Viviane DELPECH
“Mes exploits fulgurants passent comme une roue ;
Je vis ; je ne suis pas ce qu’on nomme un mortel ;
Mon trône vieillissant se transforme en autel ;
Quand le moment viendra que je quitte la terre,
Etant le jour, j’irai rentrer dans la lumière “.
Paroles du sultan Zim-Zizimi, “Les trônes d’Orient” in
Victor Hugo, La Légende des Siècles, 1859.
Le 6 décembre 2012, la thèse de doctorat d’Histoire de l’art intitulée Le château d’Abbadia à Hendaye : le monument idéal d’Antoine d’Abbadie, menée sous la direction de monsieur le professeur Dominique Dussol à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, a été soutenue devant un jury composé de messieurs les professeurs Bruno Foucart (Université Paris IV-Sorbonne), Jean Nayrolles (Université Toulouse II-Le Mirail), Esteban Castaner Munoz (Université de Perpignan-Via Domitia) et du conservateur général du patrimoine Bernard Toulier (Ministère de la Culture). Cette soutenance constitue l’aboutissement d’un projet de recherche de six années portant sur le château d’Abbadia, initié en 2005 avec une étude historique et touristique sur le parc1 et poursuivi en 2007 avec des travaux sur l’orientalisme.2 Ces investigations convergèrent finalement vers un sujet de thèse de doctorat déposé en 2008 et consacré à l’ensemble architectural, décoratif et paysager d’Abbadia.
Ill.1. Antoine d’Abbadie (1810-1897). Crédit photographique: Abbadia/Académie des Sciences.
La figure d’Antoine d’Abbadie (1810-1897) (ill.1) et la silhouette fantasmatique de sa demeure (ill.2) occupent une place de choix dans la mémoire collective du Pays basque et dans les milieux scientifiques, notamment éthiopisant, astronomique et géophysicien. En effet, cet érudit devenu membre de l’Académie des Sciences se distingua par un parcours de vie peu ordinaire. On l’identifie au singulier château néogothique qu’il laissa au paysage de la corniche basque et qu’il nomma “Abbadia” par analogie avec la maison de ses aïeux, sise dans le villaje d’Arrast, dans la province de Soule. Son père, Arnaud-Michel, quitta le giron familial souletin à l’aube de la Révolution française pour s’établir en Andalousie et, surtout, en Irlande, où il épousa Elizabeth Thompson of Park, une irlandaise fille de médecin. C’est à Dublin, le 3 janvier 1810, que le couple donna naissance à Antoine, fils aîné d’une fratrie de six enfants. Après avoir grandi dans la “sublime Eirin”3 puis à Toulouse et Paris, le jeune homme, passionné de sciences, entreprit plusieurs voyages lointains et périlleux, dont le plus marquant demeure son séjour de onze années en Ethiopie, en compagnie de son frère Arnauld, pour s’adonner à la quête aussi mythique que moderne des sources du Nil. De retour en France en 1850, d’Abbadie épousa une dizaine d’années plus tard Denise-Virginie Vincent de Saint-Bonnet (1828-1901), de dix-huit ans sa cadette et originaire de la haute-bourgeoisie lyonnaise. A l’instar de nombreux amateurs éclairés et aisés de son siècle, il se dédia à une impressionnante diversité d’activités savantes, telles que, entre autres, l’astronomie, la géographie, la géophysique, l’ethnographie ou la philologie. A tel point qu’il sut marquer d’une empreinte souvent pionnière différents champs scientifiques, en particulier la recherche moderne sur l’Ethiopie, dont il demeure l’un des fondateurs, ou la culture basque, dont il incarne l’une des figures du renouveau identitaire. Suite aux échecs de ses collaborations successives avec les architectes Clément Parent (1823-1884) et Auguste-Joseph Magne (1816-1885), il fit appel à Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) en 1864 pour édifier une demeure fidèle à ses héréroclites mais sévères exigences, qu’il légua, au crépuscule de sa vie et sous certaines conditions, à l’Académie des Sciences.4
Depuis lors, le château d’Abbadia se dresse fièrement, entre Hendaye et Urrugne, en un site spectaculaire dominé par la Rhune, sur les falaises verdoyantes battues par les vents hostiles de l’océan. Ses décors allient, avec parfois antinomie, l’inspiration médiévale romantique et l’orientalisme en plein essor dans les années 1860, la science — avec un observatoire astronomique — et la religion — avec une grande chapelle (ill.3)—, un bestiaire sculpté fantastique et des peintures ethnographiques éthiopiennes (ill.4)5. L’éclectisme d’Abbadia, autant que le caractère affirmé de son commanditaire, ne cesse de questionner et de fasciner érudits et profanes. Que ce soit du point de vue de l’architecture, de la décoration, du paysage ou des collections, la mixité de ses influences représente un enjeu fondamental de l’histoire de l’art du Second Empire, en même temps qu’elle résulte de la singulière personnalité de d’Abbadie. Visant à définir et comprendre cette richesse artistique reconnue, notre thèse s’interroge sur l’origine, le déroulement, l’expression et la portée de la construction d’Abbadia et de son domaine.
