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Histoire de la pastorale (II/II)

Jean-Louis DAVANT, Académicien souletin de la langue basque

7. Nouvelle pastorale
8. Auteurs et errejent actuels
9. Les femmes dans la pastorale
10. Avenir de la pastorale

7. Nouvelle pastorale

La nouvelle pastorale, naturellement, n’est pas tombée du ciel. Elle a connu sa préhistoire. Je situerais sa genèse sous la plume de ces auteurs errejent. Abandonnant la Bible et les saints, Saffores opta, avec Napoléon, pour un thème laïc et politique, de son époque, puisque le héros venait de décéder, en 1821. Nous savons qu’il est difficile d’aborder l’histoire proche, car la famille et les amis du défunt sont encore présents, aux premières loges. Il faut du courage, mais cela vaut le coup, car cela attise l’intérêt du public. Aguerre, pour sa part, aborda l’histoire d’Henri IV, qui n’était pas simple, car ce roi changea plus d’une fois de religion.

Üskaldünak Ibañetan fut une pastorale réellement novatrice. Ecrite en 1906, elle fut présentée en 1908 à Tardets et en 1954 à Chéraute. Son titre est en langue basque, contrairement aux anciennes pastorales. La langue employée est de meilleur niveau qu’à l’habitude. Elle évoque l’histoire des Basques, avec une conscience basque indéniable. Elle présente trois parties : les turcs (musulmans d’Espagne), les chrétiens (francs de Charlemagne) et les Basques. Ce tripartisme ne facilite pas le travail d’interprétation du public ; cette pièce intéressante demeure unique en son genre.

En 1929, à Barcus, la pastorale Guillaume II fut jouée par les anciens soldats de la grande guerre. Son auteur, Pierre Appeceix Salahanka, gravement blessé, en faisait partie. Il raconte la version française de l’histoire officielle, sans évoquer sa propre expérience. Sa modernité tient d’une part au fait qu’elle raconte une histoire très récente, et d’autre part à son dernier chant touchant, dédié par un soldat basque agonisant à son pays natal.

La grande révolution commença en 1953 avec la pastorale Etxahun koblakari, de Pierre Bordaçarre / Etxahun-Iruri. Ses nouveautés :

Affiche de pastorale

Affiche de pastorale.

Ces neuf pastorales furent représentées :

Un nouvel auteur fit surface en 1976 à Sainte Engrâce : le prêtre Junes Casenave. Il créa une pastorale dans laquelle les villageois racontèrent leur propre histoire. Cela représenta une grande innovation, donnant à la pastorale une noblesse nouvelle. En voici les apports :

Les nombreux auteurs qui ont succédé à Casenave, dont je fais partie, ont suivi sa voie, ce qui m’a valu, pour ma part, des critiques d’amis de mon âge, qui considèrent qu’Etxahun écrivait des pastorales agréables dans un langage facile et que les nôtres sont plus difficiles, plus cérébrales. Sans vouloir offenser personne, je voudrais rappeler ici que, depuis, le niveau scolaire du public s’est beaucoup amélioré, et que nous nous devons d’en tenir compte. Il est vrai qu’il faut essayer, dans la mesure du possible, d’écarter du théâtre les phrases complexes et les mots rares, car le public n’a pas de possibilité de relecture : à mesure que l’acteur dit son texte, il faut l’entendre et le comprendre. Je pense toutefois que nous parvenons sur ce point à un équilibre.(INDEX)

8. Auteurs et errejent actuels

Auteurs actuels, dans l’ordre de la première pastorale représentée :

