Pantxoa Etchegoin
est le directeur de lInstitut Culturel Basque. Cette institution dIparralde
(Pays Basque nord ou français) a pour but de faire vivre la culture
en étudiant la langue basque tout en examinant toutes ses sources.
Notre langue doit trouver la solution pour survivre et le rêve de
son directeur est de prendre la voie la mieux adaptée.
-Aujourdhui quelle est la fonction de linstitut culturel
basque ?
Comme entrée en matière, je dirais que dans la société
actuelle le plus important est de rassembler les énergies et de partager
les expériences. On retrouve cette observation dans les fonctions
de lInstitut Culturel basque.
Tous les jours, nous travaillons avec des responsables dassociatons
culturelles, que ce soit dans la création, lorganisation et
la diffusion, tout en essayant de structurer le travail de chacun, en les
aidant dune façon efficace à faire aboutir leurs projets.
Deuxièmement, nous jouons le rôle dintermédiaire
entre les différentes institutions et associations. En deux mots,
je dirais que lInstitut Culturel Basque est le seul endroit en Iparralde,
où peuvent communiquer les membres des associations avec les représentants
des pouvoirs publics. Et pour moi, cela est très important.
Enfin, lInstitut Culturel Basque doit prendre le temps de réfléchir
pour trouver un équilibre entre la tradition et la modernité,
en se projetant dans lavenir tout en gardant notre personnalité
basque, en prenant en compte lenvironnement mondial dont celui de
linformation.
-LICB a publié une revue, "Leihotik", cette
année. Huit ans après la création de lICB, pourquoi
avez-vous pensé à diffuser cette publication ?
Nous voulons que ce périodique "Leihotik" soit pratique.
Notre souhait est quil soit bi-mensuel, afin de développer
les relations entre les associations, et en même temps quil
soit un moyen dinformation pour le grand public. Nous choisissons
comme thème principal un sujet culturel, puis des interviews et surtout
nous souhaitons publier des informations pratiques. Le savoir- faire et
le faire-savoir sont à mon avis indissocialbes.
-Suite à une enquête organisée par lICB,
au Pays Basque Nord 11% des jeunes parlent le basque. En comparant avec
les années précédentes, comment expliquez-vous les
raisons de cette baisse ? Y-a-t-il des moyens efficaces pour modifier cette
tendance ?
En Iparralde, la situation de la langue basque est plus que préoccupante,
et surtout auprès des jeunes. Bien sûr, on retrouve beaucoup
de raisons à cette baisse. Tout dabord, je parlerai du manque
de transmission dans la famille, des mutations de lenvironnement qui
ont apporté un changement social, de la ferme basque à la
ville francisée et bien sûr le manque de reconnaissance comme
langue officielle dans lenseignement, la vie publique, les entreprises,
ladministration etc....
En regardant plus loin, il me semble que ceux qui parlent le basque doivent
lutiliser, davantage, sans complexe, tout en utilisant le bilinguisme
dans certaines situations.
Sans aucun doute, la solution reste dans lenseignement, mais aussi
que la langue basque soit reconnue comme langue officielle. Dautre
part, nous devons travailler pour que notre langue soit moderne, quelle
sexprime dans les domaines scientifiques, linformatique, la
littérature, lexpression artistique, et aussi dans les communautés
urbaines, comme tout autre culture, je crois que le basque de demain se
développera dans un environnement urbain.
-ICB prépare pour lan 2000 une grande exposition sur
le chant. Pensez-vous que par lintermédiaire du chant on peut
redresser la situation de la langue ?
La littérature, la versification, le chant et le théâtre
en sexprimant en basque, enrichissent la langue. Sans aucun doute,
le chant tient une place considérable dans le monde culturel basque.
Avec la question précédente, le chant a sans aucun doute une
relation certaine. Comme la langue, le chant ne se transmet pas, comme dans
le passé, par la famille ou le village. Petit à petit, le
chant perd limage sociale quil représentait, pour devenir
quelque fois une production commerciale. Avec cette exposition nous voulons
que le chant basque - celui dhier comme celui daujourdhui
- soit davantage reconnu, et transmis surtout chez les enfants et les jeunes,
au même niveau que les autres chants dautres cultures, bref,
quil soit valorisé ici et à travers le monde.
Il faut apprendre le basque mais aussi vivre immergé dans la culture
basque. Cest la finalité de notre projet.
-Les enfants et les jeunes sont les meilleurs promoteurs de la langue
basque. Quels seraient les éléments formateurs pour renforcer
cette culture ?
Il me semble que les formations qui sont offertes devraient avoir au
moins deux éléments : le premier, pour compenser le manque
de transmission, une éducation artistique est indispensable, à
lécole mais aussi en dehors., par exemple dans le domaine du
patrimoine ou de la littérature.
De la même manière, ils devraient apprendre à associer
la culture basque à celles dautres pays du monde; cest
ainsi que font toutes les cultures pour senrichir mutuellement.
Enfin, il faudrait mener une réflexion globale pour savoir comment
la culture basque, sans perdre son âme, peut trouver sa place dans
les divers champs culturels de demain.
-Comment voyez-vous de lInstitut Culturel Basque le panorama
culturel du Pays Basque ?