Si le savant basco-irlandais aux multiples et parfois étonnantes facettes fit l’objet d’un congrès international, organisé à Sare par Eusko Ikaskuntza et Euskaltzaindia en 19976, le château, quant à lui, fut seulement étudié au sein de trois articles de fond, respectivement publiés par Bruno Foucart, Hélène Guéné et Hortensia Gauthier, entre 1986 et 20017, et surtout dans le mémoire précurseur de Sylvie Fourrel de Frettes en 19948. Suite aux investigations de cette dernière et grâce à l’initiative volontaire de Jean Dercourt, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, et de Alain Rieu, conservateur régional des Monuments Historiques, l’édifice classé au titre des Monuments Historiques depuis 1984 fit l’objet d’une considérable campagne de restauration, concernant aussi bien les extérieurs, entre 1997 et 2000, que l’ensemble des luxuriants décors intérieurs, de 2001 à 20079. En l’espace d’une dizaine d’années, Abbadia a ainsi recouvré sa splendeur d’antan et, depuis 1996, s’offre au public local ou itinérant comme un joyau artistique et universaliste.
Ill.2. Le château d’Abbadia sur la corniche basque par Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit. Crédit photographique: C. Rebière-Balloïde Photos.
La “renaissance d’Abbadia”10 et ce regain d’intérêt envers son commanditaire ont abouti au classement de son parc en 2012 et à l’obtention, dès la première campagne de candidature, du label “Maison des Illustres”, décerné par le ministère de la Culture et créé à l’initiative de Frédéric Mitterand en 2011.11 Pour autant, malgré l’attention portée durant la seconde moitié des années 1990 et ces reconnaissances officielles, de nombreuses zones d’ombre persistaient, en dépit des apparences, aussi bien autour du personnage de d’Abbadie que de sa demeure, parce que les archives d’Abbadia, particulièrement prolifiques, restaient majoritairement inexploitées. Aussi nos travaux s’appuient-ils sur un potentiel archivistique rare par sa masse et souhaitent-ils s’inscrire dans le prolongement des précédentes investigations, en apportant des approfondissements inédits et une mise en perspective avec l’histoire, la société, les modes de pensée et les arts du XIXe siècle.
Le potentiel et la profusion exceptionnelle des fonds d’Abbadia nous ont conduit logiquement à envisager une thèse qui ferait émerger le lien intime peu commun existant entre l’édifice et la personnalité de son commanditaire. C’est pourquoi il a semblé opportun, suite à un long dépouillement archivistique de trois ans, de tirer profit des informations biographiques autant que des renseignements directement liés au chantier et à ses maîtres d’oeuvre. Dès lors, la totalité des fonds relatifs à Abbadia et son ordonnateur ont été consultés pour les besoins de cette thèse, soit plus de vingt-cinq mille documents archivistiques, pour la plupart olographes, mais aussi photographiques et graphiques. Hormis la correspondance pléthorique laissée par d’Abbadie, il a été indispensable d’étudier les fonds de l’Académie des Sciences, de l’Institut de France, de la Bibliothèque nationale, des Archives départementales des Pyrénées atlantiques, de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, du musée de Picardie — qui conserve quelques projets préparatoires dessinés par l’architecte Duthoit —, ou encore des Archives historiques de la Propagande de la Foi à Rome et des Archives secrètes du Vatican. Le cadre d’une thèse était particulièrement propice à une étude exhaustive de ces fonds prolifiques. L’objectif de ces longues investigations consistait à s’affranchir des approches cloisonnées rendues nécessaires jusqu’alors par la complexité du personnage, de sa demeure et l’étendue des disciplines qu’ils embrassent. Il s’agissait d’en offrir une vision d’ensemble définissant Abbadia et d’Abbadie à travers leur caractère composite, une démarche moins conditionnée par le principe de la mémoire — et ce qu’elle suppose d’imprécision et d’oubli — que par la fiabilité du croisement des témoignages historiques. Mais surtout, cette mise en perspective vise à faire valoir le sens de l’originalité de la demeure et de son bâtisseur, car leurs influences, médiévales, orientales, religieuses ou scientifiques, ne peuvent se concevoir comme des faits isolés mais bien comme des éléments participant d’une cohérence d’ensemble.
