Thierry TRUFFAUT, Ethnologue Diplômé de l' Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, doctorant en Anthropologie, ancien Président de la fédération Euskal Dantzarien Biltzarra (Iparralde) membre d' Eusko Ikaskuntza, Lauburu, La purtarrak...
Le 22 avril 18691 Julien VINSON relèvedans la fôret d’Ustaritz auprès d’informateurs le dicton suivant «Dantzari handi Arruntseko: grands danseurs d’Arrauntz» c’est le premier témoignage écrit que nous connaissons sur l’importance de la danse à Ustaritz. Derrière ce dicton se profile entre autres une belle tradition carnavalesques celle des danseurs appelés Kaskarot. Depuis Vinson, de nombreux auteurs se sont penchés sur cette coutume: Georges Hérelle, Louis Dassance, Violet Alford, Jean Michel Guilcher, Thierry Truffaut, Xabier Itçaina2.
Nous pouvons à Ustaritz sur les 15O dernières années repérer quatre grandes périodes dans la vie des traditions carnavalesques:
a) Avant 1914
Kotilun Gorri costume réalisé dans les Années 1920 à Ustaritz pour le Musée Basque de Bayonne. |
Sur le bourg la tournée est souvent organisée autour d’un déguisement en ours enchaîné et retenu par un autre jeune jouant le rôle de montreur.
Mais le plus remarquable c’est le cortège de danseurs appelés Kaskarot (c’était aussi des jeunes hommes célibataires). Il en eut parfois au bourg, à Herauritz et à Arruntz en même temps provoquant une certaine tension entre quartiers, pour à la fois se présenter grâce aux mères avec de beaux costumes mais surtout en veillant à bien danser. L’honneur du quartier était en jeu et les anciens vérifiaient la qualité de la représentation qui se déplaçait de maison en maison sur toute la commune mais allait aussi danser dans les villes plus importantes comme Bayonne, Biarritz... Ce groupe de danseurs faisait parti d’un cortège carnavalesque très similaire aux traditions de cavalcades ou de mascarades. Il possédait des mariés et plusieurs personnages déguisés: Kotilun gorri, Ponpierra, Besta gorri .La période de carnaval se terminait le soir du Mardi-Gras par le jugement et la crémation de Monsieur et Madame SAN PANTZART. De nombreux maskak dont certains en pleureuses participaient à l’événement.
Les deux guerres firent beaucoup de mal à la tradition. Elle continua avec les kaskarot mais avec la disparition progressive du grand cortège carnavalesque dansé et masqué.Les personnages apparaissaient de temps en temps au côté des danseurs et furent réduits au seul rôle de quêteur. Les maskak continuèrent plus ou moins leurs tournées jusqu à la fin des années 5o associés par intermittence à l’ours et à son montreur. Les groupes par quartier disparaissurent progressivement pour ne former qu’un seul groupe de Kaskarot pour toute la commune. Il faut aussi noter un groupe de carnavaliers habillés de Xamar et appelé Ganich d’Hérauritz à la fin des années 20.
Mr et Mme SAN PANTZAR et leur cortège dans les années 1930. |
Kaskarot début des années 1960. |
C) De 1967 au milieu des années 1980
Kaskarot Années 70. |
D) Du milieu des années 1980 à aujourd’hui
Ce qui faut remarquer et qui fait d’Ustaritz une commune quelque peu à part, c’est le maintien de la tradition des kaskarot associée à un renouveau du carnaval basé sur la connaissance des traditions et la vivacité créatrice de la culture basque. Cela à permis la création d’un festival Hartzaro qui dynamise toute cette région durant la semaine grasse. Le sommet est la réalisation le mardi gras un splendide spectacle populaire ou acteurs et spectateurs passent un moment mémorable. Cette fête associe les différents âges et sexes autour de l’ours, des Maskak /Zirtzilak, de personnages et danses inspirés de la Mythologie basque sans oublier la relance du jugement de San Pantzar avant que tout se termine par une folle danse collective autour de son bûcher.
Tournée des maisons par les Kaskarot actuels 2004 (Photo T.Truffaut). |
Artza et son montreur 2006 (Photo T.Truffaut). |
A Ustaritz tradition et innovation font parti de la même dynamique celle d’un peuple qui connaît et sait puiser dans ses racines pour aller délibérément de l’avant.
1 VINSON, Julien, 1883, Le folk-lore du Pays-Basque, Maisonneuve et Cie,Paris, p 229.
2
HERELLE, Georges, 1925, Le théâtre comique basque,
Honoré Champion, Paris.
DASSANCE, Louis, 1927, “Les Sauts Basques et Les Vieilles Danses Labourdines”.,
Bulletin des amis du Musée Basque, p21 à 30.
ALFORD, Violet, 1929, “French Basques : Cascarots and Cavalcades”,
Music and Letters, vol 10 n° 2, Oxford University, pp 141-151
GUILCHER, Jean-Michel , “Danses et cortèges traditionnels du
Carnaval en Pays de Labourd”, Bulletin du Musée Basque
N°46, Société des Amis du Musée Basque, Bayonne.
GUILCHER Jean Marie, 1984, La tradition de danse en Béarn et Pays
Basque français, Paris, Maison des Sciences de l’Homme
TRUFFAUT, Thierry, 1981, «La danse en Labourd», La danse
basque, Lauburu, Bayonne,
TRUFFAUT, Thierry, 1982, «Le Carnaval labourdin», Dantzariak
N° 20, EOB, BilbaoTRUFFAUT, Thierry, 2005,“ Joaldun et
Kaskarot. Des carnavals en Pays Basque”, Elkar, Saint Sébastien,
366p.
ITCAINA, Xabier,1996, “ Danse, rituels et identité en Pays Basque
nord”, Ethnologie française 1996 n°3, Armand Colin,
Paris, pp 490-503.
ITCAINA, Xabier, 2004, « Temporalités rituelles et changement
social. La circulation du sens dans le calendrier festif d’un village
basque » , Zainak n°26, Eusko Ikaskuntza, Donostia, p3315
à 336.
Est-ce que vous voulez collaborer avec Euskonews? Envoyez vos propositions d'articles
Arbaso Elkarteak Eusko Ikaskuntzari 2005eko Artetsu sarietako bat eman dio Euskonewseko Artisautza atalarengatik
Astekari elektronikoari Merezimenduzko Saria
Aurreko Aleetan |