Les corsaires basques et la guerre de course classique XVII° siècle
Caroline Lugat

La Course maritime est mal connue dans sa réglementation purement juridique. Les études sur la Course n’y accordent qu’un faible intérêt, hormis des thèses anciennes, datant de la fin du XIX° siècle ou du début du XX° siècle.

La Course ne peut pas être appréhendée dans sa réalité juridique avant qu’elle ne soit définitivement distinguée de la Piraterie et ce, pas avant le début du XVI° siècle.

La législation française sur la Course va intégrer les règlements de droit international sur les prises réunis dans le code des prises de 1584 et surtout dans l’ordonnance de la Marine de 1681, oeuvre majeure de Colbert (Jean Marie Pardessus, Collections des lois maritimes antérieures au XVIII° siècle, Paris, Imprimerie royale, 6 volumes 1831-1837).

C’est à partir d’une recherche lancée sur la Course basque, que les registres de l’amirauté de Bayonne (actuellement conservées aux archives départementales à Pau) ont pu lever une bonne partie du voile sur la réglementation de la Course, tout en permettant de connaître la personnalité et les actions des corsaires basques et bayonnais ainsi que les armateurs qui l’auront cautionnée. (Etude complète dans La course basque et bayonnaise d’après les registres de l’amirauté de Bayonne (1663-1698), Revue Historique, Oct-dèc 1993, p393-442).

Les registres de l’amirauté consignent les principaux éléments qui constituent la Course. Sont ainsi enregistrées les commissions pour armer en guerre qui seules légalisent la course avec la caution ou les cautions du navire corsaire. Ensuite, y sont retranscrits les jugements du Conseil des prises, organe non permanent, réuni pour chaque guerre et dissous une fois la paix signée et tous les litiges réglés. Ces jugements accordent ou non la prise au corsaire preneur pour, qu’une fois vendue, le prix puisse être réparti suivant la part de chacun établie par contrat.

Ce sont les commissions qui nous renseignent sur la personnalité des capitaines corsaires, ainsi que les navires utilisés, puisqu’elles sont nominatives. Elles établissent également strictement toutes les obligations à charge du corsaire avant son départ, pendant la Course elle-même et à son retour au port.

La Course basque n’a pu, bien entendu, rivaliser avec les grandes courses malouine ou dunkerquoise. Mais elle s’est particulièrement illustrée durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) en faisant plus d’une centaine de prises. C’est aussi la période de la guerre de Course dite classique, privée, purement aléatoire, où le capitaine corsaire devient un auxiliaire de guerre mandaté par le roi. C’est aussi à partir de ce moment que le roi s’intéresse de plus en plus à la Course en faisant armer des navires et en les remettant entre les mains de capitaines qui ont sa confiance comme Harismendy, Durtubie, Grenié et surtout Joannis de Suhigaraychipy de Bayonne au commandement de « L’aigle ».

Grâce à la stimulation et aux profits de la Course, c’est toute une région qui va bénéficier d’une certaine prospérité économique. Mais la participation grandissante du roi et les courses par convois de plus en plus importants vont freiner considérablement les investissements des armateurs locaux et la course basque va décliner ensuite tout au long du XVIII° siècle.

Au point de vue strictement juridique, les prises ayant entraîné des litiges importants à solutions diplomatiques, la Course aura contribué au progrès du droit international jusqu’à sa suppression par le traité de Paris en 1856.


Caroline Lugat, Faculté pluridisciplinaire de Bayonne/Anglet/Biarritz
Photos: http://kix.casa.free.fr/page4.html
http://perso.club-internet.fr/jmglaria/Pbasque-navigation.htm

Euskonews & Media 179.zbk (2002 / 9 / 13-20)


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