La profusion des sources et l’intérêt de l’édifice en lui-même n’aboutissent pas à une seule et unique conclusion mais à une masse d’enseignements aussi divers qu’essentiels, chacun dans leur domaine. En effet, Abbadia se distingue par le savoir-faire et les principes théoriques de ses architectes Viollet-le-Duc et Duthoit, ainsi que par la richesse exemplaire de son réseau de sociabilités et par l’empreinte personnelle, plus profonde qu’ailleurs, de son bâtisseur.12
Ill.3. La chapelle d’Abbadia et son décor polychrome, par Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit. Crédit photographique : V. Delpech.
Nous avons ainsi tenté d’élucider de nombreux points concernant le portrait de chacun des époux d’Abbadie, leur ascendance respective et leur rencontre ; le déroulement du séjour en Ethiopie d’Antoine, sa préparation nécessitant le patronage de grands voyageurs ; ou bien ses travaux scientifiques, dont tous les aspects — ethnographique, astronomique, géodésique, géophysique, philologique — s’inscrivent dans une démarche géographique propre au XIXe siècle, mais, ici, singulièrement placée sous l’égide du catholicisme. De même, nous avons tenté de lever le voile sur la vie sociale et familiale du savant, notamment en clarifiant les circonstances de sa rupture avec ses frères, de ses relations avec les communautés savantes et religieuses ou de son entregent, surestimé après la campagne d’Italie (1859), avec Napoléon III. Quant à l’implication du couple dans le chantier, elle s’est révélée plus intrusive encore qu’on ne le pensait jusque-là, d’Abbadie s’improvisant comme son “propre entrepreneur”; son épouse en surveillante de chantier efficace et investie au point, parfois, d’en sacrifier sa santé.
En ce qui concerne les maîtres d’oeuvre, les rôles de Viollet-le-Duc et de Duthoit, qui posèrent longtemps question tant leurs réalisations peuvent se confondre13, sont désormais clairement définis et témoignent d’une “collaboration exemplaire” et complexe.14 Le restaurateur de Notre-Dame de Paris remanial organisation horizontale proposée par Parent, notamment en ce qui concerne la logique circulatoire et les espaces d’accueil. Il dessina les plans et les élévations de la demeure et de la chapelle, ainsi que les bestiaires du porche, de l’escalier d’honneur et, sans doute, du sanctuaire. Duthoit se chargea du suivi du chantier — où Viollet-le-Duc intervint également et fut régulièrement consulté —, de la conception des décors et du mobilier, mais aussi de la création complète de l’observatoire et de son bestiaire. Il est toutefois difficile d’évaluer son degré d’invention, sa liberté créative n’apparaissant pas aussi tranchée. En effet, il a su apporter à Abbadia un véritable renouveau iconographique qui lui appartient, entre autres fondé sur l’influence de l’Orient, aussi bien qu’il s’est conformé jusqu’au plagiat aux leçons de son mentor. D’ailleurs, si, du point de vue ornemental, la filiation avec les châteaux de Pierrefonds (Oise) et de Roquetaillade (Gironde) demeure manifeste — avec notamment le remploi direct de certains projets —, celle avec les chantiers de Viollet-le-Duc n’incluant pas l’intervention de Duthoit est tout aussi évidente, particulièrement avec le château de Pupetières (Isère) et même la cathédrale Notre-Dame de Paris. Toujours est-il qu’Abbadia constitue un exemple éloquent du rationalisme et du nationalisme architectural promus par Viollet-le-Duc, d’autant plus qu’il s’agit d’un chantier achevé, impliquant la notion d’art total. En cela, il semble qu’il puisse annoncer les prémisses de l’Art nouveau.
