504 Zenbakia 2009-10-16 / 2009-10-23
Cette communication souhaite établir ou rétablir le rôle de celui qui a pendant longtemps été considéré comme le premier promoteur de l’émigration basque contemporaine sous une forme massive et organisée à destination du continent américain. Voilà pourquoi le personnage de Samuel Lafone aura dans nos propos (virtuels) et nos écrits une place centrale. Ses relations professionnelles (de préférence), seront aussi évoquées. Les sources utilisées pour réaliser ce travail sont principalement issues des archives nationales uruguayennes et elles seront tout de même croisées avec quelques coupures de la presse locale du département des Basses-Pyrénées. Introduction
La première datation donnée des débuts de l’émigration depuis le Pays basque de France, organisée est de l’année 1832. Elle figure dans un rapport du préfet des Basses-Pyrénées qui décrit au conseil général les agissements de la maison Lafone and Wilson, recrutant de la main-d’½uvre pour ses établissements agricoles de Montevideo par le biais d’un agent français nommé Alfred Bellemare. Partant de ce constant, nous allons chercher à connaître le succès éventuel de cette entreprise. Pour cela, nous présenterons d’abord ses fondateurs présumés, leurs activités avant de passer à l’impact de cette activité sur l’immigration uruguayenne du XIXème siècle. Notre intérêt se portera également sur les relations entretenues avec l’administration et bien entendu sur le recruteur Alfred Bellemare. Samuel Fisher Lafone
Un soulèvement populaire, avec à sa tête « les 33 orientaux », alliés aux Argentins, donna une victoire décisive sur les Brésiliens, le 20 février 1827 à Ituzaingo. Le traité de Rio de Janeiro, signé le 27 août 1828 reconnut l’indépendance uruguayenne.
L’apparition et l’évolution de l’émigration vers sa forme organisée sont essentiellement dues à l’influence d’un homme, le britannique Samuel Fisher Lafone. Il naquit en 1805 à Liverpool. Sa famille (Lafone) d’origine française et de confession huguenote s’est établie en Grande-Bretagne en 1685, lors de la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV. Voyageant depuis son adolescence (ce qui lui avait permis d’acquérir une bonne culture) il s’installa à Buenos Aires en 1825 avec son propre capital, se dédiant à l’exportation (grâce à l’habilitation de Carlos III de libre commerce dans les colonies espagnoles). Prospère, il acquit rapidement une grande fortune et se maria avec une catholique argentine, Maria Quevedo y Alsina, union qui ne fut pas approuvé par la famille de celle-ci. La puissance croissante de Rosas, auquel il paraissait suspect le poussa à aller s’installer avec toute sa famille à Montevideo en 1833.
Photo: Clearly Ambiguous.
Ses activités progressistes prirent différentes formes : il installa dans la côte du Cerro, une fabrique de salaisons et un quai qui portent son nom. Il fonda le premier moulin à vapeur de Montevideo, appelé moulin américain. Il s’essaya dans l’exploitation minière des régions aurifères de Cuñapiru. Il dédia les vastes champs de sa propriété aux travaux agricoles. Il a aussi fait partie des fondateurs de la société de changes, transformée en 1857 en banque commerciale. Lors de la Guerra Grande, sympathisant des libéraux, il coopéra à la défense de Montevideo en servant d’une part de banquier à un gouvernement toujours en mal d’argent mais également en servant de lien –par sa nationalité– avec le haut commandement des escadres anglaises intervenantes.
Son amitié avec le commodore Juan Brett Purvis l’entraîna à créer l’Eglise Episcopale britannique, premier temple protestant construit dans l’Amérique indépendante et dont la première pierre fut posée le 19 janvier 1844 sur un terrain acquis grâce à son apport personnel.
