211 Zenbakia 2003-05-23 / 2003-05-30

Elkarrizketa

René Cassin: "Il a toujours défendu le même idéal de Paix jusqu'à la fin"

BUTRÓN, Ainize

René Cassin René Cassin, le seul Prix Nobel né au Pays Basque "Il a toujours défendu le même idéal de Paix jusqu'à la fin" * Ainize Butron René Cassin est né à Bayonne, ville qu'il dut quitter très jeune mais à laquelle il resta attaché toute sa vie. Comme le soulignent Monsieur et Madame Raoux, petits cousins germains de René Cassin et derniers descendants de celui ci, « il était très lié à ses ancêtres juifs du quartier Saint Esprit de Bayonne et surtout à sa famille ». Cette affection se traduisait par des séjours réguliers avec sa mère, chaque été, dans la maison familiale de Saint Esprit. Comme le rappelle Monsieur Raoux, " lorsqu'il décida d'embarquer pour l'Angleterre, il se rendit au cimetière juif du quartier Saint Étienne pour faire un dernier adieu à ses ancêtres ». C'est lors d'une courte conversation avec les derniers descendants de René Cassin, nous avons pu évoquer la mémoire de cet homme qui a marqué notre siècle car il n'a cessé d'affirmer et d'enseigner le caractère irremplaçable de chaque personne et le respect absolu d'humanité. "Il a toujours défendu le même idéal de Paix jusqu'à la fin" René Cassin quand il était jeune, assis. Debout autour de lui : son frère aîné, son cousin Max Cassin (le père de la femme de la familleRaoux) et Albert Bluch, professeur de tous à cette époque. La photo date du début du XXe siècle et elle fut exposée un temps au Musée Basque de Bayonne. Vous étiez très liés à René Cassin? Oh oui bien sûr, mon beau père et René Cassin étaient cousins germains du côté de la mère et du côté du père. Ils étaient très liés, mais plus tard René Cassin a fait la vie qu'il a faite et mon beau père, lui, est parti en Espagne. Actuellement il ne reste plus que nous de sa famille proche à Bayonne. Mais René Cassin venait très souvent à Bayonne, notamment dans son adolescence avec sa mère. Il aimait beaucoup séjourner ici. Ils venaient souvent à la ferme de Rachel Cottage à Saint Etienne, et René Cassin était très lié avec les enfantsdes familles Lafitte et Lataste. Sa mère et sa tante qui étaient jumelles s'occupaient le plus souvent des enfants du quartier, elles servaient de répétitrices. Les lieux caractéristiques de présence de René Cassin, à Bayonne, sont d'une part la ferme de Rachel Cottage que René Cassin lui même nommait "Paradis", et la villa Bonheur à Biarritz. Son dernier séjour à Bayonne fut un peu avant son embarquement vers l'Angleterre ... Oui, lors de son dernier séjour, avant d'embarquer à Saint Jean de Luz au moment de l'occupation, pour rejoindre de Gaulle, René Cassin lui même raconte comment il vint dire adieu à ses ancêtres au cimetière juif de Bayonne. Puis il raconte aussi comment il fut reçu par des amis avant d'embarquer et les renseignements qu'il obtint du commissaire de Saint Jean de Luz. Qu'est ce qui l'avait poussé à partir? Il ne l'avait pas entendu directement, mais il avait été frappé par l'appel de de Gaulle. Peut on dire que René Cassin était le représentant de la communauté juive de Bayonne? Oui et non. Il s'est toujours senti juif et il n'a jamais renié cette appartenance, mais religieusement il n'était pas pratiquant. C'est assez curieux d'ailleurs car il avait un tempérament plutôt religieux, car d'un enthousiasme assez lyrique, et il était très idéologue. Son père n'était pas non plus pratiquant, donc il n'était pas vraiment représentatif de la colonie croyante qu'il y avait à Saint Esprit. Pourtant vous dites qu'avant de partir en Angleterre il avait été à Saint Esprit dire adieu à ses ancêtres… Cela fait partie de cette solidarité juive qu'il n'a jamais reniée et qu'il a au contraire toujours voulu garder. Maison de Rachel Cottage au quartier Saint Étienne. Quel souvenir gardez vous de lui? Je l'avais fait venir pour présider la distribution des prix du lycée de Dijon, lorsque j'y exerçais en tant que proviseur. Il devait venir, et je me souviens que j'avais une frousse terrible parce que, à cette époque là, nous faisions une distribution des prixtraditionnelle, en rassemblant tous les élèves du lycée de la 6e à la terminale, ce qui représentait 1200 élèves. Ils étaient là pour écouter deux hommes qui parlaient d'un sujet ou de l'autre. J'avais beaucoup d'appréhension car il y avait souvent beaucoup de chahut et à ma grande surprise, il avait parlé pendant trois quarts d'heure, et aucun élève n'a fait de bruit. Je n'avais pas eu à intervenir. J'ai cette impression dominante de l'homme qui a su captiver l'attention de ces enfants. Autrement dit, il avait le contact facile avec les jeunes. Un autre souvenir plus personnel : nous étions dans l'appartement de sa sœur avec un de mes fils qui devait avoir dix ou douze ans. Et je vois encore ce vieillard prix Nobel de la Paix qui