Chemins paves au Pays Basque. Fonction et chronologie

Jakes CASAUBON

Le réseau très dense des vieux chemins du Pays Basque présente en de nombreux points les vestiges d’un aménagement routier pavé encore visible ponctuellement.

La tradition orale, relayée de nos jours par les médias, qualifie ces chemins de "voies romaines" ou de "chemins de Napoléon", au même titre d’ailleurs que certains ponts dont l’architecture est plus ou moins archaïque.

L’affirmation de l’origine romaine de ces chemins pavés, sans la moindre preuve documentée, historique ou archéologique, peut d’emblée susciter le scepticisme, car dans une région à climat atlantique à très forte pluviosité, sur des sols hydromorphes et avec un cycle d’alternances plus ou moins espacés d’hivers d’une extrême rigueur, les voies romaines, sur 2000 ans, ont été depuis longtemps disloquées par le gel et les intempéries, puis par défaut d’entretien pour la plupart, désaffectées. Réserve faite cependant, de certains segments pavés du Sud de la Navarre, au climat subméditerranéen, qui auraient pu se maintenir jusqu’à nos jours. Quant aux "chemins de Napoléon" cette dénomination doit sous entendre "chemins empruntés par les armées napoléniennes". Fruit d’investigations menées au hasard de pérégrinations dans les provinces basques du Labourd, de Basse-Navarre (Pyrénées Atlantiques) de Haute Navarre septentrionale et de Guipuzcoa, cette note a pour but de proposer un ensemble d’observations faites in situ pouvant conduire, avec la prudence qui s’impose, à une esquisse typologique de la voirie reconnue.

Structure des chaussées

Le matériau utilisé, grès ou calcaire, varie selon la nature géologique des terrains traversés. Les pierres puisées dans les rivières ou les terrasses alluviales en constituent l’élément de base. De granulométrie diverse, elles sont souvent mêlées de plaques de grès ou de calcaire de forme et de calibre hétérogènes, plus ou moins épannelées. Seules les dalles de bordure ont été généralement taillées dans des blocs (de calcaire ou de grès) presque toujours posés l’horizontale. Il faut donc prendre le terme "pavé" dans son sens général comme le précise Michel Berger ; seules les artères urbaines étaient chaussées de pavés taillés et calibrés1.

La chaussée est aménagée à même le sol, bordée selon les endroits de dalles carrées ou rectangulaires de 0,40 m à 1 m de longueur, de 0,30 m à 0,60 m de largeur et d’une grande épaisseur. Entre les bordures sont juxtaposées de chamt, galets, blocs de rivière à surface lisse, plane ou convexe, et dalles généralement posées à plat. Une épine dorsale divise la chaussée par son milieu ; elle est formée d’une rangée de galets uniformes, visible sur de nombreux segments et a pour fonction d’annuler l’effet de poussée latérale exercé par les roues des chariots ou même celui du passage des bêtes de somme lourdement chargées. Le même type d’appareillage divise parfois transversalement la chaussée, destiné cette fois à éviter l’effet de glissement du pavement vers l’aval.

On observe aussi une certaine hétérogénéité dans le soin apporté à la construction de ces chemins. Certains sont très soigneusement aménagés, d’autres témoignent d’un traitement plus frustre. Leur profil est généralement légèrement convexe, mais on observe quelques segments concaves. Dans ce cas, l’épine dorsale peut également servir de collecteur aux eaux de ruissellement . Ces chaussées ne sont jamais logées dans un encaissement artificiel et sont toujours dépourvues de couche sous-jacente formée d’éléments à faible granulométrie tels des sables, gravier, petits cailloux plus ou moins concassés ; elles ne sont jamais délimitées par des fossés latéraux. Leur largeur varie, selon les sites, de 1,90 m à 3 m, la largeur moyenne observée sur l’ensemble des cheminements étant proche de 2,70 m.

Autant de caractères incompatibles avec l’architecture complexe des voies romaines telles que nous les ont décrites les auteurs antiques et les archéologues contemporains et il convient de leur attribuer une chronologie largement postérieure à l’Antiquité, ce qui n’exclut pas, comme nous allons le voir un tracé d’origine romaine, voire bien antérieure de certains cheminements : ceux qui sont liés à la desserte de mines, forges et carrières, et ceux qui sont liés aux pèlerinages -par exemple à Saint-Jacques-de-Compostelle.

