Un vieux chemin de raccordement
entre les hôpitaux de Masparraute et dAmorots prenait
le départ au quartier la Herrerie de Came sur la rive
gauche de la Bidouze, à Grand-Maison, ancien établissement
des Templiers comportant léquipement hôtelier
à lenseigne dune mansio, et la protection
de ses moines soldats. Cest sous le signe de lhospitalité
que se développe le chemin de Grand-Maison à Benta
dArrraute, de Benta à Pillelardit, de Pillelardit
à Ospitalia de Masparraute, dOspitalia à
Idiartia de Succos, dIdiartia à Ospitalia dAmorots
et dOspitalia à Jacquesenia de Beyrie, la fausse
note de Pillelardit se fondant elle-même dans une dominante
daccueil.
À la sortie du gué
les peires le chemin aborde les landes du pays de Mixe,
il monte auprès de la maison Pettanborda de Charritte
et atteint la D. 11 de Saint-Palais à Bidache à
hauteur de la maison Benta, ou la Bente de Charritte, ancienne
auberge comme son nom lindique. Au haut dArraute,
à deux kilomètres de Benta, une autre maison servait
dauberge, surnommée Pillelardit à la manière
de maintes auberges de Gascogne, parce que les bouviers de Came
et de Bidache, précurseurs des routiers modernes, y laissaient
leurs dernières pièces de monnaie, me souffle la
fille de la maison, leur dernier ardit. Lunité monétaire
de Gascogne rend compte de lemploi généralisé
des espèces morlanes, lardit étant le quart
du sou morlaas et le sou le vingtième de la livre morlane.
Près de la cote 192 le Guide Michelin signale un beau
point de vue correspondant exactement à lemplacement
de Pillelardit. Le panorama embrasse tout le pays de Mixe barré
au Sud par le Mont St-Sauveur et par la chaîne des Pyrénées
à larrière-plan. On découvre une douzaine
de clochers depuis Bergouey-Villenave et Orègue jusquà
Béhasque et Arbérats, ainsi que les trois tourons
de La Mulary, de Garris et de Luxe où sélevaient
les principaux châteaux du pays. Cest la texture
complète du pays, du pagus, qui saute aux yeux,
unité géographique et division politique du pays
de Mixe dont la trame vivante survit à toutes les conquêtes
et à tous les régimes, communauté naturelle
qui groupait vingt-sept communes, plus ou moins amputée
par ci et agrandie par là, mais renaissante dans le canton.
BORNES DE MIXE
Les landes appelées bois
de Mixe, propriété indivise des vingt-sept communes
composant anciennement le pays de Mixe, cernaient la Navarre
au Nord en direction de Bidache, et sétendaient
de Labastide-Clairence à lOuest à la Ferrerie
de Came à lEst, où la Bidouze servait de
frontière entre la Gascogne et la Navarre. Deux autres
points complétaient la ligne de démarcation dans
les Landes de Mixe, deux bornes dont la situation et le nom se
trouvent précisés sur le vieux plan cadastral de
la commune dArraute : la borne de Cassou Brustat
sur la D. 11 de Saint-Palais à Bidache et la borne de
Cassos Aradits sur la D. 313 dArraute à Bidache,
à la limite lune et lautre des territoires
dArraute et de Bidache.
Le toponyme Cassou Brustat pour
désigner le faîte du chêne frontière
sest transmis à la borne en pierre qui lui a succédé
sur place. Toujours debout et visible en bordure de route sur
le côté gauche en allant vers Bidache, à
deux kilomètres de la maison Benta et à 5 km. 800
de la place dArraute, elle se trouve à égale
distance de Bidache et dArraute, utilisée maintenant
comme pilier perforé dun trou à sa partie
supérieure pour la fermeture dun portail.
