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Retentissement fœtal de l'abus de tabac et/ou d'alcool durant la grossesse
* Français
Xavier Hernandorena et Pedro Gorrotxategi


INTRODUCTION :

L’abus d’alcool et de tabac chez les adolescentes et les jeunes femmes, conjointement à la précocité de leurs relations sexuelles, font que ses répercussions sur les grossesses, connues depuis deux décennies soient aujourd’hui plus importantes que par le passé. Bien que les effets de ces drogues légales, nocives pour la santé soient connus par la population, leurs effets sur le fœtus sont moins connus ou s’oublient facilement. L’exposition aux drogues légales (alcool, tabac), ou illégales (cocaïne, narcotiques, opiacés) est une des principales causes de troubles du développement des nourrissons pour des raisons d’environnement. L’objectif de cet article est de résumer le retentissement fœtal du tabac et de l’alcool, car plus seront connus leurs effets dommageables sur le nouveau-né, plus la population sera sensibilisée pour prévenir ses effets.

L’alcool est beaucoup plus dangereux pour le nouveau-né que le tabac, c’est la raison pour laquelle nous insisterons davantage sur ses effets nocifs, en ne faisant qu’un bref rappel sur les effets du tabac, avant de conclure par un commentaire général.


EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE NOUVEAU-NE :

1. Effets somatiques

En 1967, Lemoine et collaborateurs ont décrit les anomalies observées chez les enfants de mères alcooliques ; plus tard en 1973, Jones, Smith et leurs collaborateurs les ont appelées "syndrome d’alcoolisme fœtal" (S.A.F.). Les principaux éléments du tableau clinique observé chez les enfants atteints de S.A.F. sont les suivants : 50 à 80 % ont un retard de croissance intra-utérin, une microcéphalie, une dysmorphie faciale avec anomalies des paupières, un petit nez, une lèvre supérieure marquée, une hypoplasie mandibulaire. D’autres anomalies malformatives ont été décrites, notamment des cardiopathies congénitales ou des anomalies des extrémités.

2. Effets sur le cerveau

L’effet de l’alcool sur le cerveau fœtal en développement est beaucoup plus nocif que son effet sur un cerveau d’adulte. En perturbant l’organogénèse cérébrale durant toute la vie embryonnaire et fœtale, des anomalies malformatives se produisent qui vont empêcher que les fonctions cérébrales suivent le programme génétique normal prévu. Ainsi, on observe un retard mental dans 80 à 90 % des enfants associé à l’existence de malformations diverses et notamment une atrophie cérébrale et des anomalies corticales. D’autres anomalies

cliniques pouvant apparaître comme des troubles du comportement à type d’irritabilité, d’hyper-activité chez l’enfant, et des problèmes psycho-sociaux chez l’adulte. Des études expérimentales chez les rates ont montré que celles qui ont subi une imprégnation alcoolique durant la période fœtale présentaient des troubles du comportement par rapport aux rates témoins n’ayant pas subi cette imprégnation alcoolique.

3. Quantité d’alcool nécessaire pour produire les anomalies

Les effets tératogènes de l’alcool montrent une relation étroite avec le moment de l’ingestion et le volume de cette ingestion. L’exposition alcoolique durant le premier trimestre entraîne des anomalies malformatives, notamment faciales, cérébrales, alors que durant le deuxième et le troisième trimestre de la grossesse, le retentissement sera marqué sur la croissance générale, la croissance cérébrale et les anomalies neuro-comportementales. Bien que les anomalies congénitales entraînées par l’alcool sont proportionnelles à l’intensité de la consommation, il n’existe pas de volume sous lequel on peut garantir l’absence de retentissement fœtal. Ce volume peut être différent d’une femme à une autre. On considère qu’avec l’ingestion quotidienne de 90 ml d’Ethanol, 40 % des fœtus présenteront une S.A.F., entre 60 et 90 ml à 20 %, et entre 30 et 60 ml à 10 %. Pour obtenir une relation entre les millilitres d’Ethanol avec les boissons habituellement consommées, il faut savoir que 23 ml d’Ethanol équivalent à 360 ml de bière, 100 à 150 ml de vin, et à 45 ml de liqueur.


