224 Zenbakia 2003-10-03 / 2003-10-10
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2003/10/03-10 Etienne Salaberry (1903-1981) Jean Louis Davant, écrivain
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L’abbé Etienne SALABERRY, écrivain, naquit il y a un siècle, exactement le 18 février 1903. C’était un confrère du célèbre Pierre Lafitte, enseignant au collège catholique d’Ustaritz et chroniqueur à l’hebdomadaire Herria. On ne peut pas les séparer, tout comme Larzabal et Monzon, et je suis tout à fait d’accord avec Pako Sudupe : écrivain, qui a recueilli dans un livre important «Kazetari-lan hautatuak (chroniques choisies de journaliste) » de Pierre Lafitte et il fait l’équivalent pour Salaberry, qui sera publié l’été prochain. Etienne Salaberry
Salaberry était professeur de philosophie et j’ai fait sa connaissance lorsque j’étais élève au collège « Saint-François Xavier » à Ustaritz, dans l’année scolaire 1953-54. Il nous donnait des cours de manière magistrale et il rédigeait aussi des comptes rendus. D’une grande autorité naturelle, il entretenait de bonnes relations aves ses élèves ; pendant les récréations il avait l’habitude de descendre dans la cour -contrairement à la plupart des enseignants- pour discuter avec nous, aussi bien pour plaisanter que pour approfondir des sujets sérieux. Il était très soucieux de notre avenir ; il nous aida à nous orienter pour les études supérieures et moi-même particulièrement.
Puis, mon chemin s’éloigna de Salaberry pendant six ans et demi à cause de l’entrée à l’université, et du service militaire en Algérie. En 1961, au début du mois de janvier, j’entrai comme enseignant au collège « Saint Joseph » à Hasparren et en avril dans le groupe du journal Enbata. Depuis lors, on se rencontrait souvent, par l’intermédiaire de ses ou de mes articles ou lors de réunions publiques.
Il était né dans la maison Garra d’Hélette, en Navarre ; Salaberry était un fils de bonne famille. Pour lui, le prêtre était « Jainkoaren etxeko jauna (le maître de maison de Dieu) ». C’était un monsieur dans le meilleur sens : un homme de grand c½ur, généreux et comme on pourrait le deviner il était d’un grand soutien pour les élèves. Dans les débats politiques, il laissait de côté les mesquineries et restait au-dessus des polémiques, comme on dit en français « il était chevaleresque », bref, un vrai chevalier, comme Monzon qu‘ il appréciait beaucoup. Il se comporta ainsi, lorsque j’eus un procès avec l’administration française. Sans prendre en compte les divergences politiques que nous avions entre nous, il prit ma défense, en risquant sa notoriété dans un article de l’hebdomadaire « Herria », parce que l’opinion publique au Pays Basque nord était de droite et gaulliste, nationaliste française.
Après avoir été prisonnier de guerre en Allemagne pendant cinq ans (1940-45), il écrivit pendant 36 ans, deux chroniques toutes les semaines, l’une en basque signée « so egilea (l’observateur) » et l’autre sous le titre « Tribune libre du prisonnier ». Il fut traumatisé par ses années de captivité.
Il n’était pas du tout gaulliste, il était démocrate chrétien, du parti centriste français, favorable à l’Europe, et à sa manière basquisant car il était profondément basque. Il resta attaché à son parti, en restant fidèle aux idées de son fondateur, Robert Schuman. Souvent, il était en conflit avec ceux d’Enbata, particulièrement avec moi, dans ses articles en français du journal « Herria ». Notre rigidité ne lui plaisait pas, et je crois, comme il l’écrivit une fois que notre désaccord était un problème de génération et non d’idéologie.
Il critiqua aussi le parti centriste en 1965, en dénonçant son comportement opportuniste. Dans les années 1970, lorsqu’on étudie bien ses écrits on peut dire qu’il devint « abertzale » (patriote basque).
Il était prêtre mais pas du tout clérical, il était par dessus tout un homme et un chrétien ouvert, optimiste, de ceux qui ont rendu possible le Concile. Son message n’est pas épuisé parce que la Réforme de l’Eglise n’est pas encore terminée. Quant aux idées de Salaberry favorables à la construction de l’Europe, elles commencent à peine à se réaliser. Nous aurions de quoi dire aussi du Pays Basque, certes nous avons beaucoup à faire. Son message n’est pas mort. Salaberry a été l’un des plus grands Basques du XXe siècle. Nous n’avons pas eu d’homme équivalent en politique en Iparralde (Pays Basque nord). Alors que ce serait à nous de l’honorer, c’est un citoyen du Pays Basque Sud qui le fait et ce n’est que mieux ; une telle personnalité le méritait puisque ce Basque européen a donné tant de coups de pieds à la frontière. Merci Pako Sudupe ! Articles en relation