1 - Junes Casenave, 1976, Santa Grazi, à Sainte Engrâce.
Au total, dix pastorales écrites en basque, une en français : Pueyrredon, représentée en 1997 à Lanne en Baretous.
2 - Allande Aguergaray Bordaxar, 1985, A. d’Oihenart, à Musculdy.
Puis, en 1996, Sabino Arana Goiri, à Garindein.
3 - Jean-Michel Bedaxagar, 1988, Agosti Xaho, à Ordiarp.
4 - Jean-Louis Davant, 1990, Abadia Ürrüstoi, à Mauléon.
Six pastorales présentées au total.
5 -
Pierre-Paul Berçaits, 1991, Harizpe, à Musculdy.
Cinq pastorales présentées au total.
6 -
Roger Idiart, 1991, Xalbador, à Larrau.
Puis, en 2001 : Etxahun-Iruri, à Trois-Villes.
Ce prêtre labourdin devenu souletin nous a quittés récemment.
7 - Patrick Quéheille Kanpo, 1997, Herriko Semeak, à Barcus.
Puis, en 2010, Xahakoa, à Barcus.
8 - Niko Etchart, 2002, Urruti jauregiko Peirot, à Aussurucq.
9 - Dominika Récalt, 2006, Oiherkoren trajeria, à Hegillorre.
Puis, en 2009, Belagileen trajedia, à Alos-Sibas-Abense.
10 - Jean-Pierre Béhocaray Bizkai, avec deux pastorales encore non représentées :
Etxahun Barkoxe khantore egilia (du texte français de Pierre Héguiaphal de 1985) ; Jesüs Nazareth-ekoa, 2004.
11 - Jean Bordachar, Monzon, qui sera présentée en 2011 à Larrau.
12 - Michel Etchécopar, Üskamerikan artzain, Xiru 2008, à Gotein-Libarrenx.
13 - Maite Berrogain Ithurbide, Catalina de Erauso, 2008, à présenter prochainement.

Errejent actuels :

Après les célèbres enseignants Marcelin Héguiaphal (1910-1996) et Battitta Urruty (1919-2004), les plus connus ont été Jean-Pierre Récalt d’Alçabéhéty Althabe et Jean-Fabien Lechardoy de Barcus Mardoene, mais il y en a d’autres. Voici ceux que ma connaissance me permet de citer, dans l’ordre de leur première représentation :

1 - Michel Berçaits, 1991, Harizpe, à Musculdy.
2 - Jean-Pierre Récalt, 1991, Xalbador, à Larrau. Au total, onze pastorales mises en scène.
3 - Jean-Fabien Léchardoy, 1998, Herriko semeak, à Barcus. Cinq travaux, dont celui de 2010.
4 - Jean Berdot, 2000, Madalena de Jauréguiberry, à Esquiule.
5 - Michel Arotce Sartantxü, 2001, Etxahun-Iruri, à Trois-Ville (avec Battitta Urruty).
6 - André Eppherre et
7 - Pier-Pol Berçaits, 2003, Ramuntxo, à Idaux-Mendy.
8 - Maite Ithurralde-Pessans et
9 - Sophie Larrandaburu, 2006, Jesüs, avec les élèves du collège Saint François de Mauléon.
10 - Nicole Lougarot Etchécopar, 2006, Oiherkoren trajeria, à Hegillorre.

En travaillant main dans la main avec l’auteur, en lui proposant des améliorations et en écoutant à son tour les propositions de l’auteur, l’errejent peut faire des miracles. D’une mince histoire il tire quelque chose de beau, d’un bon écrit il fabrique une belle pièce, d’un texte choisi construit une grande œuvre théâtrale. Je n’ai jamais vu de mauvaise pastorale. Il est vrai que j’y assiste pour mon plaisir, et non en juge : je suis l’histoire de bout en bout, ainsi je ne m’ennuie jamais, même dans les plus longues pièces. Car la pastorale c’est cela avant tout : une histoire joliment chantée et dansée, non pas un simple concert ou bal. Ces derniers peuvent être préparés bien plus aisément et n’exigent pas le travail colossal nécessaire à l’organisation d’une pastorale.

Les chefs de chœur dans la pastorale

Le chant a pris une place très importante, notamment les vingt dernières années : on en trouve souvent une douzaine par pastorale, auxquels j’ajouterais certains vers des koblakari, puisque, dans les dialogues, ils sont parfois chantés dans une mélodie plus complexe que les versets grégoriens et servent à rompre la monotonie. Toutefois, certains auditeurs les confondent avec les chants. Ainsi, lors de la pastorale d’Espès, un jeune auditeur m’émit une critique surprenante, me disant que j’avais utilisé deux fois le même air : mais, cher ami, dans les versets classiques, nous entendons le même air deux cents fois !