En 1837, il émit le souhait d’acheter les îles de « los Lagos », un petit archipel situé dans la « Boca del Puntanoso. »1 En 1844, il proposa au gouvernement d’acheter le groupe d’îles situées dans l’embouchure du Pavon pour 1200 pesos comptant et 3000 en crédit, l’île de Saint Gabriel dans le Rio de la Plata (face au port de Colonia) pour 1500 pesos comptant et 3000 en crédit, les trois îles du « Viscaino », « Lobos » et « Infante » (dans la confluence du fleuve noir avec le fleuve Uruguay) pour 1000 pesos comptant et 3000 en crédit pour chaque île. Enfin, il fut acquéreur de la grande île du « Queguay », dans le fleuve Uruguay pour 1200 pesos comptant et 3000 pesos en crédit. Sa proposition fut retenue et l’ensemble des terrains lui fut vendu le 15 mai 1844.2
Comme tout homme d’affaires, il avait des associés dont il se souciait, et en l’occurrence, il n’hésita pas à aller au secours de son frère lorsque celui-ci était en difficultés financières. Le 02 mai 1844, il se proposa pour payer les 4000 pesos d’alcabalas (impôts) non réglées3 et le 28 mai 1844 il annula au comptant une dette de 3918,4 pesos répartie entre six personnes lors d’un achat foncier4 (José Ramirez : 504,6 pesos ; Agustin Urtubey : 504,52 pesos ; Francisco Larrar : 183,42 pesos ; Manuel Cifuentes : 2014,64 pesos ; José Maria Reyes : 493,64 pesos ; Lorenzo Rodriguez : 216,7 pesos).
En 1845, ayant obtenu en location une des îles Malouines, il la peupla avec du bétail uruguayen, après avoir unis l’archipel et Montevideo au moyen d’une route maritime. Dans le département de Maldonado, il fit l’acquisition de l’île Gorriti, et associé avec son frère Alejandro Ross Lafone, celle de la péninsule de Punta del Este, où plus tard un village fut construit, lieu qui est aujourd’hui une des stations balnéaires les plus importantes de la zone avec Mar del Plata (Argentine). Il se rendit aussi propriétaire de 600.000 hectares dans les îles Falkland. Alors qu’il se trouvait à Buenos-Aires, il mourut durant une épidémie de fièvre jaune le 30 avril 1871. Son corps, rapatrié en Uruguay, repose dans le cimetière britannique de Montevideo.5
Si cet homme retient tant notre attention, c’est parce qu’il est révélateur d’une des réalités de l’émigration basque. Il est arrivé en Amérique comme beaucoup d’autres britanniques à la tête d’un capital important et doté d’un savoir-faire commercial et d’un esprit très libéral (les familles nobiliaires issues de la période coloniale qui ont pu passer sans encombre les changements de régimes politiques sont aussi des détenteurs de fortune susceptibles d’investir massivement dans divers projets). Désirant tirer un profit maximum de ses terres et de ses différentes entreprises il s’est rapidement heurté au potentiel démographique uruguayen, incapable de lui fournir la main-d’½uvre nécessaire (pour le nom de Wilson qui figure avec le sien dans la dénomination de l’entreprise, à ce jour, hormis dans le rapport préfectoral, il a été maintes fois recopié mais personne n’a pu encore élucider son origine). Migration, politique gouvernementale et administration
Cette carence en main-d’½uvre était un des soucis principaux du gouvernement. A partir de 1834, il avait décidé de prendre l’immigration à sa charge. Le ministre Lucas Obes mis en pratique un plan de colonisation complété par des lois et des décrets destinés à protéger les nouveaux venus et les futurs arrivants. En tant que ministre, Lucas Obes fut soutenu par le président Rivera (1800-1834), mais ses projets furent maintenus par le président suivant Célestino Oribe.