Cette étude a, par ailleurs, permis de sortir de l’ombre le rôle de l’architecte-paysagiste Eugène Bühler. Outre l’attribution du parc d’Abbadia, complétée par une analyse morphologique et chronologique, il est désormais établi qu’il est l’auteur de la ferme Aragorri — qui abrite les communs du château — et du remaniement territorial du quartier de Subernoa — où le château est implanté et dont d’Abbadie était, avec 415 hectares de terres à la fin de sa vie, le principal propriétaire. En tant qu’ami intime du savant, Bühler apparaît, de plus, comme un véritable conseiller occulte en matière d’architecture et de décoration.
L’étude des autres intervenants sur le chantier a, en outre, mis au jour l’étendue du réseau artistique d’Abbadia, révélant des noms réputés du monde de l’art durant la seconde moitié du XIXe siècle : Léon Parvillée pour ses oeuvres de céramique orientaliste, Placide Poussielgue-Rusand et Jean-Alexandre Chertier pour les arts précieux, la firme berlinoise Renaissance pour l’exécution du mobilier, et la fa?encerie de Gien ; cinq entreprises dont les interventions à Abbadia étaient déjà identifiées mais jamais analysées. Cette étude révèle, par ailleurs, la présence jusqu’alors inconnue de protagonistes comme Charles-Laurent Maréchal dans le domaine du vitrail, Raulin dans celui de l’ébénisterie chinoisante, ainsi que des artistes comme le peintre Adrien Guignet, le sculpteur Dantan jeune, le brillant émailleur sur verre Philippe-Joseph Brocard ou encore le céramiste suisse Schoch-Läderach ; qui témoignent tous de l’éclectisme, du luxe et du raffinement d’une certaine manière d’habiter dans une demeure idéale au XIXe siècle. En ce sens, reflétant les progrès technologiques et sociétaux de leur temps, les nouvelles industries et les grands magasins, cathédrales des temps modernes, ne sont pas non plus étrangers à ce chantier, comme en attestent les commandes adressées aux entreprises anglaises Simpson & Son, Maw & Co et Hart, Son, Peard & Co ou aux enseignes parisiennes telles que le Bon Marché et les Grands magasins du Louvre.
Ill.4. Le vestibule d’Abbadia, son vitrail héraldique et ses peintures ethnographiques éthiopiennes, par Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit. Crédit photographique : Photoclub Hendayais/Ben.
Par ailleurs, les sources archivistiques ont permis de renseigner avec précision l’étude de la main d’oeuvre, souvent anonyme et méconnue dans ce type de chantier de grande ampleur. Abbadia se démarque par sa dimension régionaliste revendicative dans le sens où le recrutement des ouvriers repose, dès que possible, sur des individus issus du Pays basque. Bien que cette démarche de proximité s’observe encore souvent ailleurs au XIXe siècle pour d’évidentes raisons matérielles et logistiques, d’Abbadie affirmait privilégier délibérément la population basque, surtout lorsqu’elle était pauvre, par solidarité culturelle, ayant bien conscience du moteur économique que représentait son projet. Le château possède en outre une spécificité peu ordinaire résultant de l’implication du réseau personnel du savant. On soulignera entre autres le rôle des hommes d’églises locaux, tels que le chanoine Inchauspé ou le père biscayen Arana, dans le recrutement de la main d’oeuvre ; celui des érudits linguistes, comme Jules Mohl, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans l’élaboration des inscriptions ornementales ; des missionnaires, parmi lesquels le futur cardinal Massaja et l’évêque Touvier, pour la constitution de la collection éthiopienne ; ou encore des astronomes britanniques, dont les célèbres Sir George B. Airy ou Richard C. Carrington, dans la création de l’observatoire de Duthoit.