Jusqu’à récemment, l’errejent de pastorale assurait également cette tâche. Depuis 1995, à Roquiague, dans le livret de la pastorale Aguirre Presidenta, les deux tâches apparaissent séparées. Les chefs de chœurs les plus célèbres sont Beñat Achiary, Michel Etchécopar, Pier-Pol Berçaits, Niko Etchart, Sophie Larrandaburu, Lüxi Etchécopar Ximena...(INDEX)

9. Les femmes dans la pastorale

Le premier pas fut fait par l’errejent Marcelin Héguiaphal en 1976 à Sainte Engrâce, à l’occasion de la première pastorale de Junes Casenave, puisqu’il intégra les femmes dans le chœur.

En 1979, quelques filles et jeunes femmes présentèrent, sous la direction de Battitta Urruty, Ximena, d’Etxahun, à Tardets puis à Trois-Ville ; un véritable défi. Le message fut entendu : l’année suivante, à Ordiarp, dans la pastorale Iparragirre d’Etxahun, toujours sous la direction d’Urruty, les femmes jouèrent les rôles féminins dans une pièce auparavant jouée par les hommes.

Dix ans après, en 1990, de nombreuses femmes participèrent à ma pastorale Abadia Ürrüstoi, à Mauléon ; en effet, les acteurs étaient les parents d’élèves de l’ikastola, et ça n’avait pas été facile de trouver un rôle à chacune. Nous en avions nommé certaines maires, avocates et à de nombreux postes occupés exclusivement par les hommes au XIXème siècle, mais cela ne suffisait pas. Lüxi Etchécopar Ximena me demanda si les femmes pouvaient jouer les rôles de turcs. Je lui dis que je n’étais pas contre, mais que nous devions en parler à l’errejent. Nous allâmes immédiatement voir Battitta Urruty, qui se montra lui aussi tout à fait d’accord. Voilà comment naquit le nouveau rôle des dames turques. En plus d’être belles, elles ont la parole et la manient même mieux que nous. Ainsi les Satans peuvent-ils se taire plus souvent : pour ma part, je préfère voir danser les femmes, et je suis loin d’être le seul. Désormais, dans mes pastorales, les dames turques disent des vérités quelquefois difficiles à entendre mais nécessaires. Et de grâce, qu’on oublie définitivement le vilain nom de « türketa » (turquette) !

Selon le dessin de Louis Colas en 1922, scène de pastorale

Selon le dessin de Louis Colas en 1922, scène de pastorale.

En 2000, à Esquiule, dans la pastorale Madalena de Jaureguiberry de Berçaits, sous la direction de J. Berdot, pour la première fois une femme fut süjet (personnage principal) dans une pièce mixte. Ce miracle se reproduisit en 2006 à Sainte Engrâce, dans la pastorale Santa Engrazia, sous la direction de J.P. Récalt, puis cette année à Alos-Sibas-Abense, avec les frères Récalt, dans la pastorale Belagileen trajedia.

En 2008, pour la première fois, une femme écrivit une pastorale : Maite Berrogain Ithurbide.

La participation des femmes a apporté d’autres changements, notamment la beauté des costumes. Certains experts de la pastorale s’en plaignent, car ils estiment que cela représente une compétition onéreuse qui cause du tort aux petits villages ; ils critiquent également la déviation de la pastorale en reconstitution historique, puisque l’anachronisme constitue une qualité spécifique à ce théâtre. Il est vrai que le coût des pastorales augmente outre mesure.

Cependant, que l’organisateur soit grand ou petit, qui paye l’addition ? D’une part, le public ; d’autre part, les commerçants, banques, entreprises et usines qui en font la publicité ; et troisièmement, les institutions publiques qui subventionnent.