ESQUISSE SERIELLE DE DEUX GROUPES DE CHEMINEMENTS

L’on peut distinguer deux séries de cheminements :

Cheminements pavés liés à la desserte de mines, forges et carrières.

1.1 La desserte des mines et des forges

Ces cheminements se trouvent concentrés au cœur ou en périphérie des massifs paléozoïques basques, terrains métallifères par excellence. Leur aire géographique s’étend schématiquement de la bordure occidentale des vallées du Haut Saison, d’Aezcoa et Salazar à l’Est, aux basses vallées de la Bidassoa et de l’Uruméa à l’Ouest, des vallées de la Nive et de la Haute Nivelle au Nord, jusqu’aux hautes vallées de l’Oria et de l’Urola au sud - sud-ouest. En voici quelques exemples :

a) Dans la province du Labourd
Chemin pavé n°1
Saint-Jean-de-Luz : tronçon pavé paraissant relier les mines d’Urrugne-Inzola à la forge Olazabal de Saint Pée sur Nivelle. Cette desserte conduisant au port de Dorrea (Ascain-Urrugne) sur la Nivelle, le minerai de Biscaye pouvait aussi y être acheminé par voie fluviale, à marée haute.

Chemin n°2
Urrugne / Urruña
Voie pavée reliant les forges d’Olhette et d’Inzola au quartier Itzea de Bera/Vera de Bidassoa, en Navarre. C’est la voie la plus longue (5 km), la plus belle et la mieux conservée du Pays Basque frontalier. Les plus anciens cadastres d’Urrugne/Urruña (Labourd) et Bera de Bidasoa / Vera de Bidasoa désignent ce cheminement par le même toponyme (chemin ou camino de Napoléon).

Bera/Vera de Bidasoa est connue comme centre métallurgique depuis le 13ème siècle. Son dernier four s’est éteint……………………

Chemin n°3
Sare/Sara
Long segment pavé reliant les mines du massif Larrun-Saint Ignace à la forge ou fonderie du quartier Lehenbiscaye/Lehenbizkaia dite d’Olha. (olha=four, fonderie, forge).

Chemin n°4
Sare/Sara
Un chemin d’origine préhistorique et protohistorique, jalonné de vestiges mégalithiques parcourt le flanc nord nord-ouest du mont Ibanteli reliant la vallée de la Bidassoa par le col de Lizuniaga à la Haute Nivelle. Il débouche sur le thalweg du bassin du Lizarrieta (Haute Nivelle) par un tronçon boisé très pentu, dénommé Alkaxuri, recouvert de pavés. Le cheminement semble se poursuivre en direction du village frontalier de Zugarramurdi, (Navarre), d’où deux voies pavées conduisent aux anciennes forges d’Urdazubi/Urdax (Navarre), fief des Prémontrés, et à leur monastère.

Il est intéressant d’observer la dénomination différente attribuée au mont Ibanteli, toponyme usité par les autochtones du versant nord, tandis que les riverains du flanc sud -sud-ouest de Bera de Bidasoa ont coutume de l’appeler Labiaga, "lieu de la voie", altération basquisée du latin via qui atteste son ancienneté.

Chemin n°5
Ainhoa - Espelette/Ezpeleta

Sur les flancs nord-ouest, nord, nord-est, du mont Atsulai un segment pavé semble relier les mines de Xara Haundi (Ainhoa) et Basaburu (Espelette) aux forges du Lapitxuri (Ainhoa) et Basaburu (Espelette).

BASSE NAVARRE

Chemin n°6
Bidarrrai/Bidarray
Un chemin pavé remonte depuis la départementale D932 de la rive gauche du ruisseau dit d’Eztainu, sur près d’un km, jusqu’au bas fourneau construit sur un contrefort du massif Baigura.

Chemin n°7
St Martin d’Arrossa - St Etienne de Baigorry
Les mines d’Ustelegi (St Martin d’Arrossa) étaient desservies par un chemin les reliant aux forges d’Etchauz (Saint Etienne de Baigorry) et la fonderie de Banca, via le quartier Bastida. Deux tronçons pavés jalonnent le parcours.

NAVARRE
Vallée de l’Arga
Eugi
Chemin n°8
Quittant la N 138 en direction de l’Ouest un chemin avec segment pavé conduit à la mine de Behordin, sur flanc sud - sud est du mont Elokadi. Les vestiges d’un four de grillage y sont encore apparents.

