62 Zenbakia 2000-01-14 / 2000-01-21

Elkarrizketa

Jean Haritschelhar: "Notre génération a fourni un travail mémorable au sein de l'Académie Basque"

AGIRRE, María

Elkarrizketa: Jean Haritschelhar Jean Haritschelhar, président de l'Académie Basque "Notre génération a fourni un travail mémorable au sein de l'Académie Basque" * Traduction au français de l'original en basque Maria Agirre Jean Haritschelhar est né à Saint Etienne de Baigorry il y a 76 ans. Depuis 35 ans il vit à Anglet. Le président de l'Académie Basque a vécuces dernières années des moments importants. Le dernier a été la célébration de ses noces d'or, en décembre, entouré de sa famille. Même s'il nous est difficile à croire, Jean Haritschelhar est à la retraite depuis 14 ans. Bien que retraité, depuis ce moment là il n'a cessé d':uvrer pour l'Académie Basque en lui consacrant beaucoup de temps. Quelles ont été les années les plus importantes dans la vie de M. Haritschelar? L'année 1962 a été particulière. Cette année là on m'avait nommé Conservateur du Musée Basque de Bayonne, Professeur à l'Université de Bordeaux et membre à l'Académie Basque. Jusqu'en 1986, je suis resté à l'Université de Bordeaux et au Musée Basque jusqu'en 1988. D'autre part en 1966, on m'a nommé vice président de l'Académie Basque et en 1988 honoris causa à l'Université du Pays Basque. Quinze jours plus tard, à nouveau président de l'Académie Basque. Jusqu'à quand président de l'Académie Basque? On verra. Etant donné que j'atteins un certain âge, il faudra que je cède ma place. J'ai connu l'Académie Basque à différentes époques. D'une part, au moment du franquisme, quand le franquisme était le plus virulent. J'ai connu aussi les années 50 à 60 quand l'Académie subsistait comme elle pouvait. Aujourd'hui la situation est différente et on ne peut pas comparer la période actuelle à celle d'il y a cinquante ans. La situation est transformée et le Pays Basque est en train de se basquiser. En novembre dernier, quand vous êtes allé à Madrid avec d'autres collaborateurs, vous avez annoncé que le gouvernement d'Aznar avait été plus généreux que le précédent. Est ce exact? C'est exact les chosesont changé et d'année en année on nous attribue d'avantages d'aides. Il y a trois ou quatre ans nous recevions quarante millions de pesetas, puis quatre vingt, cent et aujourd'hui cent quinze. La quantité a augmenté d'une façon considérable, mais ces millions nous sont nécessaires pour la qualité de travail que nous réalisons. La raison est que le Gouvernement nous a placé sur le rang d'Académie Royale et ainsi nous obtenons davantage de crédits. Mais en même temps, je pense que les hommes politiques d'ici, particulièrement ceux du Gouvernement basque, :uvrent de façon à ce que tout se déroule ainsi. L'attitude du gouvernement français est différente? En Iparralde, on milite, on lutte, mais nos élus politiques sont sourds. Ils ne veulent pas nous écouter. Ils ont accepté que la langue soit reconnue d'utilité publique, ce qui n'a pas été facile, mais la situation est différente en Hegoalde. En Hegoalde nous sommes au niveau académique mais en France non. Nous avons rencontré le président du Conseil Régional d'Aquitaine, il ne nous a rien accordé. Ce n'est pas pareil de solliciter des aides du gouvernement espagnol et du gouvernement français. Ceux du gouvernement espagnol ne m'ont pas demandé ce qu'on recevait de France. Nous faisons l'impossible, mais en vain. Du conseil général nous recevons cent mille francs. D'autre part dans quelle situation se trouve le basque en Iparralde? D'après ce qu'on dit, le basque se perd. D'après moi la situation n'est pas si tragique, bien que certains me considèrent optimiste sur ce sujet. Il est vrai que nous sommes dans le creux de la vague et d'après les dernières statistiques les bascophones sont moins nombreux que par le passé. Ceci dit, de 18 à 25 ans, seuls 11% parlent le basque. Ce pourcentage est faible, mais en tout nous représentons 26% ce qui n'est pas peu. En Hegoalde le pourcentage est en hausse et ici en Iparralde en baisse. D'autre part, sur les statistiques, on ne ressent pas encore l'effet des ikastola. Ceci dit,l'enquête est faite à partir de 18 ans. Dans les ikastolas en tout 17% sont scolarisés en basque