705 Zenbakia 2016-02-03 / 2016-03-02

Gaiak

Immigration africaine francophone: Raisons d’un pari suicidaire

PALAWO, Jean-Claude



Les États créés artificiellement par la colonisation française en Afrique subsaharienne, sont soumis aux intérèts du capitalisme français. C’est la France qui détermine et fixe le prix des matières premières; elle achète moins cher et endette ces pays. La colonisation seule, ne justifie cepant pas les causes de l’immigration massive du Sud du sahara au Nord. Le mauvais fonctionnement des sociétés africaines francophones postcoloniales s’explique en grande partie par la déroute politique et les échecs économiques: la banqueroute des entreprises publiques, l’obstruction á la démocratie, la corruption rampante, la paupérisation sociale, la destruction du système éducatif par l’élite africaine dirigeante, sont la conséquence directe des vagues migratoires sucidaires successives auxquelles le Sud de l’Europe est aujourd’hui soumis.

Les solutions policières, présentées souvent comme une panacée depuis 1980, période de la restructuration économique, ayant été marquée la restriction des travailleurs étrangers en raison du chômage et de l’émergence des discours xénophobes, se sont avérées non seulement inefficaces contre la pression migratoire, mais aussi, peuvent être interprètées comme une offense contre la dignité des pays pauvres que l’UE maintient toujours dans une situation de dépendance. Pour élargir les termes, l’horizon du débat, sur la gestion de la problématique des flux migratoire, la passivité et le silence des pays á fort potentiel migratoire et les solutions minimalistes des pays hôtes, montre, qu’il y a d’importants défis politiques á relever: mettre en place des partenariats intercommunautaires et interculturels; construire des agences régionales chargées de réguler, de prévenir et de planifier les politiques migratoires; une Afrique subsaharienne sans institutions la?ques, sans parlements, sans systèmes juridiques et policiers respectant les droits de l’homme, avec une économie florissante où émerge le besoin commun d’une intégration économique et démocratique équilibrée et cohérente entre le Sud et le Nord; dans l’état présent du développement inégal, ce sont les sociétés occidentales elles-mêmes qui exploseront.Introduction

Engager la discussion sur l’immigration africaine subsaharienne francophone, et ses motivations, c’est chercher á comprendre sa nature, sa particularité, son fonctionnement, dans la dynamique et la variété de ses enjeux. Ils sont chaque année des milliers de migrants africains subsahariens, des professionnels de la santé, des chercheurs, des ingénieurs, avocats, financiers, informaticiens, l’essentiel de la classe créative dont le continent noir a besoin pour son essor. Des talents mais aussi des jeunes dont l’âge oscille entre 20 et 35 ans, la population active, quittent leur pays d’origine ou renoncent de rentrer, tous rêvent de réussite personnelle dans une Europe dont l’économie est incertaine.

Comment éviter que la Méditeranée, berceau de la civilisation européenne, ne se convertisse en une cimétière, pour une jeunesse africaine humiliée, discriminée, abandonnée par les États en faillite? Comment empêcher que les migrants et réfugiés désemparés, ne soient pas la proie facile des réseaux criminels? Les passeurs font du business sur le malheur des migrants, ils se servent de l’immigration clandestine, c’est leur petite entreprise désormais. Comment l’endiguer á partir des pays d’origine si une prospérité et une démocratie minimales ne rendent pas l’Afrique vivable immédiatement aux jeunes générations?

En attendant des réponses précises et concrètes á ces interrogations, pour le moins opportunes, la discussion tente ici de mettre en lumière, les faiblesses des États africains d’une part, les solutions minimalistes, adoptées par des institutions et des organes dirigés par les Européens pour résorber l’immigration suicidaire, de plus en plus inconcevable et dramatique. Les tragédies á répétition sur les plages européennes, invitent á un engagement mutuel autant des pays du départ, comme des pays hôtes, á une prise de décisions politiques audacieuses, où émerge le besoin commun d’une intégration économique, démocratique équilibrée et cohérente entre le Nord et le Sud. Si rien n’est fait, ce sont les sociétés occidentales elles-mêmes qui exploseront. Une Afrique subsaharienne éternellement précaire, détruira l’Occident á sa manière.Les Solutions minimalistes

Les résolutions sur les questions migratoires ne sont pas nouvelles. En novembre 2002, “Résolution sur les Migrations” adoptées par le Groupe de travail migrations lors du Forum Civil de Valencia en Espagne; puis les “Récommandations du Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’Homme au sujet des droits de migrants; “Migrations: un enjeu central de partenariat Euromed”; nombreux ont été des forums où des experts, ont proposé les solutions durables; l’accélération du développement économique dans des pays á fort potentiel migratoire; leur doter de capacités et de moyens de production. Cette approche, est souvent vite écartée par les pays donateurs qui mettent en avant les questions sécuritaires; des mesures militaires et policières allant du renforcement des contrôles, de la restriction des visas, au blindage á la fermeture des frontières.

Le déficit démocratique, explique en grande partie les tragédies á répétition dans la mer méditerranéenne.

