Il
y a dix ans qu'Eusko Ikaskuntza-Société d'Etudes
Basques est installée en Iparralde à Bayonne. Depuis
le début, elle a promotionné la recherche dans les
études basques par l'intermédiaire des relations
établies avec les étudiants et les muncipalités
locales. Même si tous ces partenariats ont objet de sensibliser
lópinion sur la culture basque en Iparralde, le Président
de la délégation Jean Fagoaga, souligna qu'il reste
un grand travail à accomplir. Ainsi rappelant les initiatives
menées jusqu'à présent le Président
a présenté les actions envisagées dans le
futur. Il souligna particulièrement ceux qui concernent
la recherche en toponymie.
-Quel
a été l'objectif principal d'Eusko Ikaskuntza depuis
son entrée dans le Pays Basque continental? Son
premier objectif consista à se faire connaître en
Iparralde, travail absolument nécessaire, car de nombreuses
personnes croyaient qu'Eusko Ikaskuntza était un parti
politique. Après avoir fixé notre siège à
la Faculté, la première chose que nous avons faite
pour nous faire connaître, a été d'accorder
une aide à chaque étudiant ou chercheur qui effectuerait
une investigation dans le domaine basque. Pendant une dizaine
d'années nous accordons une subvention 100.000 francs (15
000 euros) annuellement à ceux qui conduisent une recherche
sur la culture basque. Cette recherche peut être rédigée
en français mais le sujet doit porter sur la culture basque.
Le fait d'avoir notre siège à la faculté
et d'attribuer ces bourses aux étudiants nous a permis
de nous faire connaître en tant qu'organisme et faire remarquer
le travail qui s'effectue autour de la culture basque. Notre message
s'est transmis de bouche à oreille. La présence
et la reconnaissance d'Eusko Ikaskuntza se sont peu à peu
confortées.
-De
plus, vous menez un travail approfondi autour des personnages
qui au cours des siècles se sont distingués au sein
de la culture du Pays Basque Continental. Nous avons organisé beaucoup de colloques. Quatre
ou cinq par an sur des thèmes tels que "Le droit coutumier
basque" ou sur d'autres personnages comme "Madeleine
de Jauregiberri". Au cours de ces journées nous avons
réuni de nombreux chercheurs. Lorsque nous organisons un
hommage nous publions toujours un livre. Notre objectif est de
pénétrer davantage en Pays Basque intérieur.
Dans ce but, nous avons souscrit des accords avec les municipalités,
une dizaine, avec la ville de Mauléon, Barcus... la majorité
en Labourd, Sare, Espelette, Cambo, Bayonne, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz...
mais aucune en Basse Navarre. Grâce à l'accord souscrit
avec la Mairie de Bayonne, nous comptons annuellement sur un budget
de 80.000 francs (12 195 euros) la Ville de Bayonne en apporte
40 000 F (6097 euros) et nous l'équivalent pour réaliser
nos activités. Nous organisons des conférences et
nous décernons un prix d'honneur à une personnalité
qui s'est distinguée en faveur de la culture basque. Nous
accordons 20.000 francs (3049 euros) à un jeune chercheur
pour la meilleure thèse doctorale sur un sujet concernant
le Pays Basque.
-Cela
fait plusieurs années qu'Eusko Ikaskuntza est présente
en Pays Basque continental et elle a gagné une certaine
reconnaissance. Quelles attitudes observez-vous de la part des
maires et des administrés? Très
bonnes. Et cela nous encourage à continuer. Si vous apportez
de la culture on voit tout de suite les portes s'ouvrir. Les maires
et les conseillers se montrent toujours d'accord pour concrétiser
une initiative. Ensuite il n'est pas facile d'accorder des aides,
car le budget culturel des municipalités est toujours assez
limité. Mais, dès que nous organisons un hommage,
nous sommes obligés de compter sur un budget de 15.000
francs (2286 euros). Et si nous proposons de faire moitié
moitié, des problèmes apparaissent.
-En quelque
sorte gràce au travail que vous avez développé,
vous avez permis de faire connaître des personnages et des
chercheurs du Pays Basque continental. Les
gens ressentent le besoin de récupérer la culture
basque. Il y a deux mois, nous avons organisé à
Aiherra une journée sur P. Haristoy, un homme qui avait
fourni un fabuleux travail mais qui n'était pas du tout
connu, et nous avons été surpris de voir que près
de cent personnes s'étaient réunies lors de ce colloque.
Compte tenu d'un tel succès, nous nous sommes rendus compte
que nous devons travailler plus à fond sur ce terrain.
Il y a de nombreuses personnes qui ont fait un grand travail concernant
la culture basque et, pourtant, beaucoup d'entre eux demeurent
dans l'oubli. Il faut mobiliser les jeunes, susciter leur intérêt
et les aider économiquement pour qu'ils récupèrent
cette culture. Notre principal objectif est de réaliser
des recherches, d'aider les jeunes étudiants et de remettre
dans l'actualité ces personnes aujourd'hui oubliées.
