En premier, il faut signaler que traditionnellement
lecarnaval de cette zone du Pays-Basque est à rattacher au monde
rural et revêtait trois aspects majeurs:
a)Des tournées de mascarades déguisées de façon
souvent hideuse, avec de vieux vêtements déchirés.
Leurs noms étaient Piltzar, Zirzil en Labourd et Basse
Navarre et Maskak en Soule. Cette coutume trés pratiquée
dans l'Europe de l'Est a disparu de nos contrées...
b)Des cortèges de mariage carnavalesque plus ou moins élaborés
comprenant des danses et des saynètes avec généralment
des costumes très décorés.
Cette pratique s'est maintenue dans les trois provinces: Mascarade Souletine,
Calvalcade Bas-Navarraise, Carnaval Labourdin.
c) La promenade et la condamnation du mannequin Sant Pansart
sont encore pratiquées, mais pas forcément de façon
traditionnelle.
En deuxième, nous aborderons succintement l'état actuel des
cortèges de mariage carnavalesque en Soule, Basse-Navarre et Labourd.
a) La Soule a conservé les mascarades. Depuis
la fin des années mille neuf cent soixante dix, la tradition s'est
maintenue régulièrement avec un village organisateur tous
les un ou deux ans.
Cela est du à différents facteurs dont un important sursaut
des défenseurs de la tradition aidés par la nouvelle génération
porteuse d'une réflexion plus identitaire, peut-être aussi
plus "abertzale" (Nationaliste Basque).
Cela a permis aussi le renouvellement des mascarades,
entre autre des textes des saynètes qui sont à notre avis
devenus plus ancrés à l'actualité locale et à
la critique sociale, même si cela a toujours été présent.
Les cortèges comprennent toujours:
- La troupe des rouges toujours de qualité au niveau de la danse
avec spécialement le txerrero, le gathuzain, le zamalzain,
la kantiniersa et l'enseignari.
- La troupe des noirs avec les bohémiens, les chaudronniers (kauterak),
le docteur...
Par contre beaucoup de personnages ont disparu semble-t-il à jamais:
l'ours, la maquerelle, le vieux couple de mendiants, le berger et les agneaux...Certaines
disparitions sont dus aux coups répétés des "gens
bien pensant" choqués par certaines scènes et aussi
à la perte de sens de certains personnages. La danse essaie de se
maintenir à un niveau de qualité.
L'une desévolutions majeures est l'introduction des femmes, d'abord
dans des rôles féminins jadis joués par les hommes,
puis petit à petit dans les aintzindariak. Il y a même eu une
mascarade uniquement féminine organisée par Eskiule. Cela
modifie profondément le sens de cette tradition, mais c'est aussi
la réalité démographique de cette province. Cette année,
le flambeau est porté par la mascarade de la jeunesse du village
d'Idaux Mendy. Jusqu'à mi avril, chaque dimanche sera une ocassion
de vivre au rythme du spectacle regroupant de village en village ces jeunes
Souletins.
b)La Basse Navarre a eu beacoup de mal
à conserver sa tradition de cavalcade qui nécessite beaucoup
de danseurs. Seules les zones de Garazi, Baigorry ont maintenu de façon
épisodique cette tradition en période carnavalesque. Par contre
dans la région de Mixe le groupe Burgaintzi, chaque année,
monte une cavalcade dans cette période calendaire. Du même
type de tradition, bien qu'en Navarre, la cavalcade de Valcarlos se maintient
mais dècalée dans le temps à Pâques.
c)Le Labourd est certainement le lieu où la tradition
a failli totalement disparaître. Dans les années soixante quinze,
à part Ustaritz et Hasparren et parfois Espelette, tout était
perdu et personne ne faisait, plus la tournée des Kaskarrot.
Le travail d'ethnographie effectué par Pierre Betelu, Pierre Gil,
les associations Begiraleak de Saint Jean de Luz puis Lapurtarak avec entre
autre Claude Iruretagoyena et moi même ont permis d'inverser le processus,
de remettre en place les cortèges carnavalesques avec l'ensamble
des personnages dont les Mariés. l'ours, le kotilun gorri
et le Ponpiera, de relancer la tradition de Sant Pansart.
Un travail imortant sur le costume labourdin des Kaskarrot
et la création d'un habit pour les filles qui entraient désormais
dans les danses ont permis l'émergence de troupes de qualité.
Aujourd'hui le carnaval traditionnel est produit à Bassussarry ,
Ustaritz, Espelette, Bidart, Briscous, Sain Pé sur Nivelle Bardos,
Hasparren, Ainhoa...
Enfin, pour terminer, signalons que parallèlement à tout cela,
s'est également développée en Pays Basque Nord la mise
en place de carnavals plus modernes de type urbain à Ustaritz, Saint
Jean de Luz, Tardets, Garazi, Bayonne, Biarritz, où se mêlent
aspects traditionnels et réalités modernes souvent sans rapport
avec la culture basque.
Thierry Truffaut, Ancient Président
d'Euskal Dantzarien Biltzarra, Ass. Lauburu. |