Lucas Obes qui était le principal instigateur des appels au niveau gouvernemental avait projeté par un décret du 09 septembre 1834 de fonder une ville –Cosmopolis– destinée à accueillir toutes les nouvelles populations6 (éloigné du centre-ville, ce quartier n’eut que peu de succès, les immigrants préférant s’installer à Tres Cruces, Aldea ou Maroñas). Le 30 septembre 1834, à Montevideo, Samuel Lafone passa un contrat dans lequel il s’engageait à faire venir de 700 à 1000 émigrants dans la république Orientale, personnes originaires des îles Canaries, du Cap Vert et des Basques, « qui devaient être de bonnes gens et de la classe des paysans, artisans, agriculteurs et autres pour tous travaux » (Article 1). Samuel Lafone s’était aussi engagé à prendre à sa charge le passage de ces voyageurs alors que des primes spéciales lui furent promises s’il arrivait à répondre à certains critères (10 patacones par émigrants à raison de 400 artisans dont 200 Anglais). La demande de main-d’½uvre était déterminée dans des secteurs précis (80 fabricants de fil de fer, 35 charpentiers, 35 forgerons, des fourniers –illisible– et 25 briquetiers) et pour la mener des chefs de chantier étaient réclamés. Dans ce contrat le gouvernement uruguayen s’engagea à donner 70 patacones à Lafone pour chaque émigrant, alors que l’entrepreneur d’émigration s’engageait à faire venir ces gens dans un délai de 13 à 20 mois.7
Photo: spoon.
Le 04 octobre 1834, des modifications furent apportées au contrat précédent. Il s’agit plutôt de précisions, qui déterminaient les conditions de responsabilité du gouvernement uruguayen. Les points les plus sensibles étaient ceux des délais de livraison et des contrats passés (20 pesos mensuels pour un forgeron par exemple, au-dessus le gouvernement refusait de prendre le contrat en charge). Ce second document8, outre la signature de Lafone comporte également celle de Lucas Obes.
Le 17 juin 1837, Samuel Lafone passa un nouveau contrat avec le gouvernement uruguayen, portant encore sur l’introduction de colons. Cette fois, l’accord portait sur une durée de cinq années et des individus originaires d’Europe ou des îles Canaries. Lafone gagnait 80 patacones pour chaque personne de plus de 14 ans et 14 patacones pour ceux dont l’âge était inférieur à cette limite. Dans leurs engagements, les futurs colons devaient signer l’obligation de rembourser le prix de leur traversée au trésor public dans un délai de 12 à 24 mois.9
Le 10 juin 1837, l’entrepreneur fit à nouveau une proposition au gouvernement oriental. Désirant promouvoir la hausse de population de ce « délicieux pays », considérant qu’il s’agissait là de son unique source de développement et de prospérité pour en faire un état fort, respectable et sérieux, il souhaitait mettre un terme à la carence de main-d’½uvre, en anticipant les déplacements de population. Il prendrait à sa charge les frais de transport, si l’Etat pour sa part admettait de les prendre en compte dans les crédits qu’il réalisait lors de transactions foncières. Le règlement devait lui être effectué pour la totalité des passagers au prix de 80 pesos pour chaque personne de plus de 14 ans et de 40 pesos pour ceux qui en avaient moins.10
Le 13 juin 1837, le gouvernement modifia la proposition de l’entrepreneur se donnant quelques garanties, en particulier sur la nature des colons (il ne prenait pas à charge les nourrissons, les individus ayant dépassé 65 ans et les malades rendus inaptes au travail). Une inspection du navire par la police sanitaire du port était nécessaire pour lui permettre de s’amarrer aux quais uruguayens. Par les subtilités introduites dans ce document11, le gouvernement oriental se déchargeait de toutes les erreurs que pouvait commettre l’entrepreneur et intégrait aux contrats des colons une clause pouvant leur permettre d’acquérir la citoyenneté uruguayenne (il fallait faire le service militaire après six années passées dans la république, en ayant été déclaré apte). En 1837, un contrat supplémentaire fut passé, mais s’il fut enregistré, son contenu s’est égaré.12 L’arrivée de chaque expédition amenait les contractants (Lafone et des membres du gouvernement) à se présenter chez le notaire pour rappeler tous leurs engagements et voir dans quelles mesures ils les avaient respecté.13 Alfred Bellemare
Devant l’impossibilité de Samuel Lafone de mener à bien d’une part ses affaires en Amérique du sud et d’autre part le recrutement des colons en Europe, il a engagé un jeune français pour accomplir la seconde tâche. Il s’agit d’Alfred Bellemare, un célibataire de 26 ans venu de Buenos Aires, sans profession le 20 octobre 1834, jour de son arrivée à Montevideo.14 En 1835, Bellemare arriva à Bayonne où il publia au mois de juillet une « Notice sur la république orientale de l’Uruguay, suivie d’un recueil de pièces officielles. »15 Le premier voyage eut lieu et lorsque les 160 premiers émigrants arrivèrent à Montevideo à bord de l’Hellvellyn, les autorités du port refusèrent leur débarquement pour des raisons sanitaires. C’est le consul de France Raymond Baradère qui mit fin à cette situation difficile en intervenant de manière énergique.16