Photo: CC BY - Noborder Network

Depuis des années 1980, période où s’est opérée le lien entre économie et migration en Europe, précise Delphine Nakache1 les mesures sécuritaires basées sur le renforcement des contrôles et les surveillance des frontières; même le partenariat avec les pays producteurs d’émigrants, en échange d’une aide économique, ne sont pas parvenues á éradiquer les formes de migration massive. Pourquoi ne pas envisager une approche internationale, basée sur les solidarités objectives, compatibles avec les évolutions démographiques, les crises qui touchent le continent africain? En accordant par exemple, plus de moyens pour construire les partenariats fructueux, des agences de promotion d’enseignement et de formation continue chargées de réguler l’émigration et de faciliter le retour des diasporas pour développer leurs pays; donner la priorité et les moyens á une mise en place de systèmes juridiques et policiers respectant les droits de l’homme, qui facilitent le retour des cadres expatriés, l’exercice du métier, les libertés et la protection sociale.

Donnons les moyens d’épanouissement á l’Afrique centrale, aidons la á s’approprier les valeurs de la laïcité, de la tolérance, du respect des droits de l’homme et de la citoyenneté. Donnons leur les moyens, le savoir et les technologies nécessaires pour la promotion d’industries locales; le droit aux élections transparentes; la participation effective des populations dans la vie politique locale; de limiter le nombre de mandats politiques.

Créons des agences africaines régionales de régulation, de prévention, de l’émigration en parténariat avec les sociétes civiles africaines; sont des actions qui ne soulèvent ni de véritables obstacles techniques, ni de véritables obstacles financiers, dès lors qu’elles sont effectuées avec la collaboration de tous. Les 9 millions d’euros mensuels alloués par la commission européenne, permettraient une mise en place de politiques de dialogue renforcé, du renforcement des structures de prévention et de régulation des mouvements migratoires á partir des pays de provenance. Plutôt que les navires de guerre, travaillons pour un monde plus juste. On ne peut pas être démocrate et nié aux autres les valeurs humaines.

Le déficit démocratique, explique en grande partie les tragédies á répétition dans la mer méditerranéenne. Pourquoi en vouloir aux migrants? Qui peut s’épanouir dans un pays permanemment en détresse, sans la moindre organisation qui inclut entre autres, l’approvisionnent des populations en biens premiers: l’eau, électricité, la santé, l’emploi?

Ces pays ne sont pas nécessairement pauvres. Ils ont été appauvris; les richesses locales sont privatisées par les dictateurs, leurs proches, et les multinationales françaises en l’occurrence les groupes Elf Aquitaine, les groupes Bolloré qui ont un contrôle absolu des économies locales.

La vraie solution contre l’immigration est là. C’est á nous tous de le résoudre non pas par le blindage des frontières; l’installation des caméras de haute surveillance, la construction des murailles, la surveillance de la mer par les bâteaux de guerre. Les formes de coopération militaires et policières avec les pays de transit de migrants, se sont avérées insuffisantes. Pourquoi ne pas engager une politique d’immigration plus ouverte, un nouveau pacte de coopération qui tienne compte du passé, du présent et de l’avenir de l’Afrique?

Créons des agences africaines régionales pour réguler, éduquer, informer, d’aider les pays producteurs de migrations extensives á se doter d’institutions politiques démocratiquement inclusives; de politique d’immigration visant á une meilleure gestion et contrôle des mouvements migratoires. Depuis 1980, 1994, 2004, 2008 puis 2015 la migration internationale selon Michael S. Teitelbaum et Sharon Stanton Russel cités par Nakache2, selon ces chercheurs, la migration internationale, originaire des pays en développement est une nouvelle source économique importante qui génère de confortables retombées financières pour les pays d’origine.La migration subsaharienne un enjeu économique et de survie politique

La migration africaine subsaharienne est un enjeu économique de taille; non seulement pour les mafias, les employeurs sans scrupule dans les pays hôtes, mais aussi pour la survie des dictatures tropicales totalement dépendante des transferts de dévises qui résorbent en grande partie les tensions sociales liées á La pauvreté et au chômage local. Les transferts de fonds jouent un rôle décisif dans la réduction de la pauvreté. La survie de plusieurs familles africaine subsaharienne est directement liée aux fonds envoyés mensuellement ou annuellement par des personnes inmigrantes.

Les dévises étrangères permettent de souvenir des initiatives locales: des projets de développement agricoles dans des zones rurales; la construction de logements familiaux et des puits d’eau; la création des petits emplois; des actions bien ciblées bénéfiques aux populations locales. Les migrants d’Afrique subsaharienne sont des élites économiques. Ils se sont révélés être de veritables moteurs économiques pendant et après la période des plans d’ajustements imposés par le Fonds Monétaire international. Les économies africaines subsaheriennes de zone francophone, sont régies par les accords économiques dictés par le capitalismo français. La France a une priorité sur les matières premières de ses colonies. C’est elle qui détermine et fixe le prix. Elle achète moins cher et endette ces pays. L’aide au développement en chute libre et conditionnée par l’instauration de la démocratie et la bonne gouvernance, laisse beaucoup au bord de la route. Beaucoup de regimes imposés par la France en Afrique noire sont également paralysés par une corruption endémique. Á partir de là, on peut comprendre les causes de la pauvrété, de l’immigration forcée, et l’importance et du rôle décisif que jouent dans les pays d’origine, les envois d’argents des travailleurs émigrés.

