Ou
comment nous réalisons enfin un vieux projet qui nous trottait
dans la tête
Parmi les jeux populaires, la pelote basque, avec ses multiples
disciplines, tient encore de nos jours, une place privilégiée.
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De gauche à droite: Joseph Apesteguy "Chiquito
de Cambo"; José Goñi "Porteño";
Jean Pierre Gorostiague; Joseph Dongaitz. |
Nombreux sont les auteurs contemporains qui ont décrit
les jeux indirects, dont le développement ne remonte qu'au
dernier quart du 19è siècle. Rares sont, en revanche,
les témoignages écrits concernant les jeux directs.
Les seuls ouvrages de référence, d'une qualité
remarquable, tant par le style que la documentation sont :
La Pelote Basque. E.BLAZY - 1929.
El gran libro de la pelota. Luis Bonbin - Fernandez y Urrutia-1976.
Le jeu la balle et nous. J.Arramendy -2000.
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Divers types de frontons, selon E. Blazy. A gauche:
en haut, fronton rustique ; en bas, fronton public. A droite
: en haut, fronton de rebot ; en bas, fronton place libre. |
A ces trois ouvrages majeurs viennent se greffer, quelques rares
études ponctuelles, au demeurant du plus haut intérêt,
concernant le "Lachua" (Laxoa) et le rebot, jeux
indirects de longue paume, pratiqués respectivement, à
l'aide de gants de cuir et d'osier, dont la naissance semble remonter
au dernier quart du 18ème siècle, pour le "lachua",
et le 2ème quart du 19ème siècle, pour le rebot.
A l'instar de nombreuses nations d'Europe occidentale, la longue
paume à la main fut pratiquée en Pays Basque, au moins
depuis le 12ème siècle, et dut son succès et
sa longue pérennité à la simplicité
des installations, un simple terrain en terre battue ou gazonné
le sorhopil (soropil) et des instruments, la balle et la main.
La longue paume, dite française, connut en Pays Basque, au
fil des siècles, quelques adaptations conformes au tempérament
et au génie propres à son peuple, et prit le nom de
"Bota Luzia".
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Sare rustique (gauche) et règlement. |
Il fut pratiqué avec un réel engouement, tant dans
les vallées que sur les estives. Leur pratique appartient
définitivement au passé et, de nos jours, les bergers
foulent quotidiennement ces " sorhopil ", en ignorant
que leurs ancêtres s'y livraient à des jeux de pelote
avec passion.
Jouxtant les "sorhopil", d'autres espaces étaient
dévolus à divers jeux dont urdanka, haiba,
Anikote, kalika, antxika, txurra
la plupart joués avec
le makila et une boule.
Les documents concernant les jeux des estives sont rarissimes,
et surtout peu prolixes sur le rituel, les règles et leur
distribution dans l'espace montagnard basque
autant d'élément
qui font l'originalité, donc la richesse de notre culture.
Nous avons ouvert un livre, de nombreuses pages restent à
feuilleter. Nous pensons avoir répertorié 80% des
sites de Iparralde, de Navarre et de Guipuzcoa proches, mais on
sait qu'il en reste beaucoup à Aizkorri, Gorbea, sur tous
les massifs pastoraux. A vous de continuer avec nous.
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Tombe du pilotari Manech Souhourou à Banca
(Basse Navarre) de 1784 |
Cette étude (ces recherches, cette enquête
)
a pour but de sauver de l'oubli définitif, l'un des aspects
les plus précieux et les plus méconnus de l'ethno-pastoralisme
basque.
Puisse-t-elle engendrer, auprès des élus locaux et
des divers responsables de l'aménagement de la montagne basque,
une prise de conscience, afin de préserver ces pelouses vénérables
de l'action destructrice du bull-dozer. Les ravages occasionnés
par cet engin ont déjà amputé gravement une
partie de notre patrimoine. Un nombre considérable de tumuli,
cromlechs, dolmens et soropil, sont mutilés ou à jamais
disparus, alors qu'un simple contournement de ces sites suffit à
les préserver.
Méthodologie:
- Recherche et présentation bibliographique des documents
se référant au Bota Luzia :
- Recherche systématique dans les bibliothèques
de Bayonne et de Saint Sébastien. S'il est souvent
fait mention des jeux des bergers, aucun document ne les décrit.
- Etude cartographique concernant les toponymes évocateurs
de soropil :
- A défaut de témoignages directs, la toponymie,
nous a beaucoup servi, on sait quelle est l'importance de
la désignation d'un lieu chez les Basques.
Côté français, les cartes IGN ne relèvent
pas tous les noms des endroits, par contre la tradition orale
appelle pilotakagia, pilotagia, pilotasoro
les aires
de jeux.