Vallée du Baztan Nord
Arizcun/Arizkun
Remontant la rive droie du ruisseau Ormartegi, un chemin pavé conduit à une mine de cuivre.

Chemin n° 10
Elizondo, quartier de Bearzun
Situé sur un affluent de la rive gauche du Baztan un segment pavé couvre au-dessus de ce quartier le chemin menant au col de Berdaritz où fut exploitée de la barithyne, extraite d’une mine dont les vestiges sont encore apparents.

Haute Nivelle
Urdazubi/Urdax
Chemin n° 11

Une voie pavée reliait le bourg d’Urdazubi, siège du monastère des Prémontrés, à la forge de Gainekoleta (forge, four ou fonderie d’amont). Les vestiges pavés sont encore présents tout le long du parcours sur une longueur d’environ 2 kilomètres.

Arantza/Aranaz
Chemin n° 12

Du bourg d’Arantza situé sur la rive droite d’un affluent de la rive gauche de la Bidassoa, une belle chaussée pavée conduit en direction du sud-sud-ouest vers le quartier d’Aientza. Ainsi que le toponyme l’atteste,la forge d’Ibarrola (=forge du val) occupait le site où conduisait la voie.

Chemin n°13
1 km en aval du village d’Arantza une voie secondaire conduit en direction du nord-nord ouest vers le quartier d’Eguzkialde, traverse le ruisseau Larbide et amorce une montée abrupte recouverte d’une très belle chaussée pavée. Arantza, commune située au cœur du massif cristallo-primaire des Cinco Villas, fut l’une des rares forges à subsister jusqu’au 19ème siècle grâce à la proximité des mines, d’abondants cours d’eau et de vastes forêts feuillues, éléments indispensables pour justifier de manière rentable le maintien d’une industrie traditionnelle.

GUIPUZCOA
IRUN
Vallée de la Bidassoa
Chemin n° 14

Chemin pavé reliant les mines du flanc nord de Aiako Harria au four de grillage situé sur le versant nord-ouest du mont Pagogaña.

Vallée de l’Urumea
Hernani
Chemin n°15

Dans la partie amont de l’Urruzona, affluent de la rive gauche de l’Urumea, une voie pavée longe la rive droite menant vers une énorme excavation minière et un four de grillage, au pied du mont Iruarrieta. La fonderie se trouve en aval sur la rive droite de l’Urumea, au quartier Ereñozu.

Vallée de l’Oria (bassin inférieur)
Aia
Chemin n° 16

Un chemin pavé chausse la pente très raide conduisant aux forges d’Agorregi.

Vallée du Haut Oria
Amezketa
Chemin n° 17

Sur la bordure nord du mont Aralar, au niveau du pic d’Irumugarrieta un chemin chaussé de pavés grossiers descend le versant ouest, reliant le plateau karstique aux mines de cuivre d’Aritzaga.

Zaldibia
Chemin n°18

Une voie pavée en bon état de conversation relie sur une longueur de 2 km les hauteurs dominant le village de Zaldibia à l’est à la mine de cuivre d’Enirio, sur le versant sud-est du mont Aralar.

1.2 Dessertes de carrieres

Labourd, Vallée de la Nive
Itsasu / Itxassou
Chemin n° 19

Une très belle piste dallée, saccagée au bulldozer il y a une dizaine d’années, reliait le quartier Kanbokoborda, sur la rive gauche de la Nive, au sommet du mont Artzamendi où se fabriquaient les meules destinées aux moulins de la Basse Nive, jusqu’à Bayonne.

Basse Navarre
Bidarrai / Bidarray
Chemin n°20

Il s’agit plutôt d’un petit réseau de chemins pavés ayant pu servir, outre le transport de dalles en grès à celui du minerai de fer ou de cuivre. Il est avéré qu’une forge existait vers le 17ème siècle, sur un lieu non identifié du Baztan à Bidarray.

Banka / Banca
Chemin n° 21

Le squelette d’une voie pavée est encore visible en forêt d’Haira, ayant pu répondre à une triple usage de transport en pierre, de minerai, de bois de chauffage et de charbon de bois vers le haut fourneau de Banca et la forge d’Etxauxs de Saint-Etienne-de-Baigorry.