Les chiffres avancés par l’office des migrations internationales (OMI) sont évocateurs. Plus de 55 milliards de dollars rentrent chaque année dans les économies des pays du Sud. Beaucoup de pays fort potentiel de migration comme le Cameroun, le Senegal, le Congo, le Níger, le Mali en ont fait une source principale de leurs revenus. Il ne faudra pas s’attendre á ce que le fléau soit éradiqué du jour au lendemain, eu égards aux multiples enjeux politiques et profits économiques liés á une nouvelle forme d’exploitation humaine qu’on pourrait qualifier d’entreprises symboliques; un commerce florissant difficile de maîtriser en raison de l’augmentation du chômage, des conflits et de la paupérisation d’une grande partie des populations du Sud.

Pour mieux comprendre l’accélération de la pression migratoire d’Afrique subsaharienne francophone, il faut remonter en 1994, année de la dévaluation de la monaie commune des colonies française (le franc africain francophone), l’échec des transitions démocratiques en 1990, puis la crise financière en 2008 qui a provoqué des révoltes de la fairm, certaines dictatures africaines francophones doivent leur survie grâce aux transferts d’argent qui éliminent en partie les révoltes sociales directement liées á la paupérisation et au chômage des plus jeunes. Il existe un lien mécanique entre déficit démocratique, pauvreté et migration. Tout projet politique sérieux, de lutte contre la pression migratoire, devra en tenir compte. L’UE et les pays africains doivent tirer dès maintenant les conclusions sur les vrais ressorts de la migration irrégulière et résoudre le problème á partir de ses racines réelles. Des mouvements massifs partent de l’Afrique centrale vers l’Afrique australe, ou du Nord.

Photo: CC BY - John Perivolaris Relever les défis liés aux déficits démocratique á partir des pays d’origine

La démocratie en tant que système d’organisation sociale, économique, et politique ne suffira certainement pas pour résoudre á la base les problèmes structurels des pays en faillite; mais c’est le système le moins mauvais pour les sociétés multi-communautaires. La démocratie est bien compatible avec la gestion de la diversité. Elle offrira á ces pays les outils d’émancipation et un cadre juridique approprié pour permettre aux gens de se defendre. Dans les dirigeants élus commenceront apprendre á rendre des comptes á créer les emplois et á defendre les intérêts de la nation. Cette vérité essentielle reste une illusion lointaine en Afrique centrale francophone. Les dirigeants se soignent et ont leurs avoirs dans des banques suisses et n’ont aucun compte á rendre aux populations qu’ils prétendent représenter. Le rétrécisement des libertés, pèse négativement sur les conditions de vie des populations, la cohésion inter-éthnique à l’intérieur des sociétés, limite les conditions minimales de coopération et d’investissement international. Les pays livrés aux dictateurs ont de maigres chances d’attirer, et de maintenir sur leur territoire les talents. Sans la science, la technologie et l’innovation. Les industries de transformation capables de garantir la consommation locale sont inexistantes. Sans entreprises industrielles avec une technologie de pointe, il est impossible de transformer localement les ressources naturelles. Ces pays en majorité sont des réservoirs du grand capitalisme internatonal.

Á l’ère du numérique, les jeunes ne supportent plus vivre sans technologie de l’information, internet, smartphone, ipad, tablettes. Ils aspìrent á une citoyenneté ouverte; l’accès aux technologies de distraction et de communication poussent des jeunes á regarder vers d’autres horizons. Il ne faut pas les en vouloir. Sans de l’eau potable, des soins de santé, l’accès aux technologies de communication, il ne faudra guère se faire d’illusion dans la lutte pour la réduction des migrations africaines.

Il faut un cadre éthique, démocratique et politique pour favoriser une croissance économique inclusive.

Malgré une croissance économique relative, la pauvreté se maintient obstinément á des niveaux inacceptables et touche encore plus de 68% des foyers de la région d’Afrique centrale. Les inégalités sociales demeurent très prononcées. Le chômage des moins de 25 ans atteint 65%. Beaucoup de personnes sont écartées, discriminées pour leur appartenance éthnique, idéologique, politique et, ou religieuse. Abandonnés par la société, ces marginaux, facilement manipulables constituent aujoud’hui le principal danger pour l’émergence africaine, mais aussi l’intranquilité des sociétés occidentales, il faut réparer cette injustice, chasser du pouvoir les dictatures trentennaires, c’est limiter les drames migratoires á long terme.

La jeunesse africaine désoeuvrée n’a d’autre choix que de s’exiler pour les plus courageux; les plus faibles d’esprit, sont soit abusés, les nouvelles religions soit par les réseaux criminels, qui servent de force de soutien aux dictateurs. Les prédicateurs sans scrupule, ils se servent de la misère ambiante des populations africaines, leur vendent l’éternité, c’est leur entreprise, accumuler le capital sur le dos des pauvres ça marche en Afrique noire. Les jeunes chômeurs sont facilement manipulables, utilisés par les pouvoirs, comme une main d’oeuvre bon marché dans toutes sortes d’entreprises criminelles militaires ou politiques. Si on ajoute, á ce panorama déjà glauque, les effets négatifs de la récente crise financière, les investissements dans l’infrastructure, l’énergie, les routes et les réseaux technologiques, sont les plus déficitaires de la planète. L’Afrique noire subsaharienne a un pourcentage d’investissement le moins élevé en infrastructures.

Le manque des strucures d’épanouissement, de politiques sociales, des services sociales poussent les jeunes africains á changer de territoire. Beaucoup rêvent d’être des footballeurs de renom international, comme Samuel Étoo ou Didier Drogba. Faute de politiques locales de sport, pour réaliser leur rêve, la seule alternative, pour ces jeunes, c’est tenter d’émigrer vers les pays européennes (Espagne, Italie, Portugal France...). Donnons une chance á ces jeunes en créant des infrastructures sportives.