Moins heureux sur la route qui
sillonne en plein bois de Mixe nous avons seulement recueilli
des variantes graphiques de Cassou Aradits, Cassou des Arradits,
Cassou dArradits, ou encore les Arradits de Cassou, les
racines du chêne qui entrent en scène dans les registres
de délibérations dArraute à loccasion
du cantonnement demandé par la ville de Bidache dans le
bois et les landes du pays de Mixe. Les habitants de Bidache
possédaient en effet une part indivise des communaux du
pays de Mixe, et ce sont eux qui bénéficièrent
au premier cantonnement forestier de Mixe, cest-à-dire
du remplacement du droit dusage général quils
partageaient avec les communes co-propriétaires de Mixe
par la propriété limitée dune partie
des communaux.
Les commissaires de Bidache et
les maires des vingt-sept communes du pays de Mixe avaient accepté
une convention en lan II, mais le cantonnement définitif
avait échoué par suite dun désaccord
sur une langue de terre de moins dun hectare située
« vis-à-vis de la ferrerie » de
Came, que les deux parties voulaient conserver.
Le projet de cantonnement fut
repris au mois davril 1819 « en assemblée
générale des maires comportant le cy-devant pays
de Mixe » réunis à Saint-Palais, les
bases daccord de lan II adoptées et la langue
de terre en litige dévolue à Bidache, la surface
totale du cantonnement en faveur de Bidache étant de 997
hectares de terre et bois. Le pays de Mixe pouvait ainsi mettre
un terme aux dévastations incessantes commises sur toute
létendue des landes et des bois par les habitants
de Bidache en les privant du droit dusage et du droit de
parcours sur le reste des communaux.
Ce projet de cantonnement devait
être soumis au vote de chaque commune depuis la suppression
de ladministration communautaire du pays de Mixe au début
de la Révolution. Le conseil municipal dArraute
se déclara le 10 juin 1920 insuffisamment éclairé
sur les prétentions de Bidache et sur les droits réels
dArraute, mécontent de la gestion de la commission
administrative provisoire instituée le 1er mars 1805 par
le préfet de Castellane en remplacement de ladministration
communautaire, « ne connaissant aucune loi qui ait
dérogé au mode dadministration auquel les
dits biens étaient soumis depuis des siècles, la
propriété du d. bien de Mixe a été
toujours reconnue patrimoniale aux vingt-sept communes composant
le pays de Mixe, et dailleurs si bien établie que
les Souverains même ny ont prétendu »
et par là même incapable faute de documents et de
pièces authentiques de délibérer sur lobjet
de la demande à savoir le cantonnement en faveur de Bidache,
observant cependant quune limite se trouve placée
bien avant dans les communaux de Mixe vers la commune dArraute,
alors quelle doit se trouver au lieu connu sous le nom
des Arradits de Cassou », et demandant pour sa part
la cessation de la jouissance indivise et le partage des communaux
conformément à larticle 6 de larrêt
du Conseil du 9 mai 1773, cest-à-dire le bénéfice
du cantonnement à son endroit.
Par lettre du 1er juillet 1820,
le Sous-Préfet de larrondissement de Mauléon
répondant à cette délibération invite
le maire dArraute à prendre une seconde délibération
avec des conclusions positives sur le cantonnement soumis à
son conseil en faveur de Bidache. Il le renvoie pour plus ample
informé à la commission administrative provisoire,
détentrice des pièces du procès pendant
depuis longtemps entre la commune de Bidache et celles du pays
de Mixe. À propos de la borne, dit-il, « il
est du plus grand intérêt pour les communes de Mixe
de sassurer que les limites du cantonnement accordé
à la commune de Bidache sont bien les mêmes que
celles convenues par les commissaires de Bidache et les membres
de lAssemblée générale (du pays de
Mixe). Il est incontestable que le Cassou des Arradits était
une de ces limites, et il est du devoir de votre conseil municipal
de réclamer le redressement des limites sur ce point ».
Le cantonnement est approuvé
à lunanimité le 16 juin 1821 par le conseil
municipal dArraute tel quil fut établi en
assemblée générale dArraute tel quil
fut établi en assemblée générale
des maires du pays de Mixe les 14 et 16 avril 1819, conformément
au procès-verbal de bornage des communaux de Mixe du 17
avril 1819 et au plan visuel du 22 du même mois, « pour
être exécuté en tous ses termes sous la condition
que la Borne sera placée dans lendroit où
était véritablement le Cassou dArradits ».