Enfin, dans son rapport au monde et à soi, Abbadia résulte aussi bien de phénomènes de mode, tels que la villégiature de bord de mer, que d’une forme de contreculture romantique, véhiculée notamment par le style néogothique et l’organisation humaine du domaine. S’il implique fondamentalement un parti pris politico-religieux et le regard de la société, le château se définit également comme un refuge replié sur lui-même, un ermitage, une thébaïde, où d’Abbadie a su rassembler ses valeurs conservatrices, son idéal romantique révolu et ses centres d’intérêt hétéroclites, en y associant parfois contradictoirement art, science et religion. C’est pourquoi l’édifice, en tant que produit fidèle de la personnalité de son bâtisseur, en devient même le portrait architectural. Ancré dans sa chère terre basque et absorbé vers les cieux divins, d’Abbadie inventa un microcosme utopique s’imposant comme le symbole d’une illusoire résistance aux évolutions sociopolitiques et, selon ses termes, à la “déchéance morale” de son siècle. En faisant d’Abbadia la matérialité d’une nouvelle légende, en léguant son patrimoine au bien commun, en s’offrant impudiquement au monde et en y établissant sa sépulture, le savant basco-irlandais fut l’instigateur d’une oeuvre architecturale profonde, transcendant les fonctions utilitaire, esthétique et sociale ; une architecture épique voire funéraire visant au culte de la mémoire à l’instar des monumenti des héros antiques. Cela explique, finalement, le choix du titre de cette thèse, Le monument idéal d’Antoine d’Abbadie, qui souhaite à la fois mettre en valeur les notions du souvenir, de l’incarnation et de l’utopie promues par le maître de cette demeure.
En somme, plus qu’un projet architectural et plus qu’une oeuvre d’art, le château d’Abbadia se dévoile comme un sanctuaire de la connaissance et de l’introspection, qui invite au voyage dans l’espace et dans le temps, qui raconte mille histoires, des plus réalistes aux plus fantasmées. Il s’agit avant tout d’un édifice exceptionnel de par la qualité et la multiplicité de ses créateurs et de ses exécutants, un monument personnel et personnifié qui, désormais fort de ses reconnaissances officielles, de l’intérêt du monde scientifique et des récentes recherches, devrait, nous l’espérons, s’affirmer comme une référence à la fois conformiste et contreculturelle de l’histoire de l’art contemporain et de l’histoire de la société du second XIXe siècle.
1 DELPECH V., Château d’Abbadia : les enjeux culturels et touristiques de la restauration du parc, mémoire de Master 1 professionnel Ingénierie touristique, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2006.
2 DELPECH V., Orientalisme rêvé et souvenirs de voyage au château d’Abbadia, mémoire de Master 2 recherche Histoire de l’art, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2008.
3 Nom poétique d’origine gaélique désignant l’Irlande.
4 C’est pourquoi, désignée comme donataire et donc propriétaire lors du legs de 1896, l’Académie des Sciences a obtenu la jouissance de l’édifice depuis le décès de Virginie d’Abbadie en 1901. En 2011, la gestion commerciale du château, autrefois assurée par l’illustre institution par le biais de la Fondation Antoine d’Abbadie, a fait l’objet d’une procédure de Délégation de Service Public (DSP) attribuée à la mairie d’Hendaye, et par elle, à son office de tourisme.
5 Au sujet de ces peintures illustrant des scènes de la vie en Ethiopie, voir MATTHYS R., “Souvenir d’une arcadie. Les fresques éthiopiennes du vestibule” in DERCOURT J. (dir.), Antoine d’Abbadie. De l’Abyssinie au Pays basque, voyage d’une vie, Atlantica, Biarritz, 2010, p.117-142. En outre, nous avons consacré un article à la thématique éthiopienne d’Abbadia dans son ensemble, étude qui apporte des éléments inédits sur la conception des peintures et traite également des collections et des inscriptions ornementales : DELPECH V., “L’Ethiopie au château d’Abbadia : de la création à l’expression d’un programme orientaliste”, in Annales d’Ethiopie, nº26, Centre Français des Etudes Ethiopiennes-CNRS/De Boccard, Paris, 2011, p.129-165.