Pour remédier au mal provoqué dans l’opinion publique, Bellemare publia au Havre une « Notice statistique et commerciale sur la République Orientale d’Uruguay. » Bellemare négocia âprement avec le consul espagnol pour obtenir de ce dernier des autorisations afin de passer des contrats avec des Basques originaires des provinces d’Espagne. Il y parvint au prix de plusieurs concessions (papiers en règle, documents certifiant la bonne conduite, moralité et amour de l’ordre du partant...)17 Le 16 novembre 1836, il écrivit une carte au consul d’Espagne pour lui annoncer le départ d’un navire depuis le port de Bordeaux avec l’Uruguay comme destination.18
Il lui écrivit à nouveau le 17 novembre 1836 en qualité de « représentant de la maison anglaise Samuel Lafone. » Il lui faisait part de l’accueil défavorable du gouvernement français par rapport au projet migratoire, alors qu’un préfet avait déclaré qu’il fallait assurer la promotion de la situation uruguayenne, paroles qui furent finalement prises en compte, vu que 500 plaquettes furent publiées et distribuées. L’exemple français était utilisé par Alfred Bellemare, car celui-ci espérait que l’Espagne allait reconnaître l’indépendance uruguayenne. Cet acte politique, bien au-delà du symbole, aurait autorisé les hispaniques à se rendre dans la république orientale et aurait ouvert au « représentant » de nouvelles opportunités de recrutement.19 Par une lettre datée de 1836, adressée au général Manuel Oribe (alors président de la république) et reçue le 11 août 1837, Alfred Bellemare faisait le récit de la situation française, espérant secrètement (il faut le penser car il en allait de son intérêt) une intervention diplomatique pour régulariser la situation et mettre fin aux discours des gouvernements européens en défaveur de l’Uruguay.20 Peu d’initiatives locales semblaient alors se dresser contre les activités de l’agent, les responsables préférant se renseigner sur ce nouveau phénomène.21
En 1842, la situation professionnelle de l’agent d’émigration avait considérablement évoluée, car il était devenu délégué de la colonie française à la Plata. Agent du gouvernement, il rendait compte d’une manière positive des installations de ses compatriotes sur la rive gauche de la Plata, dans laquelle « depuis quinze ans il n’y a pas eu dix faillites » (il évaluait leur quantité à quinze mille Français majoritairement Basques et Béarnais)22.
Photo: yirina.
Le 12 février 1842, le Mémorial des Pyrénées retranscrivit un courrier qu’il avait adressé aux deux chambres de commerce des Basses-Pyrénées. Bellemare souhaitait que le gouvernement s’engage à intervenir en Uruguay, en faveur des nombreux Français qui étaient sans protection face à la menace du général argentin Rosas.23 Pour cela, il s’appuyait sur les plaintes des commerçants de Liverpool (ville de naissance de Samuel Lafone, il est dommage que Bellemare ne cite pas les commerçants les plus importants) envers leur gouvernement, ces derniers semblant fort préoccupés par l’agitation politique qui régnait en Amérique du sud et qui pouvait devenir nuisible à un commerce jusque-là en plein développement. Il reprit le même argument financier en faveur des ressortissants français et rajoute qu’en dehors du territoire et des colonies d’outre-mer, c’était sur ce point du globe que se trouve le nombre le plus important de ses compatriotes. Afin de mettre en exergue tout le profit potentiel que pourrait en retirer la France, il n’hésita pas à indiquer que cette population « est disséminée sur une étendue de 41.000 milles carrés du territoire le plus fertile, et situé sous le climat le plus sain et le plus beau du globe. »24
Une semaine plus tard, sans céder à la panique, Alfred Bellemare émit par voie de presse un avis à la population25 où il conseillait à ceux qui avaient l’intention d’émigrer de différer leur départ jusqu’à ce que le gouvernement français ait pris des mesures pour protéger ses ressortissants. Il tenta également de rassurer les familles des expatriés par des commentaires confiants sur l’évolution de la situation. Pendant huit mois, Alfred Bellemare ne fit plus aucune apparition dans les colonnes du Mémorial, jusqu’au 1er octobre26, où il remit au ministre de la marine, une pétition, demandant de mettre en jugement l’équipage de la Léopoldina-Rosa.