L’internationalisation du marché du travail et les facilités qu’offrent les puissances industrielles, ont plutôt tendance á encourager l’exil plutôt qu’á sédentariser les diplômés, des personnes en quête d’emplois. Il faut un cadre éthique. Ce n’est pas normal que les jeunes soient privés de moyens d’épanouissement les plus élémentaires.

Des mouvements massifs partent de l’Afrique centrale vers l’Afrique australe, ou du Nord. Des masses de plus en plus nombreuses, des élites du sud tentent d’approcher les pays du Nord. Leurs principaux points de passage sont la frontière ibéro-marocaine, italo-libyenne d’où les groupes criminels ont trouvé de nouvelles sources d’enrichissement en se servant de l’immigration clandestine. Les réseaux criminels orientent des migrants dans des pays où ils ne sont pas nécessairement les biens bienvenus.

Parmi les pays exportateurs de migrants suicidaires, figure en première position les pays en guère la Libye, la Syrie, l’Érithrée, le yemen, mais aussi ceux de l’Afrique centrale oú les regimes se maintiennent non par des élections transparentes plutôt par les modifications fruduleuses de constitutions sous le prétexte “d’appels du peuple”. Certains pays ne sont habités durablement que par les sédentaires, les gens forcés de rester sur place pour des raisons d’âge, de santé ou par peur du risque. Plus de 70% de jeunes sont convaincus que la réussite sociale n’est pas possible dans leur pays d’origine pourtant les richesses de leurs pays sont énormes pour garantir á tous des opportunités de réussite sans nécessité d’aller chercher hors du continent.

S’expatrier, pour beaucoup est la seule chance de promotion sociale. Il est pratiquement impossible de dissuader les candidats á l’immigration de renoncer á leur projet d’expatriation. Les images d’une vie d’abondance de facilité, d’opportunités et de liberté infinie attirent une jeunesse africaine frustrée et appauvrie. Pourquoi leur en vouloir si les télévisions occidentales ne se bornent qu’ á présenter des images paradisiaques d’une Europe paisible, abondante de richesses?Finir avec á un modèle de société basé sur la gouvernance cannibale

Basés sur la corruption, l’argent, le profit, le tribalisme, la manipulation et la violence policière, les pays démocratiquement en crise d’alternance politique (Cameroun, Tchad, Congo, République centrafricaine, Togo, Gambie, le Zimbabwe) sont les modèles types d’États africains en faillite. Les dirigeants n’ont plus de compte á rendre aux populations qu’ils prétendent représentés. Leur fortune se trouve dans les banques suisses, leurs enfants sont scolarisés en Europe ou en Amérique du Nord. Ils ont monopolisés le pouvoir, instauré les regimes de terreur, ils ne travaillent plus pour le bien-être des populations.

Les capitales comme Yaoundé, Bangui, Brazaville Douala, Lomé, offrent le panorama le plus désolant du désoeuvrement endémique de la jeunesse africaine. Faute de travail, les chômeurs, diplômés en majorité, des universités nationales, se sont déguisés en vendeurs ambulants, les jeunes femmes, prostituées d’occasion, passent pour des coiffeuses et couturières prêtes á tout.

L’hygiène publique est menacée par l’invasion d’ordures menagères faute de chausées; la circulation automobile y est chaotique; l’air est pollué. Le racket des automobilistes, par une police corrompue s’opère aux yeux de tous les passants. Les coupures d’eau et d’électricité sont devenues normales. Elles peuvent durer des semaines, des mois, dans certains quartiers de Yaoundé, ville poussiéreuse sans la moindre explication aux populations. Les rares jours où l’eau sort des robinets, elle n’est pas différente de l’eau des marécages. Pourtant l’eau potable est définition, est un liquide incolore et inodore. Appauvrie et passive, la population consomme ce liquide visiblement dangereux pour la santé.

L’infrastructure routière presqu’inexistante laisse á désirer. Les quelques rares chausées laissées par les premiers colons 16% de routes pavées, ne sont guère entretenues. Il n’est pas étonnant de voir en plein centre ville, des creux responsables de nombreux accidents. Le taux de mortalité causé par des accidents de route, en Afrique subsararienne francophone est l’un des plus élevé au monde.

Des bâtiments publics, abridant des services officiels sont couverts de magma de poussière. Le manque d’assainissement, l’insécurité, la pollution et l’anarchie urbaine rendent les conditions de vie aléatoires et insupportables. La gouvernance éthnique contraint les communautés marginalisées á s’exiler.

Photo: CC BY - International Organization for Migration Corruption inégalités et pillage des ressources nationales

Des jeunes aux mines funestes, paraissent plus vieux que leur âge réel. Tous nourissent le même rêve: quitter le pays coûte que coûte; laisser derrière, la répression, l’arbitraire, la discrimination, le truccage des élections, les rues poussiéreuses, les nuisances sonores, les sectes, la violence, le tribalisme des regimes despotiques

Depuis 1982 date de prise du pouvoir par M. Biya au Cameroun, l’idéologie tribaliste du parti État au pouvoir a empoisonné par ses hostilités, toute perspective de réussite sociale sur la base du mérite. Un leadership rétrograde, myope et mesquin, accompagné de gesticulations politiques stériles a précipité le pays dans la ruine. Une honteuse dégradation qui contraste avec le potentiel humain et les richesses que régorge le pays.