Bien que le travail soit amorcé il reste un grand effort
à accomplir encore autour de certains personnages.
-Mais
on dit souvent que dans le Pays Basque continental les travaux
des jeunes étudiants sont rares en littérature et
en recherche.
Je
ne crois pas . De toute façon, on pourrait faire beaucoup
plus que ce que l'on fait. Eusko Ikaskuntza dispose de moyens,
mais pas suffisamment pour développer tout ce travail.
Le dernier travail de recherche a été réalisé
par Jakes Casaubon , sur le terme "iri", . Son livre
sera publié prochainement. D'autre part, étant donné
qu'en Pays Basque continental beaucoup de noms de lieux basques
se perdent, nous sommes en train de réaliser une étude
sur la toponymie, commencée par Casaubon à Ezterenzubi
et que nous étendrons ensuite vers la Soule. Pour réaliser
ce travail, il faut parler avec les bergers. Il y a encore beaucoup
à faire sur ce sujet, mais c'est un travail qu'il faut
réaliser, car sinon les personnes âgées, en
mourant, emporteraient toutes leurs connaissances et leurs richesses
dans la tombe.
-Etant donné
que vous ne disposez pas de ressources suffisantes pour couvrir
l'étude sur la toponymie, que croyez-vous que l'on puisse
faire pour que cette recherche soit possible? C'est
un travail que chaque municipalité devrait prendre à
son compte. Si dans chaque municipalité il y avait un étudiant
intéressé par la réalisation d'une étude,
la Mairie devrait l'aider. Nous serions disposés à
souscrire des accords avec chaque mairie et à aider économiquement
en offrant notre expérience et notre méthodologie.
Les communes doivent s'engager dans cette voie.
-Au
cours des sept ans que vous présidez Eusko Ikaskuntza,
avez-vous observé un quelconque changement dans l'intérêt
que la société adopte face à la culture? Je ne
crois pas que le travail que nous avons réalisé
ait eu une influence quelconque sur ce point de vue. Pourtant,
il est vrai que tout le monde, aussi bien la société
que les autorités, montrent un plus grand intérêt
pour la culture. Par exemple, je peux citer le cas de Senpere,
une municipalité avec laquelle nous avons souscrit un accord.
Il y a quelque temps, ils nous ont appelés pour convenir
du type de travail que nous pourrions réaliser l'année
prochaine. Nous nous sommes rendus compte que si nous éveillons
les consciences nous observons une réponse immédiate.
Les gens se motivent, et c'est précisément de cela
qu'il s'agit. L'activité culturelle basque, après
être restée aussi longtemps endormie, est plus active
de jour en jour. Il y a beaucoup de choses qui sont conservées
dans les archives et qui soint méconnues. Tel est le cas
de nombreux écrits qui demeurent au Musée Basque.
Ils sont comme endormis, mais au moins on peut assurer qu'ils
ne disparaîtront pas. Il y a aussi des personnes vivantes
qui n'ont rien laissé d'écrit, mais qui accumulent
des connaissances très riches qui disparaîtront pour
toujours lorsque ces personnes mourront. Il y a un grand besoin
de mémoire. Dans ce sens, le travail que réalisent
les radios est très important. Pour nous, de toute manière,
si nous avions à Bayonne des archives le travail serait
facilité. A mon avis, ce dont nous avons réellement
besoin c'est une politique linguistique qui nous permette de faire
face à toutes ces difficultés.
-Le
fait que beaucoup de ces jeunes fassent leurs études en
France ne représente-t-il pas un obstacle pour entreprendre
les travaux de recherche? A mon point de vue, c'est enrichissant de partager la
culture française et la culture basque. Un jeune qui a
connu la culture française grâce à ses études
aura acquis un certain niveau dans cette culture et, en plus,
il a envie d'enrichir la sienne. La particularité du Pays
Basque continental réside dans sa langue et dans sa culture.
Le mode de vie a aussi une certaine influence. Lorsque vous pénétrez
dans le monde de la culture, vous pouvez mener les deux cultures
basque et française ensemble.
-Ne devrions-nous
pas compter sur une nouvelle génération? De
nombreux jeunes se manifestent bien qu'ils soient plus intéressés
par la politique, peut-être parce qu'ils désirent
apporter très vite une solution au problème d'Euskal
Herria. Le désir de réaliser des recherches sur
la culture basque leur viendra plus tard.
Jean
Fagoaga
Jean
Fagoaga, médecin, retraité, est
né le 20 octobre 1928 à Sare. Il fut maire
de Sare. Joueur de pelote, il est père
de trois fils. Pour Eusko Ikaskuntza Iparralde,
il est vice-président depuis 1995.
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Euskonews & Media 162.zbk
(2002 / 4 / 12-19)
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