intégralement. Ce pourcentage d'ailleurs évolue. Je pense que la chute est terminée et que le nombre de bascophones augmentera. C'est mon analyse, mais certains pensent que je suis trop optimiste. Que la langue basque disparaîtra en Iparralde? Je ne sais pas, peut être que oui. Mais la langue basque ne se perdra pas dans tout le Pays Basque, la force vient d'Hegoalde. Malgré tout, en Iparralde aussi on milite, des parents décident de scolariser leurs enfants au sein des ikastola ou dans d'autres systèmes équivalents du modèle B. C'est certain, pas tous, mais 17% le font, et petit à petit cette quantité va augmentant. D'autre part, en ce qui concerne Iparralde, le problème est l'officialisation. Si la langue était officielle en Iparralde, cela changerait la situation? Si cette reconnaissance a modifié la situation en Hegoalde et plus précisément dans la Communauté Autonome Basque elle le ferait aussi en Iparralde. Le gouvernement basque gère l'éducation mais aussi la culture, ce qui n'est pas peu dire mais nos jacobins de français ne laisseront pas se produire le même phénomène. L' Académie Basque a demandé l'officialisation au Gouvernement français, mais elle ne l'obtiendra pas facilement. De toute manière nous renouvellerons la demande, c'est notre rôle. Le basque connaît deux situations, l'une celle d'Hegoalde avec son officialisation et l'autre celle d'IparraldeS C'est une langue unique et les basques n'acceptent pas qu'on l'ignore. Je crois que ce sera un grand pas si on nous reconnaît l'officialisation de la langue mais sur ce sujet je ne suis pas si optimiste. Il y a quatorze ans que l'Académie a entamé un travail sur l'Atlas linguistique basque. Quelle est la raison de ce retard? Il n'y a pas de retard. D'abord on a réalisé des enquêtes qui ont représenté un travail considérable. Nous avons posé 2800 questions à 145 personnes. Ensuite il faut les écouter et lestranscrire dans l'alphabet international. Quand l'Atlas paraîtra on ne pourra pas le comparer à celui qu'avait fait Bonaparte. Dans le premier livre on publiera 300 cartes, toutes en couleur. En ce qui concerne le financement, nous sommes en bonne voie. On éditera d'une part le cédérom pour écouter puis d'autre part l'Atlas. Le premier tome est prêt depuis quatre mois, mais pas de financement. Je pense que nous sommes en voie de l'obtenir, nous avons perçu la moitié et nous sommes dans l'attente de l'autre. Quand cette opération se réalisera, nous commencerons à publier. Au total 10 tomes. L'Atlas sera vraiment très intéressant. Le lecteur se rendra compte ce que sont nos dialectes et on verra qui a :uvré le plus en faveur des dialectes, si ce n'est pas l'Académie. L'Atlas va nous apporter un progrès considérable. Je ne dis pas que Bonaparte n'a pas apporté beaucoup en son temps, mais l'Atlas réalisé par notre génération est un travail énorme. En conclusion, d'une part il y aura l'Atlas et d'autre part, des dictionnaires de toutes sortes, des grammaires, des recueils d'onomastique... Je confirme que notre génération a fourni un travail mémorable. Les générations futures tiendront compte du travail accompli au sein de l'Académie basque entre 1960 et 2010. Nous vivons une époque historique. Cette époque est celle de la renaissance, du renouveau de la langue d'une part, et d'autre part la langue basque n'a jamais été autant étudiée que maintenant à l'Académie et à l'Université du Pays Basque. Vraiment, nous sommes en train de réaliser les rêves des premiers académiciens. Ils parlaient d'un dictionnaire, d'une grammaire, d'un AtlasSet tout cela c'est nous qui les concrétiserons. En conclusion, nous avons apporté un progrès scientifique exceptionnel. Comment percevez vous le futur de la langue basque? Je me rends compte que le nombre de bascophones augmente petit à petit et que le Pays Basque est de plus en plus basque. De toute manière on sera toujours bilingue. Je pensequ'en Hegoalde le basque et l'espagnol sont nécessaires et que la troisième langue devrait être le français. En Iparralde, le français et le basque sont indispensables et la troisième langue l'espagnol. Le basque doit être trilingue. L'avenir je le vois ainsi. Photographies: Maria Agirre Euskonews & Media 62.zbk (2000/1/14 21) Eusko Ikaskuntzaren Web Orria