Ici, comme nulle part, les bénéfices sont privés, les sacrifices sont nationaux. Tous les projets d’utilité publique sont engloutis par la cupidité d’une classe dirigeante réactionnaire et carriériste, trop vite enrichie au détriment de l’État.

Le déshonneur de la jeunesse africaine, n’est pas uniquement, la corruption, la médiocrité et l’irresponsabilité de sa classe politique, réfractaire au progrès; son rôle, hormis la torture, le monopole du pouvoir, des richesses du pays, consiste á privatiser le trésor public.

Les fonctionnaires ont cessé de servir les intérêts nationaux. Les ministres, les directeurs des grandes sociétés d’État, se sont convertis en actionnaires, régisseurs des marchés et du trésor public. Pour comprendre leur rôle, Adam Smith (1776), dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations, précise que les actionnaires détenteurs des moyens de production ont pour unique souci de se servir, tirer le maximun de bénéfices du capital.

Régisseurs de l’argent public, plutôt que de leur argent, il ne faut pas s’attendre á ce que l’élite politique africaine francophone fasse preuve de transparence; encore moins qu’elle soit prudente dans la gestion du patrimoine nationale puisqu’ils ont renoncé á jouer le rôle de gardiens des fonds publics. Les coûts des voyages, les évacuations sanitaires, les moyens de sécurité mis á leur disposition ruinent les caisses des dictatures africaines atroces constamment aux aboies sur le plan économique.

Les recettes pétrolières qui, dans des pays minimalement, devraient faire l’objet d’un débat parlémentaire sont toujours entourées en Afrique centrale de mystères.

Mongo Beti (1993) l’écrivain bretteur, opposant politique, de toute sa vie contre la coopération franco-africaine, démontre dans son esseai La France contre L’Afrique, que les pays d’Afrique noire francophone: Cameroun, Tchad, Congo, Gabon Niger, pays dont certains á fort potentiel migratoire, sont encore des pays sous la tutelle française au plan économique et même politique. Pour étayer son propos, l’auteur s’appuie sur la gestion des recettes pétrolières:

“L’or noir á été une malédiction: non seulement, les populations autochtones n’en ont pas profité, non seulement, les ressources qui en ont été tirées semblent avoir été consacrées á des entreprises douteuses, mais, qui, plus est, l’opinion publique n’a jamais été informée ni des quantités extraites, ni des sommes versées par des compagnies, ni encore moins de l’utilisation faite de cet argent”3.

La situation du Cameroun est plus préoccupante: pays de 22 millions d’habitants a exporté depuis 1982, plus d’un quart de sa population active en exil. En 33 longues années de gouvernance clientéliste et tribal, aucune réalisation d’envergure, en terme d’utilité et de bien-être pour la population n’a vu le jour au Cameroun. L’inertie, c’est-á-dire l’incapacité politique d’agir sous sa forme minimale, pour garantir la capacité de survie des citoyens est l’un des facteurs responsables des vagues d’immigration qui affectent les pays européens qui dépeuplent l’Afrique de son potentiel. Il faudrait envisager une législation internationale qui traduirait en justice les dictateurs africains responsables de l’immigration massive forcée généralement provoquée par la gouvernance éthnique, la confiscation du pouvoir par une éthnie pendant plusieurs années.

La gouvernance éthnique contraint les communautés marginalisées á s’exiler. Le maintien au pouvoir soit par des fraudes électorales soit par la modification de la constitution; le pillage et la corruption; l’achat des armes pour neutraliser les revendications sociales; la restriction des libertés publiques sous prétexte de combattre le terrorisme sont autant de facteurs á tenir en considération dans la lutte stratégique contre les questions migratoires. La solution durable pour freiner l’exode massif consiste á lutter contre le maintien improductif de dictateurs africains au pouvoir pendant de longues décennies. Les autocrates et leurs proches sont en grande partie responsables des vagues d’immigration qui touchent le Nord.

Les écarts entre les riches et les pauvres ne sont pas nouveaux. Mais ils n’ont jamais été aussi grands depuis 1982 au Cameroun. Les plus grandes fortunes qui représentent environ 2% de la population sur un total de 22 millions, ceux qui ont une fortune supérieure á 500.000 euros soit 328.000.000 de Fca, totalisent 65% des revenus du pays. Une proportion qui a triplée depuis des années 1990. Pourquoi s’étonner des injustices sociales galopantes, des blessures et des ravages, des humiliations et des discriminations qui accompagnent une population submergée de tristesse? On coupe, et vend le bois du pommier, et après on s’étonne de ne plus avoir de fruits.

Avide de facilités, et du luxe ostentatoire, l’élite politique tropicale ne lésine pas á dépenser inconsidérablement l’argent public pour ses caprices personnels. Elle aime plaire et séduire les partenaires extérieurs, envoyer des messages de condoléances aux nations civilisées, libérer les otages occidentaux avec l’argent public, mais très insensible aux souffrances de ses propres citoyens. Un peuple muselé appauvri et abruti, privé de moyens d’épanouissement. Comment s’étonner de l’immigration massive des jeunes dans un pays où la paralysie des activités culturelles est totale?Le manque d’infrastructures d’épanouissement

Mongo Beti, décrit le panorama quotidien dans une république francophone d’Afrique centrale “Il suffit d’avoir vécu quelques semaines dans une république africaine francophone pour concevoir l’incroyable monotonie existentielle propre á ces pays. Ici, comme lá-bás, très certainement, c’est une atmosphère irréelle, où hormis le malheur, tout apparemment, arrive ailleurs, á plusieurs années de lumière, y compris les manifestations de la vie la plus banale, comme les parutions de nouveaux livres, les lancements de nouveaux films, les mémorables péripéties politiques, sous forme d’élections municipales, législatives, présidentielles, de rentrée parlementaire.