Lhôpital de Masparraute,
la maison Ospitalia, située en bordure de la D.11 de Saint-Palais
à Bidache, aux confins de Masparraute et dArraute,
se signale par une tête en ronde bosse au-dessus de la
porte dentrée datée de 1754. Les registres
de Masparraute qui existent dès le XVII° siècle
ne font mention que des curés de la paroisse sans référence
à un quelconque prieuré, et les habitants dOspitalia
eux-mêmes ont simplement retenu lexistence ancienne
dune auberge où sarrêtaient les bouviers,
les transporteurs à destination de Came. Leur propos confirme
la liaison, objet de ce chapitre, que nous avons précisément
suivie au départ de ce chapitre, que nous avons précisément
suivi au départ de GrandMaison de la Ferrerie de
Came par les autres auberges de la Bente et de Pillelardit. Une
partie de ce tracé figure sur la carte de Cassini dArraute
à Saint-Palais.
Mais il est dautres chemins
convergeant à Ospitalia de Masparraute avec suffisamment
de vigueur pour imposer un véritable carrefour, qui sinsère
et revit à Ospitalia à la lumière des observations
topographiques et des relevés cadastraux. De leur étude
ressort lancienneté de linfrastructure routière
qui a conditionné des limites communales et donné
naissance à Ospitalia. Fonctionnellement inséparable
du carrefour, Ospitalia na plus de justification après
le déclin du carrefour, aussi son origine ne saurait-elle
se limiter daucune manière au XVIII) siècle
ni son existence sy confiner.
En face dOspitalia débouchait
le chemin de Viellenave et de la Mulary. Les traces sen
effacent progressivement, et des deux haies bordantes il y a
peu une seule subsiste après débordement dun
champ. Ce tronçon terminal sépare un champ de Masparraute
dun champ dArraute ; le chemin reparaît
derrière la maison Miquelet dArraute, et il est
deux traits à noter sur le vieux plan cadastral dArraute :
lappellation chemin de Labastide-Villefranche, cest-à-dire
de Bergouey et de Villenave, et son insertion à la limite
des territoires dArraute et de Masparraute sur quelque
180 mètres. On suit le chemin en arrière de la
maison Emachondoa où la tradition du passage des pèlerins
sest maintenue, et lon rejoint le chemin de Cibieta,
dernière maison de Masparraute, doù lon
descend entre deux rangs rectilignes de fil de fer barbelé
vers le bois de la Mulary. Le chemin se perd dans le bois, et
rien de plus aisé que de sy égarer à
linstar de la femme du voisinage qui erra toute la nuit
avant de pouvoir en sortir. Un point de repère essentiel
est pourtant connu de tous, encore que pas commode à retrouver,
nous lavons vérifié à nos dépens,
le pont de la Mulary dit pont romain, où passait la route
sur le ruisseau Mihouret à la limite de Biscay et de Viellenave.
Ce pont roman à une arche bombée est semblable
à celui du moulin dAincie de Beyrie, arche en pierre
rouge effrité sur une berge et dont le pavement est en
partie visible sur le dessus. Au pont seffectuait la jonction
du chemin de Viellenave et du chemin du château de la Mulary
en direction dOspitalia de Masparraute . Deux précisions
sont ancrées dans les mémoires, la qualification
romaine et les rixes dont il fut souvent témoin. Quelques
400 mètre après la sortie du pont le chemin débouche
au pied de la colline la Mulary, fief primitif des Gramont.
Entre Ospitalia de Masparraute
et la première maison dArraute, anciennement dénommée
Hachaga, descend un autre chemin, dit dOrègue à
Masparraute, qui va séparer lui aussi quelques mètres
plus bas les territoires de Masparraute et dArraute sur
une distance de 120 mètres environ.