Deuxièmement, il est vrai que le rouge des turcs et le bleu des chrétiens ne sont pas toujours respectés, mais ces dernières années un effort a été fait en ce sens, car les gens en ont exprimé le souci. Enfin, la plupart des costumes sont cousus par les femmes du village, bénévolement, puis, une fois la pastorale terminée, dans certains villages, les commerçantes se réunissent de temps en temps pour poursuivre leur travail. Voici un autre fruit de la pastorale, et pas des moindres, puisqu’il favorise l’amitié et la cohabitation dans les villages.

La pastorale a d’autres conséquences : elle donne souvent naissance à un groupe de danse permanent ou à une chorale, dont les membres les plus fidèles sont les femmes, une fois de plus.

Par ailleurs, cela pousse certaines personnes à apprendre le basque ou à améliorer leur niveau de langue, en cours du soir. Tout cela ne peut venir de l’extérieur : il faut être né en Soule ou y vivre. Il y a parmi nous des personnes qui ne sont pas souletines mais qui, s’étant installés ici, comprennent tout de suite et vont même jusqu’à participer.

Revenons un instant aux acteurs. Au départ, ils étaient 25 ou 30, plus deux ou trois Satans. Ils sont aujourd’hui bien plus nombreux : 120 en 2004 à Mauléon (Antso Handia), un peu plus en 2008 à Espès (Xiberoko Jauna). Après la pastorale de Mauléon, certains étrangers avaient considéré que la capitale avait voulu faire une démonstration de force. Ce n’est pas le cas : d’après la tendance actuelle, tous les candidats acteurs avaient été acceptés, et il est évident que personne ne les avait forcés. Or il y a évidemment plus de monde à Mauléon qu’à Roquiague, et donc, proportionnellement, plus de candidats. D’un côté, cette caractéristique est belle, car elle montre que la pastorale est l’affaire démocratique de tous les villageois. Toutefois, en pratique, cela crée de réels problèmes. Apparaître sur scène, ce n’est déjà pas évident… alors y évoluer ! L’errejent doit abattre un travail colossal pour enseigner à chacun, pour organiser cette véritable armée et trouver un rôle à chacun. Et il faut aussi habiller tout le monde !

De même, les danseurs sont de plus en plus nombreux. D’un côté, tant mieux ! Mais, parfois, le fait de présenter dix, douze, quatorze danseurs ne nuit-il pas à la qualité de la représentation ? Là aussi, les filles sont habituellement bien plus nombreuses que les garçons ; voilà encore un domaine où elles sont plus fidèles.

Le grand nombre d’acteurs allonge la pastorale d’allers-retours, d’entrées et de sorties, de déplacements et de changements de rôles. De plus, il faut ajouter des versets à l’histoire, pour permettre à chacun d’en interpréter un ou deux : dans mes deux dernières pastorales, j’ai été obligé d’en ajouter vingt-et-un. La plupart des spectateurs ne se sont pas ennuyés, mais certains ont trouvé que c’était long ; peut-être parce qu’ils ne suivent pas l’histoire et sont à l’affût des erreurs qui se glissent dans les pastorales.(INDEX)

10. Avenir de la pastorale

Dans l’entre-deux-guerres, Georges Hérelle avait annoncé que la pastorale était sur le point de disparaître :

« Qu’on renonce donc aux vaines espérances. Le théâtre basque est irrévocablement condamné au même sort que ses congénères. Le théâtre flamand et le théâtre pyrénéen ont succombé vers 1830, le théâtre breton vers 1850, le théâtre de l’Apennin toscan et modénois vers 1870, le théâtre du Trentin vers 1880. Le théâtre basque ne leur survivra pas longtemps. » (Etre basque, Jean Haritschelhar, p. 281).

Depuis, Hérelle est mort, car malheureusement nul n’est éternel, mais la pastorale vit toujours, et se montre même plus vigoureuse que jamais.

