les manières de considérer le monde (la fameuse Weltanschauung). Il faut voir celad'une manière positive. Car le Pays Basque, lui aussi, doit se construire en tenant compte de toutes ses différences. En résumé, la construction du Pays Basque a besoin d'un minimum de complémentarité et de "biodiversité". Car c'est quand il y a des différences de potentiel que le courant passe ! Le pari est dans l'interactivité, non seulement en Pays Basque, mais aussi pour celui ci, dans une perspective d'ouverture au monde entier. Car si nous devons entrer dans la société civile, notre projet doit être concrétisé dans la "chair" de la société. Autrement, comme souligné ci dessus, il reste en suspens dans l'espace du politique, abstrait, dans l'ordre du discours mal perçu par les gens. Cette distance n'est elle pas une des racines de la profonde crise citoyenne que connaît aujourd'hui l'Europe de l'Ouest ? D'autre part, beaucoup d'habitants du Pays Basque et en particulier ceux d'Iparralde, proches des partis politiques français, ne sentent pas le besoin de développer des relations transfrontalières dans l'optique de la construction nationale basque, mais par contre comme des relations normalisées entre frontaliers des deux territoires. Par conséquent, le pari serait pour nous qui nous positionnons dans la construction nationale, que ces attitudes "réelles " deviennent concrètes, nombreuses, plurielles, attractives et servent de modèle. Les politiciens, tout au moins ceux qui sont favorables à la construction nationale du Pays Basque, doivent se positionner en aidant, en cautionnant tous ces processus, en leur donnant une priorité importante. Ils seront là dans leur rôle, actifs et proches de la population, travaillant concrètement à la territorialité et à l'identité du pays. Notre pari sera alors de convaincre ceux qui n 'ont pas les mêmes points de vue que nous. Nous obtiendrons ce résultat par un travail commun, volontariste, et par des expériences sociales concrètes. Car aujourd'hui peu de gens assument concrètement cette déclaration. Vu d'Iparralde, on voitpeu de gens d'Hegoalde prêts à collaborer concrètement avec nous, car beaucoup de ceux qui travaillent dans ces domaines font un investissement essentiellement politique. Vu d'Iparralde beaucoup de politiques sont reçus comme prêchant de façon nombriliste et incantatoire. En ce moment où la politique du Pays basque est en train d'évoluer positivement, il me paraît très opportun d'apporter "du bois au feu". Bref c'est une bonne occasion pour faire prendre du muscle à la société civile dans ce mouvement de construction nationale. En guise de conclusion... De telles expériences, même si elles sont peu nombreuses, et à vrai dire très limitées, nous paraissent indispensables. C'est un début. Nous n'avancerons pas si nous n'exploitons pas les relations de proximité. Sans le principe du local et du concret, nous n'avancerons pas. C'est donc concrètement cela " la citoyenneté dans la construction nationale basque" : dans la société qui est la nôtre, telle qu'elle est, avec ses acteurs tels qu'ils sont, avancer vers la concrétisation des projets. C'est ainsi que se créeront des liens entre les basques des deux côtés de la frontière. Sans faire ce travail, l'action politique reste bien stérile. Elle reste une affaire de technocrates, même s'ils se disent nationalistes. L'idée que nous avons est la suivante: développer des expériences transfrontalières partout et dans tous les domaines, pour donner du corps et du muscle à notre projet de construction nationale, en commençant hic et nunc. La connaissance réciproque est indispensable pour travailler ensemble priorité des priorités ! pour nous inventer un futur commun. Jean Michel LARRASQUET, Maître de conférences, Faculté de Bayonne Euskonews & Media 47.zbk (1999 / 9 24 / 10 1) Eusko Ikaskuntzaren Web Orria
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