De lautre côté
dOspitalia, la croix de la maison Bordatoa marque le départ
du chemin dOspitalia à Succos, dit de Succos à
Masparraute dans le vieux plan dArraute. Il est connu depuis
Bordatoa sous le nom de chemin de la Tannerie, en souvenir de
létablissement disparu sur la rive gauche du ruisseau
Lascueta. Le chemin franchissant un pont en pierre adjacent reconstruit
en bois et désaxé maintenant par rapport à
lancien chemin. Le pont et la tannerie, ainsi que le chemin
situent la limite des trois communes de Masparraute, dArraute
et de Succos. Le pont franchi, on borde une languette du territoire
dArraute, le quartier Sorhoueta du nom de la maison Sorhouet
disparue, le chemin se glissant sur quelque 15-20 mètres
à lunion des trois communes avant de monter rectiligne
le long de la haie aux confins des territoires dArraute
et de Succos, et de gagner la maison Ehulondoa de Succos. Il
laisse à droite un turon dune cinquantaine de mètres
de diamètre situé en haut de Sorhoueta. Le défrichement
de la parcelle na épargné quune partie
du turon, du fossé et du talus.
Cinq chemins en résumé
adhéraient au carrefour dOspitalia de Masparraute :
chemins de Viellenave-la-Mulary, dOrègue, de Succos,
de la Herreire de Came et de Garris-Saint-Palais.
OSPITALIA DAMOROTS
La maison Ospitalia dAmorots,
lhôpital du vieux plan cadastral, Zabala y lOspital
en 1513, se présente à lécart de lagglomération
et apparemment à l'écart des chemins, isolée
et bercée par les collines ondoyantes qui lentourent,
déchue du rang de prieuré-hôpital quelle
occupait avec sa chapelle, daspect vétuste et accueillant.
Aucune trace de chapelle nest discernable si ce nest
les fondations dun mur parallèle à la route
et qui pourrait lui être attribué. Son existence
et son ancienne dépendance de la commanderie dIrissarry
de lOrdre de Malte, cest à peu près
tout ce qua livré Ospitalia, et il est nécessaire
de recourir aux éclairages extérieurs et au contexte
topographique comme moyen dapproche et de connaissance.
La méthode qui a servi pour Pellegrinia de Garris et pour
Ospitalia de Masparraute montrent ici encore lintérêt
du site et dune implantation jacobite à la fourche
de trois chemins et dun quatrième aujourdhui
disparu, chemins de Succos, de Méharin, de Beyrie et dOrègue.
Un lieu de pèlerinage
aux abords dOspitalia et de son carrefour est le seul souvenir
qui ait survécu entre Ospitalia et Jauberria. Une source
appelée Jondonaneko ura ou ithurria, fontaine
Saint-Jean, alimente la maison Ospitalia et reçoit en
outre lhommage traditionnel dun bouquet de fleurs
à la Saint-Jean. Elle était lobjet dun
culte, pèlerinage jadis fréquenté, selon
le témoignage de la grand-mère dOlloquia
proche dOspitalia et que nous recueillons sans autre précision.
Quittant lOspitalia de
Masparraute, on foule le territoire de Succos rattaché
à Amorots depuis 1841, par devant les maisons Ehulondoa
et Idiartia, où sopérait la jonction avec
le chemin dOrège, qui nest autre que lancien
chemin de Bayonne - Labastide-Clairence Garris
Saint-Palais de lAtlas de Jaillot. Une tradition hospitalière
de la meilleure veine quoique tardive, se maintient à
Idartia en une formule laconique de bienvenue gravée sur
le linteau de la porte dentrée, à lombre
dun vieux chêne centenaire, et qui se passe de commentaire :
Entre mon ami, lan
1796
Confondu sur quelque 500 mètres
avec le chemin vicinal actuel de Masparraute à Amorots,
lancien chemin coupe ensuite à gauche en direction
de Béguios suivant le tracé de litinéraire
de Jaillot par les maisons Apathie et Laurenchenia en bas du
chevet de léglise Saint-Martin de Succos, par la
maison Lascoueta jusquà la crois processionnelle
de la maison Atchemotonia de Béguios sur la D. 123, avec
laquelle il se confond à la limite de Béguios et
dAmorots, entre la croix processionnelle dAtchemotenia
de Béguios et la croix processionnelle de Bidandepia dAmorots,
les deux croix signalant deux tronçons de lancien
chemin.