EFFETS DU TABAC SUR LE NOUVEAU-NE :

L’effet du tabac sur le fœtus est sous-estimé au moins par l’opinion publique.

Selon diverses enquêtes, la majorité des femmes qui fument ont des difficultés pour sevrer leur consommation de tabac pendant la grossesse et rares sont celles qui y parviennent. L’incidence du tabagisme sur la grossesse est très élevée. Selon des chiffres des Etats-Unis, 30 % des enfants naissent de femmes tabagiques, et pendant la période néo-natale, la moitié des enfants sont exposés à leur domicile à la fumée du tabac. La nicotine et d’autres éléments inhalés dans la fumée du tabac ont des effects nocifs sur le fœtus en développement, en particulier sur la croissance globale, avec de plus la survenue de façon plus fréquente de complications péri-natales chez les mères tabagiques : avortement spontané, hématome rétro-placentaire, placenta praevia, retard de croissance intra-utérin (les nouveau-nés de mères tabagiques pèsent en moyenne 200 g de moins).

Le tabac n’affecte pas seulement la croissance générale de l’organisme, il retentit également négativement sur la croissance du cerveau. A ce niveau, une altération dans les mécanismes de neuro-transmissions a été observée, bien que les recherches sur les aspects pathologiques ne font que commencer. Nous connaîtrons mieux dans un futur proche les effets de la nicotine sur la structure cérébrale et son fonctionnement.

Par ailleurs, il a été démontré que le tabagisme s’accompagne d’une fréquence anormale du syndrome de la mort subite du nourrisson (mort inexpliquée d’enfants entre un et six mois de vie, sans cause évidente). L’augmentation de cette fréquence est due aussi bien à l’imprégnation tabagique pendant la grossesse qu’au tabagisme passif du nourrisson. Le Professeur Gilbert Barness, dans une série de recommandations pour prévenir la mort subite du nourrisson, donne comme un des conseils : l’abstention de fumer pendant la grossesse, l’interdiction formelle de fumer dans la maison où vit un nouveau-né.



RESUME :

L’alcool est la cause environnementale évitable la plus importante de retard mental chez l’enfant, et le tabac est la cause évitable la plus importante de grossesse pathologique. Les femmes qui décident d’avoir un enfant doivent savoir qu’elles doivent éviter de consommer des boissons alcoolisées en raison du risque de retard mental et de malformations congénitales. Bien que le retentissement du tabac soit moins grave que celui de l’alcool, le retentissement sur la croissance et les risques post-nataux, notamment sur la mort subite doivent être connus.

C’est un devoir des responsables de la Santé Publique que de mettre en place les programmes nécessaires à la prévention de ces retards mentaux, avec des campagnes publicitaires et une information correcte de la population en général et plus particulièrement des jeunes femmes en âge d’avoir des enfants.


BIBLIOGRAPHIE :

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  • Jones KL, Smith DW, UllelandCN y cols. Pattern of malformation in offspring of chronic alcoholic mothers. The Lancet 1973, 1267-1271.
  • Lemoine P, Harrousseau H, Borteyru JP y cols. Les infants des parents alcoholiques: anomalies observées. A propos de 127 cas. Arch Fr Pediatr 1967; 25: 830-832.
  • Malanga CJ, Kosofsky BE. Mecanismos de acción de las drogas sobre el cerebro fetal en desarrollo. Clin Perinatol 1999; 1: 17-36.
  • Mitchell EA. Ford RP, Steward AW. Habito de fumar y síndrome de muerte súbita del lactante. Pediatrics (ed Esp) 1993;35:266-269.

Dr Xavier HERNANDORENA (Hôpital de Bayonne) et
Dr Pedro GORROTXATEGI (Centro de Salud de Beraun)

Euskonews & Media 124.zbk (2001 / 5-25 / 6-1)


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