Aujourd’hui, je pense que Kepa Fernandez de Larrinoa, professeur à l’Université de Vitoria/Gasteiz, a pris sa suite. Il a en effet écrit l’article « Pastoralaren azkenaren zentzazioak » (Sensations de la fin de la pastorale), dans le livre « Théâtre populaire européen » publié par Eusko Ikaskuntza. Si j’ai bien compris ce qui y est écrit, il promet lui aussi un court répit à la pastorale. Quant à moi, je ne suis pas sûr qu’il puisse être présent pour assister à sa disparition.

Je ne veux pas dire par là que tout va bien pour notre théâtre ancien et néanmoins toujours nouveau. J’ai moi aussi quelques inquiétudes, non pas sur la durée de sa vie, mais sur son contenu et sa qualité.

La pastorale connaît un succès grandissant et un public de plus en plus nombreux. Je perçois dans ce nouveau public deux tendances différentes et opposées : d’une part ceux qui s’intéressent réellement à l’histoire racontée, et d’autre part ceux qui veulent simplement assister à une belle comédie musicale. Laquelle de ces tendances s’imposera-t-elle ? C’est de cela que dépendra l’avenir de la pastorale.

J’estime que celui qui ne s’intéresse pas au texte de l’auteur, qui nous pousse à toujours raccourcir, celui qui demande toujours plus de changements et de nouveautés, met la pastorale réellement en danger. Celui-là ne sait pas ce qu’est réellement la pastorale ; il doit l’apprendre. Disons-le clairement. La pastorale raconte une histoire, chaque fois différente. Ne dites pas bêtement que « la pastorale c’est toujours pareil » ! Et que certains journalistes basques ne me demandent plus « quelle est la nouveauté de la pastorale de cette année ? ». La grande nouveauté, c’est de raconter une nouvelle histoire, voilà tout !

Une histoire ne peut être racontée sans texte. Même dans les dessins animés, certains mots ou phrases apparaissent dans des bulles, pour expliquer les évènements. Si l’auteur raccourcit trop le texte, on ne peut suivre l’histoire, on se perd, on s’ennuie et on commence à discuter, perturbant ainsi nos voisins.

Si je m’ennuie, cela veut dire que je ne suis pas entré dans l’histoire, que j’ai perdu le fil, ou que les discussions de mes voisins m’ont perturbé.

Le thème et le héros de l’histoire ont aussi leur poids. Le véritable nom de la pastorale est trajeria (tragédie). C’est une épopée, elle a besoin d’un sujet épique, non comique. C’est pourquoi les auteurs de pastorales, dont je fais partie, doivent faire attention au choix des héros, pour qu’ils soient suffisamment forts et sérieux et qu’ils puissent apporter un message positif.

Naturellement, il faut aussi des nouveautés, il y en a toujours eu, et aujourd’hui plus que jamais. Mais, là aussi, attention aux excès ! Si on apporte des modifications maladroites, la vraie pastorale s’en trouvera défigurée. Cela dit, il existe aussi des gens, même en Soule, qui n’aiment pas la pastorale ; il y en a toujours eu. Mais qu’on laisse en paix ceux qui l’aiment : nous ne forçons personne. Que les personnes qui ne sont pas intéressées restent chez elles, ou qu’elles aillent ailleurs. D’une pierre deux coups, nous en serons aussi ravis.

L’auteur doit garder sa place, il est le père ou la mère de la pastorale. Il ne doit pas être esclave de la mode, tel un adolescent. D’une certaine manière, c’est lui qui fait la mode, main dans la main avec le metteur en scène. Il est vrai que le genre de la pastorale est difficile pour l’auteur, qu’il lui laisse peu de liberté. Mais si un auteur n’est pas à son aise dans ce genre, qu’il ne défigure pas la pastorale, qu’il ne la mette pas à son service. Il peut écrire des pièces de genres plus libres, comme Pier-Pol Berçaits et Patrick Quéheille. Ces deux auteurs alternent les deux genres avec succès. Mais il peut aussi bien y avoir des auteurs totalement en dehors de la pastorale ; il en faudrait, car l’année est longue. La pastorale occupe l’été, la mascarade l’hiver, mais le printemps et l’automne sont libres.