Dans un champ du voisinage coule
la source Sainte-Lucie, sous le même vocable que la patronne
de léglise dAmorots. Son culte nest
pas complètement abandonné puisquun fidèle
sen est approché, nous, dit-on, en 1962, année
de sécheresse de la source ; les enfants anormaux
ainsi que les enfants retardataires pour la marche y avaient
accès il ny a guère, et il est intéressant
de noter lextension prise par le culte de la marche des
petits enfants que nous navions jusquici observé
quà lintérieur danciens oratoires
des chemins de Saint-Jacques.
Au-delà de la croix de
Bidandepeko Kurutzia et dun four à chaux en pierre
rouge, la toponymie double la route à la faveur dune
zone isonomastique de trois noms de maisons qui saccompagnent
et jouent sur trois claviers superposés :
1° Miramonde-baig, Miramonde-gain
et Miramondeberry de lancien plan cadastral dAmorots-Succos,
Miramon de bas (ou vallée), Miramon de haut et Miramon
neuf.
2° Bidegain de Pé,
Bidegain de gain et Bidanberry du nouveau plan, en haut du
chemin de bas, en haut du chemin de haut et Bidainberry ou Bidegainberry,
en haut du chemin-neuf.
3° maisons courramment désignées
maintenant Bidandepia, Bidandegain et Bidandeberrita
ou Bidanberrita littéralement en bas du grand chemin,
en haut du grand chemin, grand chemin neuf.
Un champ de la maison successivement
appelée Miramon de baig, Bidegain de Pé et Bidadepia
relie celle-ci au chemin. Une motte circulaire entourée
dun fossé en bordure de cour fait office de mare
à canards, tout en dominant la campagne environnante et
justifiant lappellation « mire mont »
naturellement donnée lhabitat, maison forte qui
sy dressa primitivement et dont le souvenir perdu peut
être rétabli grâce aux données toponymiques
et topographiques.
La maison voisine Carricaburia,
tête de chemin, voit le chemin se creuser jusquà
une profondeur de deux mètres, monter en direction de
Miramon de gain, Miramon gainea, Bidegain de gain ou Bidadegain,
et rejoindre le chemin vicinal actuel de la place dAmorots
à la maison Ospitalia dAmorots, ancien chemin vicinal
dit de Succos à Méharin.
Récemment goudronné
ce chemin monte à flanc de montagne jusquà
Ospitalia, il continue au-delà dOspitalia en côtoyant
la source Jandonaneko ura blottie dans un pli du terrain, et
débouche sur la D. 14 de Saint-Palais à Hasparren
à la limite des communes dAmorots et de Béguios,
au-dessus de la maison Miramondeberry, Bidainberry, Bidamberry
ou Bidandeberrita dAmorots. Cest lancien chemin
dit de Larre à Beyrie du nom dune maison voisine
dOspitalia, et qui reliait lhôpital dAmorots
au col de Begoué, à la montagne dAspiné
et au col dElhigna.
Un changement doptique
sest opéré suivant les époques dans
cette zone isonomastique, à partir des belvédères
et de lhorizon par là même découvert,
en fonction de la route unitive des trois maisons . Une
constante existe dans les deux premières versions, notion
de hauteur par rapport au paysage, mont, et par rapport à
la route, gain, en haut. Nous ne sommes pas du tout certain
que les Bidande de la troisième version soient dauthentiques
Bideandi, grandroute, mais convaincu plutôt des glissements
du langage nous y verrions volontiers des Bidonde, des maisons
à coté de la route, par analogie avec les graphies
Miramonde, altérations elles-mêmes de Miramon de.
Lhôpital dAmorots
drainait un autre chemin aujourdhui disparu correspondant
à lancien chemin dit de Succos à Méharin.
En partie détruit par le défrichement, il descendait
aux confins dAmorots et de Méharin, on le voit reparaître
après la maison Larria de Méharin vers Olloquia,
Olloquiberria, Larraldia, Ayhartiza, Errecartia, atteindre entre
Ithurbidia et Larrasta le pont de Méharin sur la D. 14,
ou Larrasta le pont de Méharin et de Beyrie. Il franchissait
le ruisseau à gué en empruntant le chemin vicinal
actuel de Méharin à Beyrie quil quitte bientôt
pour traverser le ruisseau dAscongarat vers la maison Chotil
disparue, la maison Harribelsague où il sengage
au flanc dAspiné en vue lui aussi du col dElhigna.
