Redoutable
dans les combats terrestres, la France de l’époque moderne
a bien souvent délaissé sa marine au profit de son
infanterie. Pour parer à la faiblesse de sa flotte, le
royaume met au point la guerre de course, c’est-à-dire
que le roi confère à l’un de ses sujets le droit
(en temps de guerre) d’attaquer et de prendre un navire adverse
grâce à une lettre de marque. Attractif, autant pour
les armateurs que pour les équipages, ce système
permet au roi de France de voir les lignes commerciales des nations
qui s’opposent à lui, constamment harcelées.
La dernière
année du règne de Louis XV (1748), le capitaine
corsaire Piquessary (du basque Piko-Sarri : le figuier dans les
broussailles) se montre comme l’un des plus actifs. Entre le 1er
janvier et le 12 février (date de la fin de la guerre),
à bord du Lion, une frégate armée de 20 canons
et comprenant 250 hommes d’équipages, il s’empare, entre
autre, de l’Anne Brie de Liverpool, du Boston et de La Prospérité
de Dublin ou bien encore de l’Occupation de Liverpool.
Le 16 novembre 1741,
Piquessary s’était saisi de ce dernier navire, prise qu’il
relâchera le lendemain, après l’avoir déchargé
de ses marchandises de valeur. Conservant de la sorte tous ses
hommes, il s’attaque et s’empare du Hosperwel de Stockton, armé
de quatre canons. La période pacifique nous fait perdre
sa trace, que la reprise des hostilités nous permettra
de retrouver.
Le 16 juin 1756 débute
la guerre de Sept Ans. Dans l’état des corsaires de Bayonne,
réalisé le 1er janvier 1757, Piquessary est capitaine
d’une frégate, Le Machault, armée de 24 canons de
12 livres et il est à la tête de 400 hommes. Voilà
pour les éléments historiques, retranscrits en 1895
par Édouard Ducéré dans son livre sur l’histoire
des corsaires de Bayonne et du Pays basque. Il semble néanmoins
que l’activité de ce capitaine ne se soit pas arrêté
pour autant.
Du statut de corsaire
à celui de pirate, c’est la légalité qui
fait défaut. Piquessary ne va pas hésiter à
la transgresser. Du haut d’une colline proche de la côte,
il allume des feux destinés à tromper les navires
de passage. Ceux-ci effectuant du cabotage, viennent s’échouer
sur des lieux où le pirate va très rapidement les
piller. Comme toute activité illicite, il est aisé
de comprendre que des sources relatives à ces faits soient
impossible à retrouver. Ce sont l’oralité et le
travail de la mémoire qui contribuent à en faire
perdurer le récit, qui progressivement se transforme en
légende. Celle-ci, sera reprise au XXème siècle.
La colline a gardé le nom du marin, et une partie de son
espace va être utilisée pour le club de rugby local
du Boucau Stade. Mythe et réalité se recroisent
à nouveau lorsqu’il faudra équiper les sportifs.
Une nouvelle légende naît : toutes les équipes
du club porteront désormais la même unique couleur,
issue et découpée dans le drapeau du pirate : le
noir.
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Saison
1980/1981 où le Boucau Stade est invaincu à
Piquessary. La saison se terminera en 1/16ème de finale
par un match perdu contre Brive à la dernière
seconde sur un drop de Thiot. A l’image, à gauche Gimenez,
à droite Aizpurua.
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1972,
deuxième saison du Boucau Stade en première
division. De gauche à droite : Aizpurua, Fourroux (en
blanc, international et futur entraîneur du XV de France),
Belascain, Aragon. En arrière-plan, Lucas, Boucau Stade
22, La Voulte 13. |
Claude Mehats,
thésard
en histoire et études basques. Faculté
de Bayonne |