6 URKIZU P. (dir.), Antoine d’Abbadie (1897-1997), actes du congrès International, Eusko Ikaskuntza/Euskaltzaindia, Bayonne/Donostia-San Sebastian, 1998. Ce congrès fut également accompagné de la publication, par Patri Urkizu, de documents archivistiques et d’articles d’Antoine d’Abbadie réunis dans un coffret de trois recueils : Recueil de textes ethnographiques, géodésiques, linguistiques, littéraires, trois volumes, Editions Euskaltzaindia/Eusko Ikaskuntza, Bilbao/Donostia-San Sebastian, 1997.
7 FOUCART B., “Viollet-le-Duc et Duthoit en Abbadia” in Connaissance des Arts, 1996, p.85-92 ; GUENE H., “Abbadia, Viollet-le-Duc et la polychromie” in Monuments Historiques, nº147, 1986, p.39-44 ; GAUTHIER H., “Les mille et une vies d’Antoine d’Abbadie”, in Le Festin, nº51, septembre 2004, p.72-79.
8 FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994. Cette étude donna lieu à une publication présentant le château et réunissant en outre des textes synthétiques de Jean-Claude Lasserre, Marc Saboya, Christiane Demeulenaere-Douyère ou encore Martin Tellechea, qui replacent Abbadia dans son contexte artistique, scientifique, historique et environnemental : Abbadia, un rébus géant, Fondation Antoine d’Abbadie-Académie des Sciences/Cap-Sciences, Bordeaux, 1997.
9 Cette campagne a été menée avec la maîtrise d’ouvrage de la DRAC Aquitaine et la maîtrise d’oeuvre de Bernard Voinchet, architecte en chef des Monuments Historiques. Malgré ces deux importantes phases de restauration, l’édifice fait encore l’objet d’interventions ponctuelles - par exemple sur le mobilier - ou plus régulières, dans un but évidemment conservatoire. (RIEU A., VOINCHET B., LUCET P., “Renaissance d’Abbadia. La restauration du château d’Abbadia” in DERCOURT J. (dir.), 2010, p.147-205).
10 RIEU A., VOINCHET B., LUCET P., 2010, p.147-205.
11 La plaque “Maison des Illustres” a été inaugurée au château d’Abbadia le 9 novembre 2012 en présence des secrétaires perpétuels de l’Académie des Sciences, Jean Dercourt et Catherine Bréchignacq, du maire d’Hendaye, Jean Sallaberry, et du conservateur régional des Monuments Historiques, Alain Rieu. La première campagne de labellisation “Maison des Illustres” a consacré cent onze sites dont la liste est présentée sur le site du ministère de la culture.
12 Les résultats de notre étude, présentés ici de manière obligatoirement synthétique, feront, aussi vite que possible, l’objet d’une publication illustrée et plus approfondie.
13 La contribution de Viollet-le-Duc au projet architectural d’Abbadia fut remise en question lors de l’exposition Viollet-le-Duc au Grand Palais en 1979. Tant et si bien que le château ne figure pas dans le catalogue de cette exposition, qui constitue aujourd’hui une référence incontournable pour qui veut étudier le restaurateur de Carcassonne, Vézelay et Notre-Dame de Paris (Viollet-le-Duc, Galeries nationales du Grand Palais, Centre des Monuments Nationaux, Paris, 1980). Dès lors, Abbadia fut longtemps considéré, sans trop de nuances, comme une oeuvre quasi-intégrale de Duthoit.
14 Cette expression fut employée par Jacques Foucart-Borville à propos de l’intervention des deux architectes au château de Roquetaillade, dont le chantier de restauration eut lieu entre 1864 et 1878, parallèlement à la construction d’Abbadia (FOUCART-BORVILLE J., “Une collaboration exemplaire : Viollet-le-Duc et Duthoit à Roquetaillade” in Bulletin de la Société d’Histoire de l’art Français, Paris, 1985-1987, p.269-281). Au sujet de du château de Roquetaillade, voir notamment : GARDELLES J., LASSERRE J.-C., MARQUETTE J.-B., Roquetaillade, la terre, les hommes, les châteaux, Cahiers du Bazadais, nº 53-54, 2ème et 3ème trimestres, Bazas, 1981 ; ainsi que le site officiel.
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