C’est John Lelong (qui semble avoir été consul de l’Uruguay à Paris), vice délégué de la colonie française à la Plata, qui prit le relais de Bellemare. Il émit essentiellement de brèves communications où il décrivait la situation politique de la Plata. Il fit, en avril 184227, part du massacre d’une trentaine de personnes par la Mazorca (une bande de tueurs à gage à la solde de Rosas) qui selon lui signalait une position de faiblesse du dictateur, qui devait faire face d’une part à une situation économique désastreuse mais aussi à la rébellion menée par Lopez, le gouverneur de Santa-Fé. Optimiste quant à l’issue des combats, qu’il pronostiquait en faveur du rebelle, il craignait que Rosas soit sauvé par les actions diplomatiques du ministre anglais Mandeville. A la fin du mois suivant, une nouvelle lettre de John Lelong, datée du 27 février 1842 fut imprimée dans le Mémorial.28 Elle faisait part de la victoire de Cua-Guaza du général Paz, sur l’armée d’Echagüe (donc une défaite pour Rosas), ce qui impliquait que face à Rosas se dressaient la république orientale d’Uruguay et les provinces argentines d’Entre-Rios, Santa-Fé et Corrientes, soit une armée dont les forces totales avoisinaient les 8 ou 9.000 hommes. Par contre, Lelong rappelait les relations diplomatiques peu amicales qu’entretenaient la France et l’Uruguay.
Quatre mois plus tard, un nouveau communiqué vint donner des informations sur l’évolution de la situation qui semblait être de plus en plus en défaveur du dictateur argentin.29 Ses troupes subissaient des échecs, le Chili venait de lui déclarer la guerre, et il semblait que le Pérou et la Bolivie étaient prêts à rentrer dans la coalition. Le vice délégué de la colonie française à la Plata concluait alors qu’« il y a tout lieu d’espérer que nous n’avons plus à redouter, du moins pour quelques mois, l’invasion projetée de Rosas sur l’Etat de l’Uruguay.30 » Outre ses communiqués dans la presse, John Lelong remis un mémoire aux chambres de commerce, au mois d’avril 1842, où il précisait que la situation des Français en Argentine n’était pas conforme aux traités conclus et que les Français étaient victimes des insultes, pillages et mauvais traitements que leur administrait Rosas (même le consul ne semblait pas être en sécurité).
Bien plus tard, en 1884, Lelong publia un article sur l’émigration.31 Une fois réseau migratoire mis en place et bien organisé, les transactions entre Samuel Lafone et le gouvernement uruguayen furent facilitées et s’amplifièrent grâce au travail de subalternes envoyés sur le continent européen afin d’assurer le recrutement des travailleurs. Conclusion
Pays de naissance d’une émigration massive et encadrée par des agents de recrutement, la république orientale de l’Uruguay est un terrain de prédilection pour les chercheurs intéressés par ce sujet. Ce pays « pionnier » ou « laboratoire » a connu les premières vagues d’arrivées, les premières installations, les premiers ennuis et bien d’autres choses encore. Si dans ce texte, à travers quelques biographies sommaires, des zones d’ombre ont pu être levées dans nos connaissances de Samuel Lafone, Alfred Bellemare et bien d’autres, force est de constater que le chemin à parcourir est encore long, et que les travaux portant sur des parcours individuels seraient précieux s’ils nous permettent à terme de mieux faire connaître leur importance dans les communautés immigrantes.