écoute attentivement propos de cet enfant et qui s'intéresse à ce qu'il dit. C'est, il me semble, un trait de caractère important chez cet homme qui avait un contact très facile avec les jeunes. Il est resté très jeune jusqu'à la fin. Il admirait beaucoup de Gaulle... Leurs idées politiques étaient très différentes. De Gaulle lui a fait confiance juridiquement pour établir les liens entre la France Libre et l'Angleterre. De Gaulle avait très confiance en lui, mais leurs idées politiques était très différentes dans beaucoup de domaines. On lui avait proposé un ministère. il avait refusé... Oui il était très idéologue, il a toujours gardé un esprit juvénile et jusqu'à la fin était resté très idéologue. Lui c'est cela qui l'intéressait. Sa cause était la paix. Il avait été grièvement blessé pendant la guerre, très héroïquement d'ailleurs. Le capitaine de sa compagnie avait été tué et René Cassin avait prix la tête du groupe, c'est à ce moment là qu'il avait été blessé. Il sait ce qu'est la guerre pour l'avoir vécue, il a donc fondé plutard plusieurs organismes liés à la guerre, dont notamment un pour les orphelins de la guerre et une association d'anciens combattants. Et c'est toujours cette idée de Paix qui l'a guidé. La Déclaration des Droitsde l'Homme, même si elle va au delà de l'idée de la Paix, participe tout de même de son enthousiasme juvénile et de son attachement à cette idée générale de la Paix. Il était en fin de compte profondément humaniste. Photo prise au Jai Alai de Saint Jean de Luz vers 1959. La personne qui apparaît debout est René Cassin. Les personnes assises l'aplaudissent lors de son intervention. Comment avait il vécu l'obtention du Prix Nobel. C'était quelque chose d'important. Oui. Mais plus que le Prix Nobel de la Paix c'est le Panthéon qui était important pour lui. Il tenait à être au Panthéon, pas par vanité, mais plutôt par orgueil peut être. Il connaissait beaucoup les êtres humains pour les avoirs beaucoup côtoyés. Il savait qu'on n'était reconnu que si l'on avait telle ou telle fonction ou titre. Il savait que dire seulement qu'il a participé à je ne sait quelle déclaration universelle avait moins d'importance que si l'on montrait le titre de Prix Nobel. Il y tenait donc à ce prix Nobel, mais sans vanité. La déclaration universelle des Droits de l'Homme n'a pourtant pas été accepté tout de suite... Ça mettra toujours du temps, et il faudra sûrement qu'elle soit modifiée en fonction des mentalités d'autres pays qui ont des mentalités différentes des nôtres. Ses idées dérangeaient... Forcément. On dérange toujours lorsqu'on a des idées nettes, et comme il avait un idéal bien précis qu'il a toujours soutenu, il dérangeait. Mais en même temps, il était capable de travailler avec des gens comme de Gaulle qui n'avait pas toujours les mêmes idées que lui. Il le disait lui même d'ailleurs, tous les hommes ne sont pas bons, mais du moment qu'on arrive à ses fins…. René Cassin (Bayonne, 1887) René Cassin est né en 1887 à Bayonne de père portugais et mère bayonnaise. Issu d'une famille juive de Bayonne, il dut partir dès son plus jeune âge vivre à Nice avec ses parents. Son départ pour Nice ne l'a pas pour autant éloigné de sa ville natale où il venait régulièrement avec sa mère,notamment en été. Considéré aujourd'hui comme l'enfant de la ville, et comme un des représentants de la communauté juive de Bayonne, sa mémoire est encore présente dans la capitale labourdine. Le principal lycée de la ville porte notamment son nom, et René Cassin reçut de son vivant, en 1969, la médaille de la ville de Bayonne. Néanmoins, l'importance de ce personnage est surtout liée à son engagement politique aussi bien au niveau français qu'international. Il étudia le droit à Aix en Provence puis à Paris, et fut membre de la délégation française à la Société des Nations de 1921 à 1938. Ensuite, profondément bouleversé par l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, il décida de le rejoindre à Londres et devint le conseiller juridique de la France Libre. Il embarqua d'ailleurs de Saint Jean de Luz à bord d'un bateau Polonais. Sa vie fut ensuite marquée par une série de postes clés au sein de la vie politique de l'époque. Profondément humaniste, en 1959, il devint membre de la Cour européenne des Droits de l'Homme, qu'il présida de 1965 à 1968, et fut de fait le principal auteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU) en 1948. Cette implication lui a valu l'obtention en 1968 du Prix Nobel de la Paix. Si l'on parle de René Cassin, il semble tout de même important de rappeler quelques traits de caractère de cet homme, qui jusqu'à sa mort en 1976 fut attaché au même idéal humaniste et à la paix. Photos: Toutes ces photos ont été données par la famille Euskonews & Media 211. zbk (2003 / 05 / 23 30) Euskomedia: Euskal Kultur Informazio Zerbitzua Eusko Ikaskuntzaren Web Orria