Complétant le carrefour
dOspitalia dAmorots, un dernier chemin conduit à
la montagne vers la maison Izaacq disparue, Izaacqborda et débouche
au quartier Laharane dOrégue.
CAQUILLA
Une autre maison, un autre quartier
font écho sur le territoire dAmorots à la
maison et au quartier Ospitalia : la maison et le quartier
Caquilla au voisinage de léglise. Un décalque
de coquille transparaît dans la toponymie et lonomastique
locales. Au côté des Composta, Pelegrin, Ospital
ou Dospital, le Basque a adopté le nom propre Caquilla,
que le Basque moderne orthographierait Kakila, pour désigner
cette maison et ce quartier dAmorots où la tradition
reconnait un emprunt à linsigne jacobite et une
mutation de Coquilla. Caquilla rappelle une autre maison, Caquilia
du quartier Celhay dHasparren, tributaire mêmement
de la coquille par indadvertance et variation phonétique
de Coquilia en Caquilia. On trouve la coquille préservée
à létat pur dans le patronyme dérivé
de topnyme, Quoquilaberri, coquille neuve, que nous empruntons
au registre paroissial de Masparraute de lannée
1676, où une Jeanne de Quoquilaberri, maîtresse
de la Garde la Labets tient un nouveau-né sur les fonts
baptismaux. Quoquilaberri implique lexistence dun
toponyme plus ancien, dune maison Quoquilla, dont nous
venons de présenter les versions Caquilla dAmorots-Succos
et Caquilia dHasparren.
COL DELHIGNA
ET MAISON JACQUESENIA
La chaîne de Begoué-Aspiné-Elhigna
aspire les deux bretelles dOspitalia dAmorots ainsi
que le chemin des seigneurs de Luxe précédemment
étudié. Le chemin des seigneurs de Luxe atteignait
un premier col de Bégoué entre Bégoué
andi et Bégoué ttipi, la bretelle dOspitalia-Bidanberrita
empruntant un deuxième col de Bégoué entre
Bégoué andi et Burusti. Cette dernière gravit
avec la piste du col de Bégoué andi-Bégoué
ttipi. Le chemin à flanc dAspiné qui lui
fait suite sur le versant de Beyrie a son pendant sur le versant
de Méharin, tel que nous lavons décrit pour
la bretelle dOspitalia dAmorots à Méharin.
Par cette double voie dAspiné
viennent prendre appui au col dElhigna la liaison de Garris-Luxe
dun côté et la liaison GrandMaison
Ospitalia de Masparraute et Ospitalia dAmorots, de lautre,
le col dElhigna drainant lensemble des chemins de
Garris, Luxe, dAmorots, de Lantabat, dIholdy et de
la chapelle Oxarty, de Méharin et dArmendarits.
Au creuset dElhigna loge
la maison Jacquesenia de Beyrie, la maison de Jacques.
Il est sûr que ce nest pas celle qui nous a conduit
sur les pentes dAspiné et que nous nous sommes gardé
dune séduction trop facile en arborant du St-Jacques
au col dElhigna ; Elhigna est seul responsable de
ladoption de Jacquesenia, maison qui passe pour très
ancienne, appelée par sa situation même au nud
du col à servir de centre daccueil ou dauberge,
à limage dOspitalia dAmorots à
lautre extrémité de la chaîne. Aiguillage
dOspitalia dun côté, coordination de
Jacquesenia de lautre, si bien quon ne peut sempêcher,
en labsence de tradition et de document, de se demander
si la maison de Jacques nétait pas bel et bien une
maison de Saint-Jacques et un relais de pèlerins. On sait
la familiarité dont use par endroits le Basque à
légard des saints, il nest que de songer à
Jacobe Bidia, le chemin de Jacques, au pied du mont St-Sauveur
de Saint-Palais, ou à un exemple plus récent en
la personne de saint Michel Garicoits qui a donné en basque
Garicoitsenia, la maison de Garicoits à Saint-Palais
et Garaikotxea, également la maison de Garicoits à
Paris.