A la veille de lan 2000, je suis assez optimiste sur la situation
de la culture du Pays Basque, bien que je sente dans certains
domaines une faiblesse du côté de la création. Les individus
et les associations ont une énergie considérable pour faire
aboutir leurs projets.
Souvent, avec peu de moyens, on réussit de belles réalisations,
autant dans le chant, que dans le théâtre, la littérature
et aussi dans la versification.
On pratique de plus en plus déchanges en invitant des groupes
de danses et de musiques dautres pays étrangers. Ces dernières
années, les spectacles audio-visuels ont pris une importance considérable,
surtout en Hegoalde (Pays Basque sud).
Dautre part, on sent chez les jeunes le désir de structurer
toutes ces actions et celui de collaboration. Le meilleur exemple en Iparralde
est celui de lassociation Piztu, qui organise le festival du "Euskal
Herria Zuzenean".
Ceci étant dit, mais il me semble que nous manquons de critique de
presse. Cela est regrettable, car pour améliorer le niveau culturel,
les critiques - quand elles sont sensées - sont indispensables.
-Les relations que lInstitut Culturel a avec dautres organisations
culturelles dHegoalde (Pays basque sud), sont-elles suffisantes ?
Même sil y a des grandes différences entre le Pays
Basque Nord et le Pays Basque Sud, lInstitut Culturel Basque a de
bonnes relations et elles sont fécondes, par exemple avec les services
du Gouvernement Basque et du Gouvernement de Navarre. Ainsi, nous avons
mené ensemble lenquête socio-linguistique, nous avons
travaillé ensemble dans le projet de revitalisation de la langue
basque. Pour moi, ces expériences sont très fructueuses, des
actions de Hegoalde sont applicables à léchelle dIparralde,
par exemple dans les méthodes de travail et léchange
dinformations.
Quelquefois, nous travaillons avec les télévisions et les
radios basques, avec des centres culturels et des fédérations,
par exemple avec Sarobe dUrnieta ou avec des groupes de théâtre.
Il est vrai que nous devrions avoir davantage de relations mais cela sera
le résultat dactions quotidiennes.
-Quel type de relation a lInstitut Culturel Basque avec lEtat
français ?
Nous avons des relations proches avec lEtat français, avec
le service décentralisé de la D.R.A.C. à Bordeaux,
qui nous aide financièrement mais aussi fait partie de notre Conseil
dAministration, le département, la région et avec les
responsables du Gouvernement Basque. Ainsi, ils suivent nos travaux, participent
aux négociations. Cela se passe bien.
-Pendant les fêtes de votre village quel genre de danses et
de chants vous plairaient ?
Dans les fêtes ce qui me plait le plus cest lambiance
quelles génèrent comme chanter des chants traditionnels
avec des amis, pendant trois ou quatre heures, ou contempler le fandango
dArratia (je le trouve très frais et plein dénergie).
-Quel est votre rêve en tant que directeur de lInstitut
Culturel Basque et en tant que vous même ?
Le rêve du directeur de lInsitut Culturel Basque : trouver
les clés pour développer la culture basque et surtout que
tous ensemble nous sauvions la langue basque.
Mon rêve : écrire un roman et avoir le temps nécessaire
pour lécrire.
-Quelle serait votre réaction si tous les textes officiels
étaient bilingues basque et français ?
Jaurais une réaction tout à fait positive et je serais
enchanté. En effet, une langue et surtout lorsquelle est minorisée,
doit être à la fois écrite, entendue et vue. Ainsi,
celui qui la sait se rend compte de son importance sociale et a moins honte
de la parler et le fait de voir dans les espaces publics laffichage
en basque tout près de celui en français peut être un
sujet de réflexion positive pour la personne qui ne la connaît
pas. Je souhaiterais rapidement que cette question devienne réalité.
-Pour vous quest-ce-que signifient les grottes dOxozelhaia
?
Lorsque je me rends aux grottes dOxozelhaia ou
dArbéroue, il me semble que dans lhumidité des
pierres et des stalactites, le temps sest arrêté. Les
dessins des pottoks et des chats sauvages mimpressionnent fortement.
Et en sortant de là-bas, à nouveau, le silence, lodeur
agréable des pâturages, le trésor dArbéroue.
Aujourdhui encore, on y fait des fouilles. Chaque génération
a apporté sa pierre, dans ces endroits mystérieux.
-Quels sont vos loisirs ?
Mes loisirs : course à pied, randonnées en montagne, lire,
chanter et faire du théâtre.

PANTXOA ETCHEGOIN |
Pantxoa ETCHEGOIN a toujours été impliqué dans les
activités de la culture basque en Iparralde. Non seulement, il a
été lecteur de romans dans les radios en langue basque Gure
Irratia et Irulegiko Irratia mais il a fait aussi les traductions du guide
touristique du Pays Basque. Pour le musée Grévin de Saint-Jean-de-Luz
il a traduit les textes et les enregistrements. Actuellement il est directeur
de lInstitut Culturel basque, et après huit ans dexistence
de cet institut, il publie le bimensuel Leihotik" (par
la fenêtre). |
Photos de P. Etchegoin: J. Claude
Broca / E.K.E. |