Les vocations tardives sont sou-vent les
plus ardentes
Ce n'est que vers le milieu des années
1930, elle a alors 50 ans, (étant née en 1884 à
Alos, en Haute-Soule) que Madeleine de Jauréguiberry prend
conscience du trésor irremplaçable que constitue
la langue basque et du devoir qu'ont tous les eskualdun de transmettre
cet héritage sacré des aïeux aux jeunes générations.
Elle est alors - ainsi que son
frère Jean, médecin, de quatre ans son aîné
- militante enthousiaste du mouvement eskualerriste, ce groupe
de Basques qui, autour de l'abbé Pierre Lafitte, essayait
d'introduire des éléments de rénovation
et de modernisme dans la société ultraconservatrice
d'Iparralde à l'époque.
Elle collabore à partir
de 1934 au mensuel de ce mouvement, Aintzina ; elle y écrit
dans chaque numéro un article en souletin.
Elle est surtout la première
présidente de l'organisation de femmes basques Begiraleak
fondée à Saint-Jean-de-Luz au début de 1935.
Elle y sera bien tôt rejointe
par des luziennes passionnées de langue et de culture
basques telles que Elise Arramendy, Madeleine Bribet et Antoinette
Lacarra (l'association culturelle luzienne Begiraleak, toujours
active de nos jours, est la continuation de ce mouvement de 1935).
La traduction que propose Madeleine de Jauréguiberry pour
Begiraleak est : "Les Gardiennes" (de la langue, de
la foi et des traditions basques).
Cette organisation qui compte
en mars 1937, 31 groupes locaux en Iparralde s'inspire largement
du mouvement de femmes d'Hegoalde, Emakume Abertzale Batza, fondé
en 1922
à Bilbao et qui va connaître dans les années
1930, un essor prodigieux jusqu'à réunir 20 000
membres. |