1 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 183. Año 1837
Expediente 100 : Don Samuel Lafone pretendio a una isla
2 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 198. Año 1844
Expediente 49 : Don Samuel Lafone proponiendo comprar unas islas
3 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 198. Año 1844
Expediente 60
4 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 198. Año 1844
Expediente 68
5 FERNANDEZ SALDANA, J., Diccionario uruguayo de biografias, Montevideo, 1945, pp. 678-679
CASTELLANOS, A., Nomenclatura de Montevideo, Intendencia Mapal de Montevideo, 1971, p. 251
6 COOLIGAN Maria Luisa, ARTEAGA Juan José, Historia del Uruguay desde los orígenes hasta nuestros días, Montevideo : Barreiro y Ramos, 1992, p. 321
7 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 170. Año 1834
Expediente 239 : Don Samuel Lafone por introducción de colonos
8 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 170. Año 1834
Expediente 239 : Don Samuel Lafone por introducción de colonos
9 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Año 1837
Expediente 67/837 : Propuesta de Samuel Lafone al gobierno uruguayo para contratar inmigrantes europeos
10 Los archivos de la diáspora. Archivo del licenciado Fernando Muru Ronda
Propuesta de Samuel Lafone al gobierno uruguayo para contratar emigrantes colonos de Europa
11 Los archivos de la diáspora. Archivo del licenciado Fernando Muru Ronda
El gobierno uruguayo modifica la propuesta de Samuel Lafone
12 Archives générales de la nation. Montevideo
Escribana de gobierno y hacienda. Caja 183. Año 1837
Expediente 67 : Don Samuel Lafone - por introducción de colonos
13 Los archivos de la diáspora. Archivo del licenciado Fernando Muru Ronda
Carta de Samuel Lafone dando cuenta de la llegada a Montevideo de un buque de inmigrantes vascos a bordo (1838)
14 Archives générales de la nation. Montevideo
Livre n° 939, Police de Montevideo. Livre de passagers : 1833-1835
15 Bellemare, Alfred, Notice statistique sur la République Orientale de l’Uruguay suivie d’un recueil de pièces officielles, Lamaignère, Bayonne, 1835.
16 IRIGOYEN ARTETXE, Alberto, Laurak Bat de Montevideo. Primera euskal etxea del mundo. 1876-1898, Gasteiz : Eusko jaurlaritzaren argitalpen zerbitzu nagusia, 1999, p. 26
17 Sentinelle des Pyrénées. Journal de Bayonne et de la péninsule, politique, commercial, littéraire et maritime.
1835, n° 677, jeudi 10 décembre, p. 2
18 Archives générales de l’administration. Montevideo
Lettre d’Alfred Bellemare du 16/10/1836 (copie)
19 Archives générales de l’administration. Montevideo
Lettre d’Alfred Bellemare du 17/11/1836
20 Archives générales de l’administration. Montevideo
Lettre d’Alfred Bellemare au général Manuel Oribe (reçue le 11/08/1837)
21 « Nous transcrivons ci-après un document datant de 1837, rédigé à Montevideo, document que nous avons pu consulter récemment à Saint-Étienne-de-Baïgorry dans un fond privé. Intitulé « Notes sur la conduite et la position des émigrés aldudiens qui se trouvent dans la République Orientale de l’Uruguay », il fait état de la situation matérielle et morale dans laquelle se trouvaient quelques émigrés de fraîche date. L’auteur du rapport était un jeune médecin, Salvat Larre, qui avait exercé sa profession pendant quelques temps aux Aldudes. Il s’adressait au Maire du village pour lui décrire les conditions dans lesquelles vivaient ses administrés en résidence outre-Atlantique. [...]
