Cette recherche de maîtrise, dont est ici présenté
un résumé succinct, a été réalisée
dans le cadre des Journées du patrimoine organisées par l'Euskal
kultur erakundea / Institut culturel basque les 16-17-18 octobre 1998, sur
la thématique générale du patrimoine vu par les jeunes.
Elle fera l'objet d'une présentation lors d'un débat organisé
le 16 octobre à Bayonne sur le thème des jeunes et de l'identité
basque. Ce débat sera aussi illustré par divers témoignages
ainsi que par une vidéo réalisée par Aldudarrak bideo.
Pour plus de renseignements, contacter l'Euskal kultur erakundea au 05.59.93.25.25
Résumé
Le mode sous lequel la modernité a été pensée
en Occident, le modernisme, a durant une bonne partie du XIXème et
du Xxéme siècle condamné l'attachement aux particularismes
locaux, envisagés comme autant de freins au développement
et au progrès. Au cours de cette période, beaucoup de Basques
ont vécu comme un déchirement, ce reniement d'attaches culturelles
ancestrales au profit de la croyance en un progrés libèrateur.
Un traumatisme dont on mesure, à présent, les conséquences
désastreuses sur la qualité de la transmission patrimoniale
(perte de la langue locale, disparition de traditions etc...)
Cependant, aujourd'hui, cette tabula rasa de l'affect et des particularismes
locaux se révèle inutile et même déstabilisante.
Avec l'effondrement des grandes idéologies dominantes et la crise
socio-économique qui persiste c'est, finalement, le doute qui s'installe.
La société "moderne" cherche ses repères.
Au consommateur veut succéder le citoyen. Des cultures identitaires
s'affirment et se reconstruisent après des années d'oublis,
de honte et de mépris, comme pour pallier un "orphelinat du
sens" croissant remarque F.JAUREGUIBERRY.
Les jeunes en sont pas en marge de cette quête du sens en Pays Basque.
Ils semblent néanmoins de plus en plus nombreux à puiser dans
l'interprétation de l'héritage patrimoniale basque (langue
basque, danses, symboles...) les éléments subjectifs redonnant
un sens à leurs conduites. La culture basque devient pourvoyeuse
de sens.
Cette promotion, soudaine, de la culture locale, sur fond de crise du sens
et des repères sociaux, témoigne bien d'un renversement de
l'attitude de la jeunesse à l'égard du patrimoine culturel
en Pays Basque. Au quasi-reniement identitaire succède, à
présent, une sorte d'engouement patrimonial.
Ce réinvestissement culturel basque s'opère de manières
variées et en constitue pas un mouvement très homogène.
Il revêt des formes multiples, oscillant entre manipulations de symboles
identitaires (drapeau basque, croix basque...) et reconquêtes plus
approfondies de traits emblématiques de la basquitude (apprentissage
du basque, de danses traditionnelles...).
Ce polymorphisme de la réappropriation patrimoniale est lié
à la multiplicité des logiques d'actions qui la sous-tendent
et qui traversent la jeunesse dans son ensemble (logiques utilitaristes,
reproductrices, contestataires et subjectives). Un jeu de logiques, soumis
à une tension permanente entre instrumentalité et affectivité,
qui, tout en engendrant des conflits au sein de la jeunesse, participe aussi,
et surtout, à la construction d'un espace social structuré
par une conscience culturelle commune.
En fait, le réinvestissement du champs culturel basque par les jeunes
marque souvent le désir d'acteurs de se réapproprier un ensemble
de repères communautaires qui sont autant de gages d'un "bien
vivre social" auquel beaucoup aspirent, dans une société
hyper-instrumentalisée, frappée par le dépérissement
du lien social.
Cet "élan communautarie" en signifie pas forcément,
pour autant, l'inscription figée de l'individu dans un tissu de relations
sociales, ni un retour au communautarisme, à une aliénation
à des particularismes, que l'idée de modernité combat
depuis ses origines.
En effet, la promotion de cet espace social, animé par une identité
culturelle, constitue aussi un repère relationnel et affectif sur
lequel un certain nombre de jeunes se fondent pour entreprendre des actions
diversifiées qui, dans le respect de valeurs universelles, contribuent
au développement socio-économique et culturel du Pays Basque.
Une mobilisation positive d'une conscience culturelle qui en peut être
rendue possible que si le jeune se situe en tant que sujet de son existence,
libéré de toute aliénation au communautairsme, mais
conscient de son héritage identitaire et acquis aux principes universels
de la raison et de la démocratie.
Mémoire de Maîtrise d'Aménagement et de développement
territorial consultable à l'Université de Pau (I.U.P Aménagement),
à l'Institut culturel basque ou au centre de documentation d'Eusko
Ikaskuntza.
(T.E.R
présenté par Jacques Larre sous la direction de Francis Jaureguiberry) |