C’est comme si tout était étouffé par des milliards d’édredons disposés partout, dans des maisons, dans des rues, dans des établissements publics. Les journaux du monde civilisé, seule diversion au désespoir rampant arrive avec une semaine de retard”4.

Qui peut vivre et s’épanouir dans un environnement de détresse, d’angoisse existentielle permanente, enfermé et condamné á un destin de colonisé, de malheurs sans fin?

Si les questions économiques, politiques ainsi que la pauvreté, occupent en grande partie le débat sur la décision des migrants à quitter leur pays d’origine, au-de-là de ces raisons traditionnelles, certains migrants subsahariens sont portés par le désir d’ailleurs, la curiosité d’apprendre dans un cadre géographique de libertés et d’opportunités de formation.L’innovation et le développement humain

La nouvelle génération africaine aspire à un mieux-être économique, social et culturel voulu et vécu dans ce qu’elle lui semble être le modèle même d’une société de bien-être. L’estime sociale, la sécurité, la reconnaissance, sont des besoins nécessaires qui poussent des personnes á travailler dans la joie, produire dans l’enthousiasme. Abraham Maslow5 dans sa théorie de la hiérarchie des besoins humains, parle de besoins de croissance qu’il distingue des besoins de base. Chaque personne a besoin d’un emploi, d’une maison; de sécurité, de reconnaissance et d’estime sociale pour se réaliser pleinement.

Des besoins de croissance sont essentiels á la réalisation de soi. Les performances de la bonne gouvernance tiennent de plus en plus compte des léviers indicateurs de la richesse, mais producteurs du bonheur collectif; les facteurs, tels que le capital humain, l’environnement, la santé, l’éducation, les mouvements sociaux, l’organisation, l’intelligence les compétences, la solidarité á l’intérieur des États, participent á la contruction de ce que John Kenneth Galbraith6 (1996) appelle “The good society”. Ces indices de développement économique et humain sont négatifs dans les pays gouvernés par des dictatures atroces. La diffusion massive d’information est un facteur important au moment de prendre l’initiative d’émigrer. Beaucoup de jeunes sont encouragés et informés par des amis déjà installés dans les pays hôtes.

Les faiblesses économiques et politiques ont un impact social et culturel. La meilleure société, c’est d’abord une société de savoirs. Elle est bâtie par une classe politique innovante, plus grande d’esprit, que la somme d’intérêts personnels; elle est élue pour créer des emplois et non pour sauvégarder ses fonctions, ni ses intérêts, elle rend compte á la population; des enseignants bien formés, des voisins qui inspirent la confiance, la démocratie participative, les étudiants motivés, une communauté de valeurs en somme forment des ressorts d’une société de bien-être. Une fois tout cela mis en oeuvre sans faillir, les pays africains auront retrouvé les moyens de leur essor; les moyens de limiter la fuite des talents.

La pauvreté morale et intellectuelle sont manifestes á travers les rares débats diffusés dans certaines chaînes de télévisions africaines francophones.

L’anémie culturelle et les formes d’aliénation morales qui affectent encore L’Afrique francophone ne sont pas des fatalités. L’absence d’une culture et de production d’oeuvres écrites est aussi conséquente d’un climat politique cynique et mafieux, d’un mélange de dictature et d’obscurantisme. IL faut engager une véritable bataille contre les dogmes reçus, les opinions et croyances; il faut aider ces pays á rentrer dans la modernité culturelle. La diffusion des livres doit se poursuivre avec l’arrivée de l’internet. Le continent a besoin des modèles culturels et politiques pour vaincre toutes les formes de réification et d’ignorance auxquelles une partie de population font encore l’objet; promouvoir des structures de savoirs; des espaces d’initiation aux nouvelles technologies, pour éviter que l’aliénation et l’ignorance ne se transmettent d’une génération á l’autre. On s’étonne de ne plus avoir de fruits quand la corruption, et le profit passent avant toute chose. Le modèle utilitariste, très dominant en Afrique subsaharienne francophone a plutôt favorisé l’émergence d’une caste aux biens mal acquis.

Les serviteurs supposés de la nation, se sont révélés être plus motivés par le calcul rationnel de leurs intérêts, et la volonté de se faire une place au soleil que d’être attentifs aux doléances des populations. Elles ont des attentes, lesquelles ne sont jamais satisfaites. Pourquoi ne pas changer ces systèmes iniques, racines des migrations forcées á répétition, qui se produisent sur les plages européennes. L’Afrique se vide de ses ressources les plus vitales et précieuses sur lesquelles repose son essor de demain. Aidons ce continent á attirer et maintenir sur son sol une classe productive.

1700 morts par naufrage dans la Méditerranée depuis le début d’année 2015; plus de 10.000 cas de sauvetage; plus de 20 millions d’Africains vivent hors de leur pays d’origine; l’émigration de l’essentiel de la classe créative africaine, vers d’autres horizons,interpelle les puissants, l’Union Africaine en premiére position, l’Europe seule, na pas la solution définitive même si elle peut disposer de moyens.