Bastanchurry (briquetier)
Labadie (contremaître de forge)
Pierre Tihista et Etcheverrygarai (reviennent de San Salvador où ils ont échoué dans une entreprise à leur compte)
Les Herguy (deux frères, apprennent le métier de tanneur, l’aîné boit)
Anchagno
Arrambide, cadet de « Chabagno » (vieillard domestique)
Saroiberry (maçon)
Sa malle est encore au magasin de Mr Lafone qui, au commencement, ne voulait pas remettre les malles aux passagers sans qu’ils présentent une personne établie à Montevideo pour répondre du payement de leur passage.[...]
Arambel (travaille dans une carrière, conduite exemplaire)
çaldubehere (exploite une carrière, très bonne conduite)
Arrambide (« Dgo Aguerre »)
Les Elgart (Cattalin, gouvernante ; Manech, cordonnier ; Marigno, couturière ; Guerechina, servante)
Harguinarenecoa
Salaberricoa
Il se conduit ici comme il se conduisait aux Aldudes et ne fait par conséquent que des dettes. [...]
Landaburu [...]
Vous serez sans doute bien aise d’avoir aussi de mes nouvelles. [...] Effrayé de l’argent que j’employais, je fus sur le point de m’embarquer pour la France, mais les quatre mois suivants je réparai la brèche que j’avais faite au billet de change que j’avais chez M. Lafone, et le seul mois de mars j’ai économisé plus d’argent que je n’économisais dans un an aux Aldudes. [...]
Je vous donne ma parole d’honneur la plus sacrée que tous les Basques sont mieux ici qu’en France s’ils sont de bonne conduite. Ils se fatiguent moins, gagnent plus et sont mieux nourris puisque la base de leur nourriture est le pain blanc et la viande de b½uf. Lorsque les passagers expédiés par M. Bellemare arrivèrent ici, M. Lafone n’ayant pu ou n’ayant pas pu trouver de travail eux mêmes à cause de la guerre civile, étant d’ailleurs sans argent et envoyèrent chez eux des lettres pleines de mauvaises nouvelles. En cela il n’y a rien d’étonnant ; mais maintenant que ceux qui veulent s’occuper à quelque chose ou travailler peuvent le faire avec beaucoup de profit, s’ils envoient de mauvaises nouvelles, vous pourrez dire, sans crainte d’être démenti, que ceux-là sont adonnés au vin, aux femmes, à la paresse ou au jeu, à moins qu’ils n’essuient une maladie d’un à deux mois, qu’ils ne fassent de mauvais calculs dans le commerce ou qu’ils n’éprouvent des banqueroutes. L’argent donne ici de 18 à 24 pour cent par an : c’est l’intérêt légal. »
CHABAGNO, Albert, « Emigration vers le nouveau monde à partir d’un village bas-navarrais au XIXème siècle », Ekaina, 1994, 49, pp. 17-24
22 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, vendredi 18 février 1842, n° 25, p. 2
23 Juan Manuel de Rosas, grand propriétaire d’origine noble recruta parmi les paysans une milice privée avec laquelle il contribua à réprimer le soulèvement de Buenos Aires tête des fédéralistes en 1828, il fut proclamé gouverneur de Buenos Aires à la faveur d’une guerre civile (1829) et se fit donner les pouvoirs dictatoriaux en 1835. Son tempérament autoritaire et brutal l’emmena à mettre en place un régime très centralisé. Devant la fuite de ses opposants en Uruguay, il fit le siège de Montevideo, mais ses actions répréhensibles vis-à-vis des ressortissants européens déclenchèrent une action militaire – blocus de Buenos Aires par les Français et les Anglais.
24 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, vendredi 18 février 1842, n° 25, p. 2
25 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, jeudi 24 février 1842, n° 28, p. 3
26 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, samedi 1er octobre 1842, n° 137, p. 3
27 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, lundi 11 avril 1842, n° 51, p. 3
28 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, mardi 31 mai 1842, n° 76, p. 3
29 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, jeudi 29 septembre 1842, n° 136, p. 3
30 Mémorial des Pyrénées, politique, judiciaire, agricole, industriel et feuille d’annonces, lundi 25 avril 1842, n° 58, p. 3
31 Lelong, John, “L’émigration et la colonisation française aux rives de La Plata”, Revue de Géographie, Paris, 1884.