NAVARRE
Vallée du Haut Baztan
Erratzu
Chemin n° 22

Au quartier Iñargebi, près de la ferme Otsondoborda, un chemin s’amorce sur le flanc sud-sud ouest du mont Auza menant à de grandes carrières de grès aujourd’hui abandonnées. On observe plusieurs segments pavés sur son parcours.

CHEMINEMENTS PAVES LIES AU PELERINAGE DE COMPOSTELLE

Aux pèlerins jacobites rejoignant Bayonne par la voie côtière s’offraient deux iténéraires.

Le premier itinéraire joignait l’église Santa Maria d’Irun par Bidart, St Jean de Luz, Ciboure, Urrugne, le prieuré hôpital Saint Jacques de Subernoa, sur la rive droite de la Bidassoa.

Après avoir traversé Urrugne, la vieille route royale d’Espagne se glisse entre la route nationale 10 construite au 19ème siècle et l’autoroute A 63. Elle passe devant l’ancien hôpital des pèlerins et des lambeaux pavés sont encore visibles sur cette ancienne voie.

Le second itinéraire reliait Bayonne et le monastère des Prémontrés de Lahonce à Iruña/Pampelune par Uztaritze/Ustaritz, Ainhoa, Urdazubi/Urdax, Santa Maria de Velate. C’est ce dernier qui, semble-t-il, offre le plus d’intérêt.

Dès le 12ème siècle les moines prémontrés du monastère hôpital de Saint Sauveur d’Urdazubi/Urdax ont joué un rôle déterminant dans l’histoire du pèlerinage. Ils surent très opportunément canaliser le flux des jacquaires vers Pampelune, via Urdazubi, balisant l’itinéraire de sanctuaires et d’hôpitaux, réhabilitant les chemins préexistants dont ils pavaient les endroits les plus vulnérables.

Voie de pèlerins certes, mais aussi voie de commerce entre Bayonne et Iruña/Pampelune, avec transport de minerai et de produits manufacturés issus de leurs forges car les moines avaient aussi le monopole des bas et hauts fourneaux d’Urdazubi.

Le chemin vit aussi déferler dans les deux sens les armées royales au gré des vicissitudes de l’histoire. Cet itinéraire fut, durant des siècles, bien plus animé que ne le laissent entendre certains historiens2.

Aux abords de l’hôpital d’Urdazubi les pèlerins devaient franchir l’Ugaran. Un vieux pont à arche unique présente encore de nos jours un pavé remarquablement appareillé. Le chemin conduisant au pont garde encore sur ses derniers cents mètres des vestiges pavés. L’architecture du pont, et plus particulièrement son pavage présente une grande similitude avec celle du pont "romain" de Baigorri/Saint Etienne de Baigorry dont une pierre gravée porte la date de 1661.

Le chemin jacobite se poursuit après le monastère en direction du col d’Otsondo où il quitte la haute vallée de la Nivelle pour s’engager dans celle du Baztan sud, en direction du bourg d’Amaiur/Maya.

On observe, à partir de ce dernier bourg, un véritable réseau de voies pavées, dont le point de convergence se situerait au sanctuaire d’Urrasun ou Ermita de Santiago.

Outre cet itinéraire, une autre voie s’offrait aux pèlerins venant de Sorde l’Abbaye, via l’hôpital d’Irisarri, voire par Makea/Macaye et Bidarrai/Bidarray. Les jacquaires remontaient le Baztan nord, s’engageaient dans la gorge ténébreuse de l’Urrizate qui présente un chemin étroit pavé par endroits, débouchant au col de Meaka, à la limite de partage des eaux du Baztan nord et du Baztan sud. Ils descendaient le versant sud pour atteindre le carrefour pavé du quartier Iñarbil d’Erratzu ou celui de Gorostapalo. Les pèlerins venant du sud-est par le col d’Izpegi/Ispeguy rejoignaient, semble-t-il, ceux de Bidarray à ce même carrefour. Le cheminement se poursuivait vers le bourg d’Erratzu d’où ils pouvaient atteindre par une voie pavée le Carrefour d’Urrasun par l’église d’Amaiur. Un vieux pont à caractère médiéval enjambe le ruisseau Aztakide à mi-parcours.

Une autre voie, selon la tradition orale, provenait de Zugarramurdi descendant le versant ouest de l’Alkurruntz/Alcurrunz. Les jacquaires pouvaient rejoindre Urrasun par le bourg d’Azpilkueta ou poursuivre leur périple vers Lekaroz, via l’hôpital Santa Cruz de Asco d’Elbetea/Elvetea.