Côté espagnol, la cartographie issue de l'armée
relève beaucoup de lieux nommés pilotasoro,
pillotasoro, pelotalekua, pilotegi
Et comme à chaque fois ces aires ont les caractéristiques
d'une place de pelote, nous les avons retenus, sans avoir
toujours un témoignage précis.
- Etude cadastrale pour repérage des lieux de ces lieux
:
- Pour des aires proches des villages, certains cadastres
portent la précieuse mention de "Jeu de Paume".
- Prospection des estives, à la recherche des espaces dévolus
aux divers jeux et description :
- Nous avons systématiquement parcouru tous les endroits
d'estive au nord et en Gipuzkoa et Navarre (48 sorties sur
le terrain et 7000 km environ). Il en résulte que nous
avons retrouvé un maillage très complet de pilotasoros,
même s'il reste quelques rares zones d'ombre.
Pour l'heure, nous avons laissé de côté,
pour des limites matérielles et humaines, la Biscaye
et l'Alava.
A noter l'aide considérable apportée par les
techniciens forestiers du Nord et surtout du Sud, pour accéder
à des sites difficiles d'accès.
- Collecte orale auprès des vieux pasteurs, acteurs ou
témoins de ces jeux, ou détenteurs d'informations
transmises par leurs aïeux :
- Nous avons retrouvé une quinzaine de témoins
directs, acteurs ou spectateurs (de 85 à 90 ans), qui
ont su nous décrire leur vie en estive, mais qui ont
des difficultés à analyser leurs activités
: ils jouaient naturellement, sans se poser de questions.
Par contre, à notre grande surprise, les enfants et
parfois les petits enfants avaient une connaissance très
précise de ces jeux, parce que Aitachi, Ataichi ou
Aitona leur avait raconté sa vie en montagne
C'est
par définition la tradition orale.
- Collecte de coutumes, rites liés à la vie quotidienne
des pasteurs:
- Nous sommes partis pour la pelote, et nous sommes revenus
avec beaucoup d'éléments liés à
leur vie, là-haut, car cela constitue un tout indissociable.
Il nous a paru important de vous faire partager cette connaissance
globale de la vie des bergers.
Sommaire
- Typologie des pilotasoros
A travers une visite systématique de tous les lieux repérés,
on a pu établir trois types de pilotasoros, ceux liés
à la vie pastorale, d'autres dépendant d'un village
et enfin une dernière catégorie n'ouvrant qu'une
fois l'an à l'occasion de pèlerinages ou de foires.
- Description des pilotasoros
Nous avons essayé de décrire les différents
sites par rapport à des données communes, mais
en dégageant la spécificité de chacun.
- Bota luzea
C'est le jeu de base, une pelote renvoyée par deux
équipes face à face, sur une aire herbeuse,
c'est le même jeu qui se jouait en fait sur les places
de village, avant l'avènement des frontons.
- Laxoa
Toujours un jeu face à face, sur le même type
d'aire, mais la pelote est cette fois maniée avec un
gant de cuir.
- Haiba
Un jeu de makilas, totalement inconnu, mais pratiqué
il y a seulement 40 ans. La surprise.
- Du côté de l'Amérique
Il y a 100 ans, nos oncles étaient partis avec une
pelote dans la poche et jouaient tous les jours, parfois,
contre le mur du «galpon» (hangar).
- Frontons rebelles
Plus haut que le fronton du village, la « place »
où l'on bravait les interdits
phénomène
bien conforme à l'esprit frondeur des Basques.
- Besainka, mahain joko
D'autres formes de jeux de pelote pratiqués de ci delà.
- Urdanka
Le jeu de crosse le plus connu, associant balle et makila,
pratiqué quotidiennement par les bergers ; on lui connaît
des cousins comme anikote et kalika plus fréquents
au sud.
- Jeux de bergers
On jouait à urdanka, à bota luzia, mais on se
livrait aussi à des défis athlétiques:
lancers, sauts, courses. On jouait au mus ou à artzain
jokoa.
- Le cayolar
L'habitation des bergers où la vie était réglée
de manière particulière; cela conditionnait
directement la pratique de bota luzia et d'urdanka.
- Les rites
Glanés au passage, quelques particularités ou
croyances des bergers.
- Histoires de frontons
Les péripéties liées à la construction
des frontons de quelques villes.
- Les frontons du Pays Basque
Au fil des 139 villages du Pays Basque, on a découvert
plus de 500 frontons. Un record.
Au total, vous trouverez dans la dernière partie 380
photos de frontons, parfois oubliés. |
Jakes Casaubon et Pierre
Sabalo
Photographies: Auñamendi |