Victimes de l’aparteid économique et politique dans leur pays, 68% sont disposés à chercher leur bonheur dans d’autres horizons jugés plus favorables à leurs désirs de croissance. La “société de mépris” décrite par Axel Honneth7, comme des sociétés totalement hostiles au progrès humain, incapables de permettre aux individus de développer leurs potentialités, et une identité autonome. Le rêve d’un horizon de vie nouvelle, avec en perspectives, des attentes, sur les meilleures conditions de travail ou de traitement salarial, sont autant de facteurs qui poussent au changement vers d’autres cieux.

L’exode des ressources humaines les mieux qualifiées pèse sur la baisse de production dans en Afrique noire. La baisse de production entraîne automatiquement une diminution des revenus qui conduit á un endettement suicidaire.Une dette internationale insupportable

Plus la production nationale baisse, très difficilement, un État qui ne dispose pas de revenus réguliers pourra rembourser sa dette. Une dette, très souvent insupportable pour la majorité de gouvernements africains. En situation d’insolvabilité permanente, ces gouvernements aux maigres revenus, auront encore moins de capacités de financer les investissements nécessaires pour mettre á niveau l’infrastructure de transport, équiper les universités, les réseaux de télécommunication; alimenter les villes en eaux et en énergie. La perte de talents affecte la qualité des prestations, augmente le coût de la dette et des impôts. Les conditions de travail en Afrique subsaharienne, dans bon nombre de pays, exportateurs de l’immigration économique comme intellectuelle ne sont guère agréables.

Photo: CC BY - International Organization for Migration Les conditions travail très difficiles pour les chercheurs

Les conditions de travail en Afrique subsaharienne, dans bon nombre de pays, exportateurs de l’immigration économique comme intellectuelle ne sont guère agréables. Avec un taux de chômage très élevé, les salaires moins compétitifs les attentes liées á l’exercice du métier ne permettent pas toujours l’épanouissement des travailleurs pour ceux qui ont de la chance de travailler. Les chercheurs africains en général, comme d’autres travailleurs, éprouvent des difficultés d’arrimer les recherches locales aux normes scientifiques internationales; faute de sources d’information, ou de la non disponibilité des outils de travail (ligne de téléphone, connexion internet, télécopieur, papier fax), Les universités africaines n’ont pas des moyens technologiques, pédagogiques, infrastructurels pour figurer parmi les meilleures institutions jugées comme étant des lieux productifs de la pensée et de la science. Chaque année, les Chinois établissent une liste des 500 universités les plus performantes.

Les faiblesses de la classe créative sont manifestes et inquietantes, en particulier dans l’enseignement supérieur, parmi les professeurs et chercheurs. Les raisons de cette décadence de la pensée scientifique favorable á l’innovation trouvent des explications.

Les bibliothèques, les rares laboratoires, y compris les bureaux ne sont pas suffisamment équipés pour permettre une recherche de pointe ou un rendement optimal. L’abonnement aux revues scientifiques demeure un luxe pour certains chercheurs et enseignants. Les travaux sur les sujets d’avenir: nanotechnologies, technologies écologiques, l’infrastructure numérique, sont totalement inconnus des chercheurs locaux. Le budget alloué á la recherche, et au développement est insignificatif quand il n’est pas tout simplement détourné par les dignitaires des démocraties totalitaires.

Sont nombreux les chercheurs en médecine, en chimie et physique qui se sentent limiter à dispenser des enseignements sans la moindre possibilité d’expérimentation, soit parce que le matériel est inexistant, soit parce qu’il est défectueux, la seule alternative qui s’offre aux jeunes chercheurs ambitieux, c’est le changement du lieu de production. Et, en l’occurrence le voyage vers les pays développés demeure la seule issue pour ceux qui en ont le courage et les moyens. Les institutions universitaires camerounaises par exemple, en générale, ne possèdent pas une communauté scientifique active. La tendance observée est un sentiment d’isolation, de méfiance entre collègues, étudiants et enseignants dont certains sont des délateurs á la solde du pouvoir. Les querelles de clocher prennent le pas sur le rayonnement intellectuel.

La décadence de la pensée dans certains pays est cumulative: la crainte de la sclérose intellectuelle, le tribalisme; l’absence de moyens de travail et d’une culture professionnelle; les salaires moins compétitifs; le contrôle de l’université par une classe politique rétrograde et réfractaire au progrès; l’éloignement des cercles de recherche de pointe; sont quelques raisons, parmi d’autres, qui poussent à l’expatriation s’agissant de l’immigration des cerveaux. Les chercheurs, qui veulent mettre en application les conclusions de leurs recherches, ou continuer la poursuite de leur travaux sur des questions nouvelles, sont souvent obligés d’aller à l’étranger où ils espèrent trouver des conditions idéales de travail. Traitement salarial et frustration

Adam Smith (1776) accorde au travail une attention particulière. Selon l’auteur, c’est par son travail que l’homme doit vivre. C’est du travail, en tant que valeur et effort, qu’il faut attendre la satisfaction de la plus grande partie de toutes les jouissances de la vie. Plus on travaille, plus on devrait gagner. Malheureusement, cette vérité essentielle a perdu de toute sa pertinence dans les sociétés contemporaines dominées par les ravages du capitalisme, où on fait passer le profit avant toute chose.