Les noms de montagne, parmi les
plus anciens de la toponymie, et autrement difficiles à
résoudre, se sont fixés dans leur cadre réel
et pétrifiés dans leur sens originel qui
résiste à lanalyse
étymologique. Tout au plus peut-on suggérer pour
Elhigna un rapprochement avec la graphie Elinia pour Oloron,
donné par le Dictionnaire Topographique des Basses Pyrénées
daprès la notice des provinces. Ils sonnent familièrement
aux oreilles des autochtones, mais les sites privilégiés
quils désignent, naturellement préservés
et aujourdhui délaissés, ne sont plus que
des réserves de solitude et de beauté, flamboyant
sous les feux de la lande et sous le vent dautomne.
Du col on suit la piste à
flanc dElhigna, laissant sur la droite la redoute du sommet,
camp dElhigna allongé et découpé à
lintérieur de ses vastes fossés. Le château
dArmendarits quil domine a honoré Saint Jacques :
noble Jacques de Moneins dArmendarits, témoin dun
mariage le 25 aout 1749 (Reg. DArmendarits) est « commandeur »
de lhôpital de St-Blaise de Miséricorde dans
le diocèse dOléron », et dans
léglise dArmendarits repose Armd Jn baron
dArmendarits, lieutenant général des armées
du roi dEspagne, gentilhomme de sa chambre, Grandcroix
de lOrdre Royal de St-Hermenegilde, chevalier de Saint-Jacques,
né le 27 juin 1757, décédé le 28
avril 1833.
La piste se dirige vers Iholdy
par les montagnes dElhignoumé, le petit dElhigna,
et dOsina dArmendarits , les maisons Gainecoetchebarnia,
Mendiburua dIholdy et Ithorotchia au pied de la montagne,
Uhaldia en bordure de la D. 8, le château dOlce côtoyé
par lancien itinéraire DIholdy à la
commanderie des chevaliers de Malte, Ospitalia dIrissarry.
Le lien de dépendance dOspitalia dAmorots
et dOspitalia dIrissarry na pu que favoriser
cette liaison des chevaliers de Malte, et nous savons que les
vieux Basques empruntaient couramment le col dElhigna pour
aller dIholdy à Garris.
Un autre chemin, auquel nous
avons fait allusion à propos des seigneurs de Luxe, de
leurs barronnies et de liaison seigneuriale des trois baronnies
de Luxe, de Lantabat et dOstabat, descendait du col dElhigna
jusqu'au pont de la maison Obiloa de Beyrie, et assurait la liason
avec la vallée de Lantabat, la vallée de la Joyeuse
et le col dIpharlatcé dOstabat.
Les deux bretelles qui simbriguent
à Bégoué-Aspiné-Elhigna expliquent
le dessin des anciens tracés de col en col et de montagne
en montagne, libérés des agglomérations,
réservés à la circulation des piétons
et des cavaliers et aux longues communications, conçus
avant la lettre et la chose un peu à la manière
des autoroutes.
Derniers ennemis de la route,
et plus encore des troupeaux, les loups firent leur réapparition
à Elhigna à la fin du mois de septembre 1861, et
dressèrent contre eux les communautés dalentour
dans une battue générale autorisée le 30
septembre 1861. Le maire dArmendarits, Mendiburu, écrivait
en ces termes à M. le Sous-Préfet :
« Jai lhonneur
de vous informer que depuis quelques jours les loups font de
grands ravages dans les troupeaux qui pacagent dans notre montagne
dElhigne située aux confins des communes de Méharin,
Lantabat et Beyrie. Jai écrit par le courrier de
ce jour aux maires de ces trois communes pour les engager à
demander à leur tour lautorisation de faire une
battue générale dans nos bois respectifs. Je vous
prie, Monsieur le Sous-Préfet, de vouloir bien dans lintérêt
des propriétaires de nos troupeaux mautoriser à
faire cette chasse le jour que vous voudrez bien nous fixer. »
(Reg. DArmendarits.)
Docteur URRUTYBEHETY
Gure Herria octobre
1965 |