Une très belle chaussée pavée conduisait au sanctuaire Saint Jacques d’Urrasun, jouxtant l’antique "Camino real" ou "Estrata", malheureusement enfouie récemment sous du bitume.

Poursuivant le cheminement par le Camino Real, à l’approche du col de Belate/Velate atteignant l’albergue (refuge) San Blas (Saint Blaise). Saint Blaise était l’un des saints protecteurs des pèlerins et voyageurs pauvres3.

Après San Blas, l’ultime monument jacobite sur le territoire du Baztan était la "Ermita/basilica" de Santiago, au voisinage d’Ermitako lepoa (col de l’ermite) "dans le champs visuel de l’hôpital de Santa Maria de Velate."

De nos jours, seules sont visibles les fondations de l’ermitage et de la basilique.

Une vieille chaussée pavée, bordée de pierres levées la signalant les jours de neige reliait San Blas à l’hôpital Santa Maria de Velate, ce dernier déjà penché vers le versant méditerranéen, à la naissance de l’Ulzama.

CONCLUSION

La liste de 18 dessertes reliant mines, forges et fonderies semble fiable et probante puisque le recensement de 1625 dénombrait 80 "ferrerias grandes" ; il y en avait encore 31 en 18604.

La présence d’un segment pavé révèle la proximité probable d’une mine, parfois d’un four de grillage, et non point le vestige d’une voie romaine.

Autre trait commun : les pavés recouvraient seulement les passages de substrat mou ou délitable ainsi que les pentes abruptes.

Le coût du pavage était élevé, compte tenu des frais de main d’œuvre nécessités par la collecte des pierres de rivière ou provenant de terrasses alluviales, la taille, le charroi des dalles et l’intervention d’ouvriers poseurs expérimentés. Seuls des entrepreneurs fortunés, tels les propriétaires des mines, fonderies et forges pouvaient se permettre un tel investissement.

Nous voudrions aussi appeler l’attention sur les chemins pavés autour du carrefour de Saint-Jacques d’Urrasun, qui constituent un véritable lacis, ponctué de nombreux sanctuaires, courtes haltes de dévotion et de récupération des forces sur le chemin des auberges et des hôpitaux, tels Santa Cruz de Azco, d’Elbetea/Elvetea ou de Santiago d’Elizondo. Ces voies pavées, aménagées avec un soin particulier, se retrouvent tout au long du cheminement en vallée du Baztan, à l’approche de tous les sanctuaires: à Irurita, Aniz, Berroeta, Almandoz, par exemple. La longue voie pavée joignant le col de Belate/Velate en constitue l’aboutissement à la limite du domaine spirituel et temporel des Prémontrés d’Urdazubi/Urdax.

Voie de pèlerinage qui favorisa l’afflux des courants économiques, mais aussi du fer car, outre les fonderies et forges d’Urdazubi/Urdax, il existait une fabrique d’armes à Amaiur/Maya dès 12665.

Qui, hormis les Prémontrés, pouvaient disposer de ressources suffisantes pour élaborer une telle infrastructure routière? Les rois de Navarre, puis ceux de Castille, les grands seigneurs du Baztán, au gré de guerres incessantes ou de luttes fratricides, consacraient l’essentiel de leurs propres ressources à la construction de camps fortifiés, de forteresses, de maisons fortes, et à l’entretien des équipages.

Dans cette hypothèse, le nom attribué par les historiens au chemin pavé reliant Urdazubi/Urdax à Belate/Velate, "chemin des Prémontrés" s’avérerait tout à fait justifé.

1 Michel BERGER, Voies pavées et Pays Basque, Bulletin du Musée Basque, 2003, Hors série, pp. 19 à 44.

2 C’est notamment l’avis de P. German de Pamplona, auteur d’une excellente étude sur cet itinéraire: El camino de peregrinación jacobea, Principe de Viana, 1958, nos 96 et 97, pp. 218-223.

3 P. Germán de Pamplona, ouvrage cité, page 218.

4 Rafaèl AGUIRRE FRANCO, Juegos y Deportes Vascos, 1978. Enciclopedia General Ilustrada del País Vasco.

5 Histoire générale du Pays Basque. Tome 1. Page 288 Manex GOYHENETCHE, 1998.

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