Depuis la dévaluation du franc CFA en 1994, la majorité de cadres supérieurs nationaux africains, malgré leur haut niveau de formation, et du potentiel qu’ils représentent pour la société sont mal payés. Beaucoup d’universitaires se sont vus obligés de déployer des stratégies multiples (le militantisme politique sincère ou de façade, le commerce ou des affaires) pour obtenir des revenus additionnels afin de couvrir non seulement, les charges sociales et familiales, mais aussi, pour préserver leur image sociale liée à leur rang d’intellectuels. Que vaut en terme salarial un ingénieur, un professeur d’université, un médecin par rapport á un officier subalterne de la garde rapprochée des regimes autocratiques qui gouvernent en Afrique centrale depuis des décennies?

Beaucoup d’enseignants Camerounais, par exemple, se sont convertis en laudateurs et militants du R.dpc, parti État au pouvoir depuis 33ans non par conviction, mais pour garantir leur survie économique. La subordination et l’allégeance d’une certaine élite intellectuelle africaine aux démocraties totalitaires est une tragédie. Il n’est pas étonnant que les universités locales, soient considérées aujoud’hui comme les lieux de fabrique, non pas de la pensée critique, mais des personnes soumises, carriéristes prêtes á jouer á fond la logique coloniale du pouvoir.Le rôle de l’Union Africaine

L’Union africaine dont le silence et la passivité sont étonnants, face aux drames de migrants Africains aurait un intérêt á créer un fond d’urgence de secours aux migrants; un sécrétariat des Affaires étrangères africaines, chargé de coordonner, de rapprocher toutes les postures pour articuler une politique africaine d’immigration; prendre des initiatives politiques, pour obtenir des compromis; garder l’Afrique unie face aux nouveaux défis notamment la fuite des cerveaux, une tâche difficile mais indispensable pour l’avenir du continent ainsi que sa propre crédibilité, comme organisme panafricain oeuvrant pour le bien-être des peuples noirs auxquels elle a le devoir de protéger de rassembler pour avancer ensemble.

Les Africains, en premier les décideurs politiques doivent répondre au mieux aux besoins actuels et émergents de démocratie, et d’opportunités d’emplois, exprimés par la jeunesse africaine en plusieurs occasions dans des démocraties totalitaires où la démocratie se limite á une multitude de partis politiques, sans la moindre possibilité d’alternance au sommet.

Le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique doit rédéfinir le rôle et les responsabilités de l’Union Africaine doit entrevoir des modalités d’une politique d’immigration á l’échelle continentale, travailler avec les 28 de l’UE pour réaliser un certain nombre d’objectifs communs. Son implication dans la lutte contre l’immigration, dans un cadre démocratique et de dialogue renforcé avec des dirigeants africains doit aboutir aux compromis. La question migratoire exige une réponse mondiale, il n’est plus moralement tolérable de se cacher derrière le farvélu argument, souvent avancé, de part et d’autres sur le respect de la souveraineté nationale des États sur cette question d’urgence internationale. Un État qui révendique la souvéraineté a aussi l’obligation de garantir á ses ressortissants des conditions de vie minimales, de liberté et de sécurité économique.Conclusion

Au de-là d’importants moyens militaires et économiques exibés dans les opérations de surveillances des frontières maritimes, rien ne semble garantir á l’horizon la fin des tragédies Méditerranéennes, encore moins la fin des flux migratoires suicidaires. Le déploiement des navires de guerre, les opérations Atalante, la destruction des bâteaux de passeurs avant l’embarquement, les missions sécrètes de surveillance des traffiquants d’immigrants seules, ne suffiront pas á décourager les milliers de personnes désespérées et marginalisées qui n’ont rien á perdre, abandonées par leur société d’origine, disposés au suicide.

La facture de 9 millions d’euros mensuels, allouée aux opérations militaires peuvent permettre d’avoir l’eau potable, améliorer la qualité et l’espérance de vie; améliorer la qualité des soins. Investir dans des personnes, promouvoir la démocratie et les sociétés de savoirs, pour répondre aux défis dans des domaines aussi divers, que la création des emplois, la construction des infrastructures d’épanouissement, la sécurité alimentaire, la viabilité de l’environnement constituent la meilleure forme de lutte et de prévention efficace, contre les drames épouvantables á répétition dans la Méditerranée. Une Afrique subsaharienne développée, avec la volonté de partager, profitera aux Africains et au monde.

1 Voir Delphine Nakache (2003) “La Migration: Une priorité stratégique pour l’Union Européenne dans le Partenariat Nord /Sud”.

2 OP cit

3 Mongo Beti, La France contre l’Afrique, Paris, La Découverte, 1993. PP.114-115. l’auteur dénonce les accords de coopération franco-africaine qui selon l’écrivain profitent aux dictateurs et aux multinationales français. Les richesses naturelles que régorgent ces pays n’assurent pas le bien-être des populations.

4Mongo Beti, Trop de soleil tue l’amour, Paris, Julliard, 1999, p.12.

5Voir Abraham Maslow (1908-1970) sa théorie hiérarchique des besoins.

6John Kenneth Galbraith dans son livre The Good Society (1997), l’auteur rend hommage aux vertus d’une éducation démocratique, fondément même d’une culture démocratique donc du développememt.

7Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Grammaire morale des conflits sociaux, Paris, ed du Cerf, coll, “Passages” 2000.