Un dernier mot. La pastorale est l’opéra des Basques, elle présente des hommes et des femmes forts. N’en faisons pas une opérette papillonne qui va là où le vent la mène, comme les pauvres jeunes filles mal payées, maigres et affamées esclaves de la dernière mode inventive.(INDEX)

Détail de représentation de la pastorale Allande d'Oihenart à Musculdy (Soule). Juillet 1985

Détail de représentation de la pastorale Allande d'Oihenart à Musculdy (Soule). Juillet 1985.

Bibliographie

La liste suivante n’est pas une bibliographie savante: les œuvres citées sont très accessibles. J’y ai classé les auteurs non par ordre alphabétique, mais par ordre chronologique, en commençant par le texte le plus ancien évoquant la pastorale souletine.

Michel, Francisque: Le Pays Basque, 1857. Elkar, 1994.

Webster, Wentworth: Les loisirs d’un étranger au Pays Basque, 1901. Elkarlanean, 1999.

Hérelle, Georges:

- La représentation des Pastorales basques à sujets tragiques, 1923, Paris.
- Les Pastorales à sujets tragiques. Techniques des pièces. Histoire des répertoires. 1926, Paris.
- Le répertoire du Théâtre tragique. Catalogue analytique. 1926, Paris.

Urkizu, Patri: Eusko teatroaren historia, 1975, Donostia-San Sebastián.

Casenave, Junes:

- Vers l’origine du théâtre souletin, revue Ekaina n° 6, 1983.
- Zuberotar antzerkiaren sortzeaz eta iturriez, revue Antzerti, 1983.
- Nombreux articles dans différents journaux et revues.
- Deux travaux encore inédits:
1-Xiberoko antzertia edo pastorala.
2-La pastorale, théâtre populaire souletin. Ils devraient être publiés prochainement.

Haritschelhar, Jean: Etre basque. La pastorale, pp. 276-286. Privat, 1983.

Oyharçabal, Bernard:

- Zuberoako Herri Teatroa, Donostia-San Sebastián, 1985.
- La pastorale souletine. Edition critique de Charlemagne. Donostia- San Sebastián, 1991.
- Place de Sainte Elisabeth de Portugal (1750) dans l’histoire des tragédies traditionnelles en langue basque, revue Lapurdum IX, décembre 2004, Bayonne (pp. 205-214).

Aguergaray, Arnaud:

- Livret de la pastorale A.d’Oihenart, Musculdy, 1985.
- Les pastorales modernes en Barétous, revue Ekaina n°40, 1991, pp. 283-294.
- Cent ans de pastorales en Soule et dans les Pyrénées, Jakintza, Ciboure, 2008.
- Nombreux articles dans différents journaux et revues.

Lauburu: La pastorale, Théâtre populaire basque en Soule (1951-1980), Bayonne, 1987.

Orpustan, Jean-Baptiste: Précis d’histoire littéraire basque, 1545-1950, Izpegi, 1996.

Davant, Jean-Louis:

- Pastoralaren aldaketaz, Tolosa, 1998/XI/13-14, Antonio Maria Labaienen mendeurrena, V. Herri-Literatura Jardunaldiak: Herri antzerkiaz (pp. 301-313).
- Nombreux articles dans différents journaux et revues.
- Igaraneko trajeria zonbait: livret de la pastorale Xiberoko Jauna, Ezpeize, 2008.

Marliave, Oilivier de: Fêtes et traditions du Pays Basque, éditions Sud-Ouest, 1998.

Kortazar, Jon: Pastoralak, Egan 1998 –1/2 (supplément).

Etchécopar Etchart, Hélène:

- Théâtres basques, une histoire du théâtre populaire en marche... Gatuzain, Bayonne, 1998.
- Ambivalence du théâtre populaire basque: Théâtre populaire européen, Eusko Ikaskuntza, Bayonne, 1998 (pp. 63-85).

Fernandez de Larrinoa, Kepa: Pastoralaren azkenaren zentzazioak, Eusko Ikaskuntza, pp.181-188. (INDEX)

Opinion des lecteurs:

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